Le 2 mai 2025
Si l’ombre de Tennessee Williams semble rôder dans ce drame amoureux à cinq voix, Les indomptés faillit hélas à la facilité du roman carte postale consensuel. Un film dans la pure tradition de Hollywood, moins prometteur que décevant.


- Réalisateur : Daniel Minahan
- Acteurs : Will Poulter, Jacob Elordi, Diego Calva, Daisy Edgar-Jones, Sasha Calle , Don Swayze, Andrew Keenan-Bolger
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h59mn
- Titre original : On Swift Horses
- Date de sortie : 30 avril 2025

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Résumé : Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie lorsque qu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme. Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…
Critique : Muriel résiste à accepter la demande en mariage de Lee, jusqu’au moment où elle fait la connaissance du frère de ce dernier, Julius, et que par facilité ou dépit, elle cède aux sirènes de la vie de couple normative. C’est tout le contraire du jeune frère, un homme fougueux, ailé presque, qui ne parvient pas à se défaire de ses addictions aux jeux, là où Lee aspire à la tranquillité, la sécurité matérielle et la sérénité. Muriel, elle, tourbillonne entre ces deux hommes, hantée par une tristesse chronique, jusqu’au moment où elle se laisse aller à son tour à ses désirs enfouis.
Les indomptés joue la carte de la diversité sexuelle et amoureuse, dans un chassé-croisé où chacun tente d’aller à la rencontre de ses désirs profonds. Le sujet est donc délibérément anticonformiste, avec un récit hautement sensuel qui résonne à la manière d’un roman ou d’une pièce de théâtre de Tennessee Williams ou Charles Bukowski. Mais la comparaison s’arrête là. En effet, si drame il y a, le propos demeure jusqu’au bout très propre, voire glacé, à l’inverse même des thématiques que le film souhaite dresser. Il y avait pourtant de l’idée dans ces cinq portraits, trois hommes et deux femmes, aux abords de l’occupation américaine de la Corée du Sud dans les années 1950, où les États-Unis s’ouvraient peu à peu à des langages nouveaux et un rapport à la norme totalement réinventé.
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Les indomptés est donc un film tout droit sorti de la tradition hollywoodienne. C’est une œuvre somme toute très classique qui n’ose pas dépasser les lignes conventionnelles. On a à faire à un récit amoureux finalement très conforme, où le romantisme prédomine sur ce qui pourrait ouvrir la voie à une matière cinématographique alternative. Même les relations sexuelles entre les protagonistes sont très propres, pour ne pas dire bâclées. On perçoit chez le réalisateur la volonté de s’emparer d’un sujet provocateur, mais dont le traitement ne dépasse guère les traits de la gentille fiction amoureuse. Le sujet, la mise en scène, le jeu des acteurs ne sont pas inintéressants, mais tout cela demeure trop linéaire pour capter l’attention du spectateur.
Le film ne répond donc pas aux promesses de la bande-annonce. Cela demeure finalement un récit un peu surfait, dans une mise en scène très académique. Daniel Minahan s’est surtout démarqué pour la réalisation de séries à succès, et on se demande jusqu’où il parvient à se démarquer des contraintes normatives de ce genre de productions. Le film ne pousse pas le bouchon jusqu’à proposer un happy end, pour autant, le spectateur n’a de cesse de se demander pourquoi le récit ne décolle pas pendant plus de deux heures. L’esprit trop consensuel de l’œuvre déçoit forcément, là où la réalisation aurait pu se permettre beaucoup plus de démesure et d’excès. La douce tranquillité des personnages détonne face aux dilemmes psychologiques et amoureux qui les emprisonnent, en dépit de la volonté évidente de Daniel Minahan de déranger les codes.
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