Le 16 septembre 2025
La réalisatrice trouve un bon équilibre entre fluidité narrative et liberté filmique. Une chronique familiale très attachante.
- Réalisateur : Tsou Shih-ching
- Acteurs : Janel Tsai, Huang Teng-hui, Blaire Chang, Akio Chen
- Genre : Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille, Chronique familiale
- Nationalité : Américain, Britannique, Français, Taïwanais
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 1h48mn
- Date de sortie : 17 septembre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Une mère célibataire et ses deux filles arrivent à Taipei pour ouvrir une petite cantine au cœur d’un marché nocturne de la capitale taiwanaise. Chacune d’entre elles doit trouver un moyen de s’adapter à cette nouvelle vie et réussir à maintenir l’unité familiale.
Critique : Prix de la Fondation Gan à la Diffusion décerné à l’occasion de la présentation du film à la Semaine de la Critique 2025, Left-Handed Girl est le premier long métrage en solo de Tsou Shih-ching. Mais la réalisatrice est connue pour sa collaboration avec Sean Baker. Ensemble, ils avaient réalisé Take Out (2004), que l’on avait pu découvrir dans la rétrospective 4 films inédits de Sean Baker – Les oubliés de l’Amérique. Ce presque « documenteur », tourné dans un fast food chinois, relatait les mésaventures d’un immigré clandestin à New York. Elle avait par la suite coproduit Anora, la Palme d’or cannoise de Sean Baker, tandis que le cinéaste est lui-même coproducteur, mais aussi coscénariste et monteur de Left-Handed Girl. Dire qu’il y a eu une similitude entre les univers des deux cinéastes est une évidence. C’est le cas de leur thématique (des parcours de personnes en situation de précarité) et d’un style privilégiant (en tout cas pour les premiers Sean Baker) un cinéma-vérité refusant cependant tout naturalisme.

- © 2025 Le Pacte. Tous droits réservés.
De double nationalité américaine et taïwanaise, Tsou Shi-ching s’est particulièrement inspirée de ses souvenirs d’enfance pour élaborer la trame de Left-Hand Girl dont le projet d’écriture est antérieur à Take Out, mais qui n’avait pu être finalisé pour des raisons financières. Shu-Fen est une mère célibataire quadragénaire qui est revenue s’installer dans la capitale taïwanaise avec ses deux filles. L’aînée, I-Ann, est une jeune adulte employée dans un commerce géré par un manager assez louche, tandis que la cadette, I-Jlng, est une fillette espiègle. Peu d’informations sont données sur le passé de Shu-Fen, qui tient un stand de restauration au marché nocturne de la ville. On sait juste que son ex-compagnon, père de I-Ann, est mourant et c’est elle qui le prend en charge financièrement, au grand dam de I-Ann. Le fil narratif est ténu mais fluide, tournant autour du vague « MacGuffin » de la main de I-Jlng. Gauchère, la petite fille est réprimandée par son grand-père maternel, qui rappelle sur un ton sentencieux que la main du Diable ne saurait être utilisée, comme le proclame une ancienne légende. L’on suit avec plaisir cette chronique familiale à l’humour parfois pince sans-rire, cernant les contradictions entre traditions et modernité, et qui culmine dans une séquence d’anniversaire réjouissante qui restera dans les mémoires, quelque part entre Secrets et mensonges et Festen.

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La mise en scène, dénotant une vraie liberté d’action sans tomber dans l’amateurisme, est l’autre atout de ce métrage qui privilégie, en grande partie, les décors naturels de la ville. Et la réalisatrice de préciser à ce propos dans le dossier de presse : « Ce film est essentiellement né de notre envie d’en faire un qui se déroule dans le marché nocturne de Taïwan. Ça a été l’impulsion. Nous y avons donc adapté nos idées, en faisant de cette famille des marchands qui y ont un stand. Et surtout nous savions que l’énergie, la vie qui se dégage de cet endroit le rendait particulièrement cinégénique : il y a son animation permanente, ses lumières, la nourriture en train d’être cuisinée. Et plus encore toutes ses couleurs. Nous savions que tout cela, mais aussi le rendu de cette vie nocturne de fourmilière serait excitant payant à l’image. » Le résultat est saisissant et nous n’hésitons pas à affirmer que Left-Handed Girl est même supérieur à Anora, Palme d’or surévaluée. N’hésitez donc pas à vous plonger dans cette chronique familiale délicate et révélatrice d’une authentique inspiration créatrice.
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