Le 2 décembre 2025
Un portrait attachant pour un film à la narration limpide, qui confirme les espoirs placés en sa réalisatrice et le grand talent de Vicky Krieps, remarquable en mère blessée.
- Réalisateur : Anna Cazenave Cambet
- Acteurs : Aurélia Petit, Monia Chokri, Féodor Atkine, Manuel Vallade, Vicky Krieps, Antoine Reinartz, Baptiste Carrion-Weiss, Tallulah Cassavetti, Salif Cissé, Park Ji-min, Julien de Saint Jean, Malou Khebizi
- Genre : Drame, LGBTQIA+, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Tandem
- Durée : 2h13mn
- Date de sortie : 10 décembre 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Une fin d’été, Clémence annonce à son ex-mari qu’elle a des histoires d’amour avec des femmes. Sa vie bascule lorsqu’il lui retire la garde de son fils. Clémence va devoir lutter pour rester mère, femme, libre.
Critique C’est le second long métrage d’Anne Cazenave Cambet, formée à la Femis, et qui avait été révélée à la Semaine de la Critique 2021 avec De l’or pour les chiens, touchant portrait d’une jeune fille dont on suivait le cheminement intérieur. À l’instar d’un Jérôme Bonnell avec La condition (mais avec un résultat final plus convaincant), la réalisatrice a eu un véritable coup de cœur pour un ouvrage littéraire (ici un roman au titre éponyme de Constance Debré) qu’elle a souhaité adapter au grand écran. En dépit de quelques changements à la marge, le film se veut une transcription fidèle au récit et à l’esprit du livre. On suit donc les déboires de Clémence (Vicky Krieps), une avocate n’exerçant plus, écrivaine à ses heures et séparée de Laurent (Antoine Reinartz), son compagnon. Quand elle annonce à son ex qu’elle est attirée par les femmes et souhaite vivre son orientation sexuelle en toute liberté, Laurent entame une procédure pour la déchoir de son autorité parentale et lui ôter garde de leur petit garçon. Le film est touchant dans sa description des déboires d’une mère partagée entre son libre arbitre et la nécessité de respecter les conventions sociales, et prise au piège d’un dilemme cruel, et ce face à l’homophobie ambiante qui règne encore dans la société et par l’interprétation de certaines règles juridiques. Ni cérébral, ni lacrymal, le scénario adapté signé par la cinéaste parvient à cerner le malaise d’une (anti)héroïne qui ne pourra que susciter l’empathie.

- © 2025 Tandem. Tous droits réservés.
La mise en scène, fluide et élégante, mais sans fioritures, est au service d’un récit marqué par l’étirement du temps, et qui alterne ellipses et longs passages introspectifs, nourris par la voix off qui cite des passages du roman. Et le travail visuel est admirable. La réalisatrice précise à ce sujet dans le dossier de presse : « On a été très précis en amont sur l’atmosphère lumineuse, d’autant plus que nous n’avons pas tourné de façon chronologique. Avec la scripte, Margot Seban, on datait au jour près tout le film, afin d’être raccords avec la voix off, les diverses périodes, Noël, le passage des saisons, etc. Avec mon chef opérateur, Kristy Baboul, nous avons beaucoup utilisé de longues voire de très longues focales pour filmer Clémence, ce qui permettait de donner une sensation qu’elle se trouve écrasée par la ville, avec peu de perspective. C’était un jeu pour nous de filmer Paris, nous voulions transformer ça en atout et non pas en contrainte. »

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L’on pourra toutefois avoir quelques réserves sur le dispositif. En premier lieu, le film n’échappe à une dimension explicative d’un certain cinéma à thèse, misant sur le surlignage des intentions davantage que la suggestion. Et ce avec une précision documentaire qui évoque le travail (honorable mais scolaire) d’une Jeanne Herry dans Je verrai toujours vos visages. Dans un même registre, on peut lui préférer le trop oublié Un week-end sur deux, premier long métrage en tant que réalisatrice de Nicole Garcia, qui scrutait avec acuité, misant sur les non-dits, les errances d’une fausse « mauvaise mère » (Nathalie Baye). En second lieu, le long métrage comporte des longueurs pas toujours justifiées, la redondance des situations (les entretiens avec l’enfant, les étreintes amoureuses avec différentes partenaires) nuisant parfois à la narration. Mais nous ne pouvons que louer le jeu de Vicky Krieps qui confirme, après ses prestations dans Serre-moi fort ou Plus que jamais, qu’elle est l’une des meilleures actrices européennes. Elle domine aisément un casting inégal. Rien que pour elle, ce film tout de même sincère et doté, comme nous l’avons précisé, de réelles qualités, mérite le détour. Love Me Tender, sélectionné dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes, a été distribué par Tandem.
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