Le 23 novembre 2025
Un joli conte à la Rohmer, certes bavard et non sans défaut, mais absolument attachant.
- Réalisateur : Jaime Rosales
- Acteurs : Alex Brendemühl, Mélanie Thierry, Aminthe Audiard , Samuel Kircher, Alexis Keruzore
- Genre : Drame, Teen movie
- Nationalité : Espagnol, Français
- Distributeur : Condor Distribution
- Durée : 2h04mn
- Date de sortie : 15 avril 2026
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Résumé : Jeune lycéenne marquée par le récent décès de sa mère, Gwen passe son temps avec sa bande d’amis, dont son amoureux Thomas, apprenti boulanger. Lorsque Jean-Luc, étudiant parisien aux allures d’artiste, emménage dans le coin, Gwen ne cache pas son trouble, comme si un choix de vie décisif s’offrait à elle. Un jour, elle découvre au cinéma un film qui semble inexplicablement s’inspirer de sa propre vie. Y trouvera-t-elle les réponses qu’elle cherche ?
Critique : D’abord, il y a les images fixes de la célèbre ville bretonne, plantée entre la mer et la terre, avec son immense viaduc qui surplombe le port, images qui alternent avec celles de Paris. Jaime Rosales s’attaque donc à un conte sentimental, avec ses yeux espagnols, sur cette ville du Finistère où il donne la voix à des adolescents, en terminale, aux prémices de la vie. Mais Morlaix ne semble pas qu’un lieu de marivaudage, c’est aussi un espace de cinéma où un film s’invente au même rythme que le récit qu’il raconte.
Morlaix est donc un film dans le film, un récit amoureux à plusieurs tiroirs, où ces adolescents, qui ne parlent d’ailleurs pas comme des jeunes d’aujourd’hui, tissent des amourettes. Quand ils ne philosophent pas sur la vie, le temps qui passe, le sens des choses, ils errent au milieu des paysage magnifiques de la Bretagne et s’adonnent à leurs amours dans des forêts ou des villages silencieux. Ils ne peuvent pas parler comme aujourd’hui, car en réalité, ils sont les souvenirs d’une histoire qui s’est passée vingt années plus tôt et qu’une héroïne moderne, préparatrice en pharmacie, revisite à l’occasion des retrouvailles avec un ami d’enfance. Morlaix a tout du film bobo par excellence, que le cinéaste propose après Les tournesols sauvages, œuvre plus intemporelle et très dense. La dimension intimiste, lettrée, préfigure à une fiction au rythme très étiré, qui joue avec les formats de l’écran, le noir et le blanc et la couleur.
Évidemment, Rohmer n’est pas loin dans cette comédie dramatique. On pense à ses fameux Conte d’été, Le genou de Claire ou Pauline à la plage, tant la succession des dialogues rappelle l’inimitable empreinte de la Nouvelle Vague. Hélas, les jeunes comédiens parfois dérapent dans les propos, et la mise en scène un peu hasardeuse ne corrige pas toujours les défauts. Même l’image ne semble pas toujours très soignée, le cinéaste privilégiant une approche très naturelle, directe, qui laisse la place à l’inexactitude. Les thèmes des amours contrariées, de la jalousie, de la maternité ou de la mort se retrouvent dans ce conte très délicat, dont la dernière partie démontre la grande capacité du réalisateur à raconter des histoires. Jaime Rosales balade son spectateur avec un goût certain pour le marivaudage, la littérature. Il semble lui-même tombé amoureux de la ville de Morlaix où même la salle des spectacles et le cinéma deviennent mythiques.
Morlaix est un film destiné à ceux et celles qui aiment la Bretagne avec ses brumes pluvieuses, ses maisons en granit, ses côtes escarpées. Le long-métrage prend le temps de décrire ces amours adolescentes, auxquelles Mélanie Laurent, dans la dernière partie du film, apporte une grâce supplémentaire. On s’y ennuie avec plaisir, tant les deux heures s’étirent, mais à aucun moment le mauvais goût ne survient. Voilà donc une œuvre étonnante, originale, qui ravira les amoureux des bons mots.
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