Le 2 juillet 2025
Comme à chaque film de Tony Gatlif, le récit est d’abord une invitation à la musique et à la danse. Un film charmant mais peut-être moins profond que ce que le réalisateur a l’habitude de mettre en scène.


- Réalisateur : Tony Gatlif
- Acteurs : Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Christine Citti, Suzanne Aubert, Arthur H
- Genre : Drame, Road movie, Musical, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 25 juin 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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Résumé : Ange, voyageur solitaire et ethnologue de profession, doit, pour rembourser sa dette, mettre le cap sur les bords de la Méditerranée. Alors qu’il a pris les routes au volant de son vieux van, telle n’est pas sa surprise quand il retrouve cachée dans le coffre sa fille de dix-sept ans dont il vient à peine d’apprendre l’existence.
Critique : Voilà plus de 50 ans que Tony Gatlif entraine ses spectateurs dans des films au service de la musique et de la danse, et plus précisément issues de la communauté tzigane. Ange n’échappe absolument pas à la règle, bien au contraire dans la mesure où le long-métrage déroule sous nos yeux et nos oreilles, une panoplie de musiques gitanes très hétéroclites, démontrant l’immense multiplicité culturelle des peuples voyageurs. Un petit clin d’œil attachant est fait d’ailleurs à la communauté Rom qui a ouvert un musée qui se remplit peu à peu des richesses artistiques et vestimentaires de sa culture. Souvent, Tony Gatlif a mis en scène des road-movies où le héros se mêlait sur la route à des groupes de musiciens. Il renouvelle l’effet avec Ange qui accompagne le parcours de son héros à travers les routes de France à la recherche d’un ami auquel il souhaite rendre l’argent qu’il lui a emprunté.
Il y a un vrai rythme dans cette balade musicale où le chanteur H s’abandonne avec joie aux accents si particuliers de la musique tzigane. Il est entouré de celle qui joue sa fille, Suzanne Aubert, qui, dans la continuité de Tom Medina s’adonne avec une aisance remarquable à des danses aussi effrénées que sensuelles. Ange est un film conçu pour les amateurs de danse et de musique. Au milieu du récit, par exemple, le réalisateur nous fait découvrir un couple qui chante a capella un air de fête absolument merveilleux, plongeant son film dans un état de grâce absolu.
- Copyright Princes Production
Le recours au road movie peut par certains aspects constituer une forme de facilité narrative. Le personnage principal va à la rencontre de proches qui vont le guider vers son ami, Marco. Entre chaque rencontre, le réalisateur invite un groupe de musiciens ou un chanteur qui apportent au récit un esprit solaire et aérien. Tout cela fonctionne avec une vraie fluidité, même si les protagonistes qui jonchent le parcours d’Ange ne sont pas vraiment développés. Le risque ainsi demeure de céder à une succession de vignettes, certes attachantes, mais qui rendent compte d’une certaine limite du récit.
Tony Gatlif n’évite pas le poncif de la superficialité. Mais l’interprétation et l’implication d’Arthur H retourne totalement le risque. On ressent dès les premières séquences que le chanteur s’amuse véritablement, et que cette offre de cinéma constitue pour lui une opportunité de se plonger dans la musique tsigane, portée par des interprètes absolument fascinants. Il va jusqu’à mimer des airs de musique avec ses mains, sa joie est telle que même le silence semble faire émerger des sons dansants. Il y a donc de la joie dans ce long-métrage et finalement l’anthropologue qu’Arthur H se moule traits pour traits dans les habits de la communauté gitane.
- Copyright Princes Production
Ange est une césure enchantée dans la morosité ambiante actuelle. Tony Gatlif ne prêche aucune leçon de morale sur les ravages de la discrimination. Il filme des personnes, simples, heureuses, avec leur lot de blessures comme chacun d’entre nous, tel un appel du pied au vivre-ensemble, où la musique constituerait le principal terreau. Le cinéaste a produit, écrit et réalisé son film, ce qui lui permet de saisir toutes les audaces poétiques sorties de son imagination. Certes, on pressent que le budget n’est pas mirobolant. Pour autant, il parvient à créer un petit intermède de joie et délicatesse, loin des stéréotypes qui abîment les communautés gitanes.
Ange est beaucoup moins sombre que le long-métrage précédent du réalisateur. Et c’est heureux car cette invitation à la danse et à la joie est bienvenue dans un monde perturbé par les conflits et les dégâts écologiques. Tony Gatlif fait œuvre d’optimisme. Il refuse le mélodrame pour un enchantement musical où l’humanisme semble brusquement à portée de mains.
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