Le 7 juin 2025
Le premier long métrage de Bo Widerberg déploie admirablement son style, associé à celui des nouvelles vagues européennes ; et son univers mêlant intimisme et vision sociale.


- Réalisateur : Bo Widerberg
- Acteurs : Lars Passgård, Thommy Berggren, Inger Taube
- Genre : Drame, Noir et blanc
- Nationalité : Suédois
- Distributeur : Malavida Films
- Durée : 1h35mn
- Reprise: 11 juin 2025
- Titre original : Barnvagnen
- Date de sortie : 27 mai 1964
- Festival : Festival de Cannes 1963

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– Reprise en version restaurée : 11 juin 2025
Résumé : Suède, années 1950. Britt Larsson, jeune ouvrière en usine, fait la connaissance de Björn, d’origine bourgeoise, cultivé mais compliqué, qui disparaît aussitôt. Elle rencontre ensuite Robban, jeune guitariste et chanteur, canaille mais touchant, dont elle tombe enceinte. Elle décide de garder l’enfant. Mais leur "couple" ne tient pas le choc, elle emménage seule mais Björn réapparaît par le plus grand des hasards…
Critique : Présenté à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 1963, Le péché suédois est le premier long métrage de Bo Widerberg. Après une enfance modeste passée à Malmö, Widerberg s’était lancé dans la littérature et le journalisme, avant de se consacrer au septième art. Le péché suédois s’écarte de l’univers d’Ingmar Bergman, qui exerça une hégémonie écrasante sur le cinéma suédois, tout en s’affirmant dans la mouvance du style de la Nouvelle Vague. D’une part, en effet, Bo Widerberg refuse le mysticisme et les personnages bourgeois bergmaniens, préférant se focaliser sur des gens du peuple ou, à la rigueur, de la classe moyenne. D’autre part, le ton du long métrage évoque les œuvres de Godard, Truffaut ou Demy. Ce qui différencie toutefois Bo Widerberg, c’est sa volonté, à l’instar des auteurs du Free Cinema anglais, de distiller une critique sociale qui n’apparaissait pas dans les films d’auteur français.
- © Malavida
On s’attache ainsi à Britt (Inger Taube), sorte de cousine scandinave d’une Bernadette Lafont ou d’une Anna Karina. Jeune ouvrière guère passionnée par son métier, elle vit en harmonie avec ses braves parents et son petit frère, mais trompe son ennui latent en acceptant facilement la rencontre de jeunes hommes. Elle va se retrouver partagée entre Björn, un jeune intellectuel bienveillant, mais aux penchants alcooliques ; et Robban, chanteur fanfaron et amusant mais guère paré pour des projets stables. Les excellents Thommy Berggren et Lars Passgård incarnent ces figures masculines plus ambigües qu’elles n’en ont l’air. Quand une grossesse se déclare, Britt devra faire des choix… Sans être un Jules et Jim suédois, le film exerce un réel attrait dans la valse des sentiments qu’il décrit, tout en se montrant d’un féminisme précurseur, la jeune femme étant amenée à s’affranchir progressivement des contraintes sociales.
- © Malavida
On songe aussi à À bout de souffle, par la musique jazzy de Jan Johansson, l’escapade en voiture, les allées et venues dans l’appartement, ou les séquences caméra cachée dans les rues… Mais Le péché suédois a ses propres caractéristiques, et plusieurs séquences marquent les esprits, d’un lustre familial servant de fétiche, aux échanges sincères avec la mère, en passant par l’activité de baby sitter improvisée par Britt et Björn, après les pleurs d’une petite voisine. Les grands axes de la filmographie de Widerberg sont déjà présents, avec ce mélange de romanesque et d’allusions sociopolitiques, qui culminera avec des œuvres comme Ådalen ’31 et Joe Hill. Notons aussi que le film doit beaucoup au noir et blanc sublime de Jan Troell, qui deviendra lui-même grand cinéaste (Les émigrants). Le péché suédois sortit en France en 1964 avant d’être très peu montré, tant sur les grands écrans qu’à la télévision. La rétrospective Bo Widerberg proposée par le distributeur Malavida est l’occasion de le (re) découvrir, de même que la plupart des autres films d’un cinéaste qu’il est urgent de réévaluer.
- © Malavida
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