La femme de l’aviateur - Éric Rohmer - critique

Critique : Éric Rohmer, après ses six "Contes moraux" suivis de quelques œuvres singulières, entamait avec ce film une nouvelle série intitulée "Comédies et proverbes" qui comportera aussi six chapitres. Chaque segment est également assorti d’un aphorisme plus ou moins véridique historiquement. Pour celui-ci, ce sera : "On ne saurait penser à rien". Il poursuit en quelque sorte un esprit de contes, que l’on peut aussi qualifier de moraux, mais qui ici ne s’intéresseront qu’à des aventures entre jeunes gens, tout au moins pour les rôles principaux.

Paris : François (Philippe Marlaud), salarié de nuit à la Poste, de nature plutôt effacée, est amoureux de la dynamique Anne (Marie Rivière), qui le bouscule un peu. Il se démène pour trouver dans ses relations quelqu’un qui a des compétences en plomberie pour venir réparer la tuyauterie de la salle de bains d’Anne. L’ayant trouvé, en sortant du travail au petit jour, au lieu téléphoner pour l’en prévenir, il se rend au domicile de la jeune femme pour l’apercevoir au coin de la rue, sortant de son immeuble accompagnée d’un autre homme.
Dépité, surtout plus tard, après avoir été éconduit par Anne de très mauvaise humeur, il va arpenter le parc des Buttes-Chaumont où il va rencontrer Lucie (Anne-Laure Meury), une adolescente espiègle qui n’a pas la langue dans sa poche.

Privilégiant les chassés-croisés amoureux dans une sorte de marivaudage mélancolique, le récit suit le parcours de très jeunes gens, qui parlent beaucoup, et agissent encore moins : la petite musique rohmérienne est bien en place pour cette nouvelle variation des désillusions du cœur.

Hormis Mathieu Carrière, acteur confirmé, le cinéaste nous offre une pléiade de jeunes inconnu(e)s ou presque dans laquelle se distingue en versatile Anne Marie Rivière, qui n’est pas la femme de l’aviateur, mais celle de toutes les attentions.