Le 16 mai 2025
Si le film rappelle avec grâce et profondeur à la fois les ravages du sida dans les années 80, certaines longueurs tendent à alourdir l’intention. Dans tous les cas, un joli premier film d’un jeune réalisateur chilien à suivre, Diego Céspedes.


- Réalisateur : Diego Céspedes
- Acteurs : Tamara Cortes, Matías Catalán, Paula Dinamarca, Claudia Cabezas
- Genre : Drame, LGBTQIA+
- Nationalité : Français, Allemand, Belge, Chilien
- Distributeur : Arizona Distribution
- Durée : 1h44mn
- Titre original : The Mysterious Gaze of The Flamingo
- Date de sortie : 7 janvier 2026
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, Un Certain Regard
– Cannes 2025 : Prix Un Certain Regard
Résumé : Début des années 1980, dans le désert chilien. Lidia, onze ans, grandit au sein d’une famille queer flamboyante et aimante, qui a trouvé refuge dans un cabaret, aux abords d’une ville minière rude et poussiéreuse. Quand une mystérieuse maladie mortelle commence à se propager – une rumeur affirme qu’elle se transmet par un simple regard, lorsqu’un homme tombe amoureux d’un autre – la communauté devient rapidement la cible des peurs et fantasmes collectifs. Dans ce western moderne, Lidia se lance dans une quête de vengeance dans un monde rongé par la haine et l’intolérance. Sa famille devient son unique refuge, et l’amour, peut-être, le plus grand des dangers.
- © Festival de Cannes 2025
Critique : Elles forment une communauté queer dans les années 80 dans un désert caillouteux au Nord du Chili. Les personnes atteintes de ce qui se faisait appeler à l’époque la peste des homosexuels se comptent tous les jours, avec leur lot de morts et de souffrances physiques et psychiques. Mais elles tentent de conjurer le destin en organisant des concours de Miss Alaska, ou en trimballant leur grâce et leur espièglerie au milieu des rares cabanes qui composent le paysage, où les hommes refusent d’un demi-œil de les regarder. La discrimination et le rejet sont massifs et pourtant, elles semblent composer un petit monde joyeux qui refuse le sort funeste qu’il leur est réservé.
- © 2025 Weydemann Bros. / Les Valseurs / Quijote Films. Tous droits réservés.
Le titre est donné par un personnage principal qui meurt assez vite dans la première moitié du film. Cette mère de famille éduque sa fille qu’elle tente de protéger des tourments du quotidien liés à son genre. Mais la jeune fille est amoureuse et n’a pas l’intention de se laisser abattre par les moqueries des garçons du coin. Il faut admettre que pour un premier film, le scénario ne manque ni de rythme, ni d’inventivité, au service d’interprètes tout en couleurs, qui affirment haut et fort le droit à une sexualité différente. De très loin, les collines désertiques font penser à Bagdad Café, le film sublime de Percy Adlon, dans les couleurs et la musicalité qu’il dégage. Il y a beaucoup d’amour mais aussi de multiples désillusions quand la maladie passe par là et qu’elle défigure les corps et les esprits.
Le Mystérieux regard du flamant rose concourt dans une liste exigeante et longue de la sélection Un Certain Regard. Si la concurrence est rude entre les longs-métrages, celui-ci se démarque par l’originalité, la fraîcheur, le propos et le talent de son jeune réalisateur. Le défaut principal demeure la longueur qui perd le spectateur dans des méandres psychologiques parfois à la limite de la prétention et de l’orgueil. Mais la mise en scène est maîtrisée, grâce à la palette des acteurs, pour certains de véritables travestis dans la vraie vie, habitués aux paillettes et aux spectacles de transsexualisme. Chacune en rajoute dans la féminité, les clichés, les outrances verbales et physiques mais sans jamais tomber dans la provocation gratuite.
Finalement, le sida est abordé de façon assez décalée. Le choix de la réalisation ne fait pas de cette maladie un psychodrame central où l’on verrait les corps se déliter peu à peu en l’absence de traitement. On reconnaît toutefois dans les visages émincés, affaiblis, et les tâches noires épaisses qui balayent les corps, les ravages d’une infection, qui rappelons-le, tue encore aujourd’hui en dépit de l’avancée des soins et des médicaments. Le Mystérieux regard du flamant rose n’est peut-être pas le meilleur crû de la sélection cannoise mais a le mérite de propulser notre regard dans les territoires isolés du Chili, rarement aussi bien mis en valeur au cinéma.
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