Le 14 juillet 2025
Des intentions louables, un scénario prometteur, de belles images et une interprétation solide de Helena Zengel ne permettent pas de compenser le sentiment d’inachevé.
- Réalisateur : Pia Marais
- Acteurs : Sabine Timoteo, Helena Zengel, Jeremy Xido, Sérgio Sartorio
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Taïwanais, Allemand, Brésilien, Suisse
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h52mn
- Date de sortie : 30 juillet 2025
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Résumé : La fille du missionnaire Lawrence Byrne, Rebecca, a été déclarée « miraculée » après avoir survécu à un accident d’avion alors qu’elle était enfant, au fin fond de la forêt amazonienne. Des années plus tard, elle est devenue une guérisseuse célèbre dans la région. Bientôt, son père rentre en conflit avec des bûcherons qui envahissent les terres appartenant au peuple indigène qu’il évangélise.
Critique : Originaire d’Afrique du Sud et de Suède, Pia Marais avait déjà réalisé trois longs métrages de fiction dont À l’âge d’Ellen, qui ne nous avait pas pleinement convaincus. Le récit de jeunes femmes tourmentées semble un leitmotiv dans les films de la réalisatrice. Dans Transamazonia, dont elle a coécrit le scénario avec Willem Drost et Martin Rosefeldt, l’existence de Rebecca n’est pas de tout repos. Rescapée d’un accident d’avion survenu dans la forêt amazonienne quand elle était enfant, elle a été éduquée par son père, un prédicateur évangéliste tentant de convertir les communautés locales. Devenue adolescente, Rebecca se voit reconnaître un pouvoir de guérisseuse. Le responsable d’une entreprise de bois, dont l’activité est installée sur les terres des autochtones, vient demander l’aide de la jeune fille lorsque son épouse tombe dans le coma. Librement inspiré du cas d’une jeune ayant survécu à un crash d’avion dans les années 1970, Transmazonia est également nourri de souvenirs autobiographiques de la réalisatrice. Le début du film, mystérieux, contemplatif et silencieux, peut laisser croire qu’on a affaire à un bel objet sensoriel, de la trempe de La forêt de Buriti.

- © 2024 Cinéma Defacto, Gaïjin, Aldabra. Tous droits réservés.
Mais le long métrage prend très vite une dimension explicative, jouant sur trois cartes de narration. En premier lieu, l’histoire explore les rapports troubles entre Rebecca et son père, qui semble cacher un secret, et dont on se demande s’il ne manipule pas sa fille. En second lieu, l’ex-rescapée aux traumatismes enfouis a de gros doutes sur son pouvoir réel de guérisseuse, qu’elle exerce pourtant avec efficacité, dans la limite de la capacité de croyance religieuse des malades. En troisième lieu, les conflits autour de la déforestation vont faire la jonction entre les deux éléments précédents. Car Pia Marais n’occulte pas la dimension politique, et a tenu d’ailleurs à impliquer aussi des acteurs non professionnels dans son projet. Elle précise ainsi dans le dossier de presse : « Pour ce faire, il était impératif de mettre l’accent sur une représentation authentique des habitants de ces terres. Nous avons donc établi des échanges avec la FUNAI (l’organisme public brésilien chargé de la protection des autochtones) et les responsables du peuple autochtone avec qui nous espérions collaborer. Nous voulions leur proposer de participer au développement du projet et notamment à la conception des personnages qu’ils incarneraient. »

- © 2024 Cinéma Defacto, Gaïjin, Aldabra. Tous droits réservés.
Le résultat n’est pas déshonorant et Transamazonia possède plusieurs qualités, à commencer par les cadrages et le travail sur la photo qui ne tombent jamais dans l’esthétisation à outrance d’un superbe décor naturel. La mini-tension (presque) policière est également appréciable, de même que le jeu de l’actrice principale, l’Allemande Helena Zengel. Cette dernière avait été révélée, enfant, dans le troublant Benni. Dans le second rôle d’une infirmière bienveillante, la comédienne suisse Sabine Timoteo est un élément de casting précieux. Quant aux intentions, elles sont plus que louables. Pourtant, si le film se laisse voir sans ennui, on peine à adhérer complètement à une histoire qui joue sur plusieurs registres (familial, religieux, territorial) sans parvenir toujours à les mener tous à bout. Et si la cinéaste cite Carrie et Marnie comme références de l’approche psychologique de son personnage central, on est loin, très loin, de ces modèles. En résumé, cette coproduction ayant impliqué la France, l’Allemagne, la Suisse, Taïwan et le Brésil est indisutablement respectable mais laisse quelque peu le spectateur sur sa faim.
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