Quartet - James Ivory - critique

Critique : James Ivory adapte, avec sa fidèle scénariste Ruth Prawer Jhabvala, le roman, pour partie autobiographique, de l’écrivaine britannique Jean Rhys, Posture, datant de 1928.
Dans le Montparnasse cosmopolite des Années folles, une jeune femme fragilisée va être la victime d’un couple d’Anglais, les Heidler, sorte de mécènes faussement aimables, mais vraiment toxiques. Dans une ambiance surannée, passant de cabarets en intérieurs chics, on va suivre l’évolution perverse de l’emprise que les Heidler vont avoir sur Marya. Celle-ci, seule et désargentée, devient leur jouet, modèle et dame de compagnie pour l’épouse pendant que le mari, quoi qu’il s’en défende, cherche à en faire sa maîtresse. Consciente de l’infériorité de sa classe, la jeune femme n’aura pas d’autre choix que de se soumettre aux jeux pervers du couple.

Au-delà de la facture très classique, la qualité du scénario et l’élégance de la mise en scène font la part belle aux quatre acteurs principaux : Anthony Higgins, dont le personnage est un peu en retrait, surprend par sa pirouette finale. Le couple formé par Alan Bates et Maggie Smith est tout à fait réussi. Lui, se faisant presque passer pour une victime et elle, trahie par son regard sous ses airs détachés.
Isabelle Adjani, avec sa mine d’ingénue, incarne une femme qui semble quand même tout à fait consciente de ce que l’on attend d’elle. Pour ce rôle, et pour celui qu’elle tient dans Possession d’Andrzej Zulawski, elle obtiendra un prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1981.
La distribution franco-britannique fait aussi la part belle aux seconds rôles français avec notamment Suzanne Flon en concierge revêche, Pierre Clémenti en pornographe radin ou encore Daniel Mesguich en mauvais garçon raffiné, ainsi que la trop rare Virginie Thévenet en femme délaissée.