Le 4 août 2025
Un film de Pagnol sans doute mineur mais qui confirme son sens aigu de la mise en scène cinématographie et son humanisme légendaire.
- Réalisateur : Marcel Pagnol
- Acteurs : Henri Poupon, Rellys, André Pollack, Annie Toinon, Thommeray, Jean Castan
- Genre : Comédie dramatique, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Carlotta Films, Les Films Marcel Pagnol
- Durée : 1h08mn
- Reprise: 30 juillet 2025
- Date de sortie : 6 décembre 1935
- Festival : Festival de Cannes 2025
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– Reprise en version restaurée : 30 juillet 2025
Résumé : À Marseille, l’internat du lycée Thiers se vide à l’approche de Noël. Seule une poignée d’élèves d’horizons divers s’apprête à y passer les fêtes, sous la surveillance stricte de Blanchard, un pion borgne et détesté que tous surnomment « Merlusse ».
Critique : Premier scénario original de Pagnol pour le cinéma, Merlusse, longtemps invisible et considéré comme mineur dans les histoires du septième art, est de retour sur les écrans. Le distributeur Carlotta le propose en effet à l’été 2025 dans le cadre de la seconde partie de la rétrospective Marcel Pagnol au cinéma. Une belle restauration en 4K, menée par la Cinémathèque française en collaboration avec le CNC et Nicolas Pagnol, fils du cinéaste, et présentée en avant-première à Cannes Classics, a redonné du lustre à cette rareté qui n’est cependant pas le meilleur film de son auteur, comparativement à Regain, La femme du boulanger ou La fille du puisatier. Merlusse est pourtant doté de qualités réelles. Le récit, minimaliste, est réellement attachant. Monsieur Blanchard est un surveillant sévère et antipathique, à la fois craint et méprisé par les élèves du lycée Thiers de Marseille (où le film a été tourné). La direction le charge d’être de permanence pour surveiller les jeunes qui n’auront pas la possibilité de rentrer chez eux le jour de Noël. Une malédiction pour le pion, et une double peine pour ces élèves, contraints de rester dans l’établissement au lieu d’être en famille, tout en supportant celui qu’ils surnomment « Merlusse ». Mais les apparences sont parfois trompeuses…

- © 2025 Carlotta Films. Tous droits réservés.
Le canevas aurait inspiré Alexander Payne pour l’histoire de Winter Break, qui relatait la cohabitation forcée entre un enseignant aigri et un cancre rebelle pendant les vacances de Noël. Pagnol, qui a lui-même été instituteur, déploie un discours précurseur sur la bienveillance éducative, en conformité avec l’humanisme qui a marqué son œuvre, de la trilogie marseillaise au diptyque Manon des Sources. Les dialogues, moins abondants que dans ses autres films, alternent avec des passages privilégiant des non-dits, avec un sens du cadrage inédit qui vaut bien les expérimentations d’un René Clair au début du parlant. Et le réalisateur parvient à insuffler un véritable rythme cinématographique, malgré les défauts indépendants de sa volonté qui persistaient encore dans sur le plan technique, tant au niveau du maniement des caméras que de l’enregistrement sonore (insatisfait du matériel de Western Electric, Pagnol innova en utilisant du matériel de Philips). Hymne à la jeunesse et à la convivialité, Merlusse a par instants la force du Zéro de conduite de Vigo, tourné deux ans plus tôt, et annonce la liberté de ton du Truffaut des 400 coups.

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Mais plusieurs éléments viennent tempérer la satisfaction du spectateur contemporain. En premier lieu, la durée relativement courte du film le dessert, là où l’on aurait aimé des développements plus importants sur le personnage de Merlusse, dont le comportement fait écho à celui du professeur Rath (Emil Jannings) dans L’ange bleu de Sternberg. En second lieu, la musique de Vincent Scotto a un brin vieilli, là ou celle d’un Maurice Jaubert aurait donné une dimension plus poétique. Enfin, il manque un Raimu ou un Fernandel pour transcender le casting, même si Henri Poupon (par ailleurs excellent patriarche dans Angèle et Naïs) est tout à fait honorable dans le rôle-titre. Le problème vient de la plupart des seconds rôles, soit théâtreux et à la voix nasillarde, soit inexpérimentés et manquant de consistance. En dépit de ces réserves, il faut voir Merlusse comme une curiosité comportant plusieurs séquences réjouissantes.
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