Le 15 juillet 2025
Prenant et inquiétant, 13 jours 13 nuits éclaire de l’intérieur le chaos afghan au moment où le régime a basculé aux mains des talibans. Une œuvre remarquablement portée par Roschdy Zem et Lyna Khoudri.
- Réalisateur : Martin Bourboulon
- Acteurs : Roschdy Zem, Sidse Babett Knudsen, Grégoire Leprince-Ringuet, Nicolas Bridet, Lyna Khoudri, Christophe Montenez , Yan Tual, Jean-Claude Muaka
- Genre : Drame, Thriller, Film de guerre
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h52mn
- Date de sortie : 27 juin 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025
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Résumé : Kaboul, 15 août 2021. Alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’Afghans tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, il décide de négocier avec les talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva, une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.
Critique : On se souvient du basculement tragique de l’Afghanistan en 2021 dans le régime des talibans, après le retrait des troupes américaines ordonné par Biden et des arrivées massives de migrants sur le territoire français, en quête de protection face à un gouvernement arbitraire et sanguinaire. 13 jours 13 nuits raconte en près de deux heures cette précipitation de l’Extrême-Orient dans un univers d’une violence inouïe, où l’instrumentalisation et la réinvention de la religion musulmane servent de support à un barbarie sans limite. Le point de vue de Martin Bourboulon est celui d’un officier de police, Mohammed Bida, œuvrant à l’ambassade de France à Kaboul, devant organiser le transfert des ressortissants français vers l’aéroport, et de surcroît des réfugiés désespérés qui sont parvenus à trouver asile au sein même de l’Ambassade.
Le film tire son origine d’un ouvrage du même Mohammad Bida 13 jours, 13 nuits : dans l’enfer de Kaboul / Commandant Mohamed Bida publié aux éditions Denoël. Dans un rythme haletant, le réalisateur restitue le sauvetage in extremis de centaines de personnes, au milieu d’un chaos indescriptible où les corpuscule talibans ont installé la terreur. Il n’y a plus de loi qui tienne, les populations étant à la merci de la décision unilatérale de petits chefs qui s’arrogent arbitrairement l’application des règles. D’ailleurs, dans un pareil bazar, même Mohammad Bida détourne les décisions de l’Élysée, mû par sa seule volonté de sauver ces personnes arrachées de force à leur pays. Le policier prend le risque de protéger des femmes et des hommes qui se pressent contre les portes de l’ambassade, avec pour enjeu que des terroristes ou des agents talibans se cachent parmi eux. En d’autres termes, Martin Bourboulon raconte, dans une langue épique et rythmée, comment, dans parfois des fractions de seconde, la vie de populations innocentes peut basculer dans la mort.

- Copyright Jérôme Prébois
13 jours 13 nuits est tenu par deux acteurs impressionnants : Roschdy Zem et Lyna Khoudri. Le premier interprète ce chef de police exceptionnel qui décide de sauver une centaine de personnes, au mépris des troubles qui règnent sur Kaboul et des considérations élyséennes. La seconde joue une militante d’ONG qui, dans les circonstances, va servir d’interprète entre les force talibanes et l’ambassade de France. Tous les deux se lancent à corps perdu dans ce qui ressemble à un charnier humanitaire. La mise en scène d’ailleurs prend un soin particulier à restituer le décorum d’un théâtre de guerre avec des figurants totalement engagés dans la peau de réfugiés ou d’atroces guerriers au service de la cause talibane.

- Copyright Jérôme Prébois
Le spectateur ne remet jamais en question la vraisemblance du propos. Le rythme est haletant, sans pour autant tomber dans la facilité du film de supers-héros au service de la cause humanitaire. Plus largement, le récit témoigne de la manière dont des populations chanceuses, si l’on peut dire ainsi, parviennent à trouver la protection d’un État comme la France. Le message principal demeure, dans un contexte actuel de radicalisation politique en Europe, la défense des principes des accords de Dublin qui offrent la possibilité aux pays démocratiques d’ouvrir leurs portes aux demandeurs d’asile. On mesure alors l’impérieuse nécessité des peuples de recourir à l’immigration quand de tels chaos emportent des nations entières, et donc celle de défendre ce modèle de protection humaniste.
13 jours 13 nuits remporte un franc succès public et c’est heureux. Voilà l’occasion rêvée pour les spectateurs de se plonger dans la réalité terrible de l’Afghanistan et de continuer à militer pour un État démocratique et représentatif de toutes les religions de son peuple. Plus que jamais, cette œuvre de cinéma invite à la tolérance, au respect des identités culturelles du monde et à la lutte contre nos préjugés, si tenaces parfois, face à des populations marquées.
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