Le 30 juin 2023
Après treize ans d’absence, James Cameron revient redéfinir les frontières du septième art avec La Voie de l’eau, blockbuster philosophique confrontant la civilisation Na’vi à une humanité devenue une nation désincarnée, ultra-technologique, se reniant elle-même. Ce qui s’apparentait à un melting-pot de la filmographie du maitre est en réalité une œuvre pleine de fougue sur la question du transhumanisme.
- Réalisateur : James Cameron
- Acteurs : Sigourney Weaver, Kate Winslet, Giovanni Ribisi, Zoe Saldaña, Michelle Yeoh, Sam Worthington, Stephen Lang, Cliff Curtis
- Genre : Science-fiction, Aventures, Fantastique, Action, Performance Capture
- Nationalité : Américain
- Distributeur : The Walt Disney Company France, Twentieth Century Fox France
- Durée : 3h15mn
- Date télé : 3 août 2023 20:58
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Avatar : The Way of Water
- Date de sortie : 14 décembre 2022
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Résumé : Jake Sully et Ney’tiri ont formé une famille et font tout pour rester aussi soudés que possible. Ils sont cependant contraints de quitter leur foyer et d’explorer les différentes régions encore mystérieuses de Pandora. Lorsqu’une ancienne menace refait surface, Jake va devoir mener une guerre difficile contre les humains.
Critique : Après treize ans d’absence à arpenter l’univers d’Avatar et concevoir pas moins de quatre suites autour de la planète Pandora et au delà, James Cameron revient avec un second opus qui avait pour mission de prolonger à la fois les thématiques initiées dans le premier Avatar tout en poussant les frontières de l’univers vers de nouveaux terrains inexplorés. On avait quitté Sully et Neytiri sains et saufs après un lourd carnage et la destruction de l’arbre maison par une civilisation humaine à l’agonie, dont la conquête de Pandora se faisait reflet de leur propre barbarie. La candeur du peuple Na’Vi, proche de la nature, connecté jusque dans son essence à Eywa, la divinité terrestre de Pandora, faisait contraste avec une humanité se reniant elle-même, se transformant en une nation technologique où la distinction entre l’homme et la machine devenait insoluble. James Cameron poursuit ce cheminement spirituel dans cette suite qui montre deux facettes de la notion de transcendance, l’une comme une forme de dégénérescence contre-nature, représentée par le colonel Miles Quaritch ; l’autre comme un moyen de sublimation de l’être, incarnée par le personnage de Kiri, réincarnation à peine voilée du personnage de Grace Augustine, interprété par Sigourney Weaver, décédée dans le premier volet. La notion de transhumanisme a toujours été prégnante dans la filmographie de James Cameron, son obsession première. L’univers d’Avatar lui a permis de démultiplier cette obsession à travers un réseau de personnages savamment construit. Il semble même que le cœur névralgique de ce réseau se cristallise au travers d’Eywa, cette divinité qui sauvegarde l’écosystème de Pandora et unit tous les êtres vivants les uns aux autres comme autant de neurotransmissions dans un cerveau humain. Alors que le premier opus se clôturait sur Jake Sully quittant son corps humain pour intégrer définitivement celui de son Avatar, La Voie de l’eau nous plonge dans les recoins les plus enfouis de notre subconscient.
- Copyright Walt Disney Company
Sublimée par l’expérience du HFR, véritable révolution cinématographique en devenir, passant la fréquence d’images par seconde de 24 à 60, La Voie de l’eau bénéficie d’une technologie qui épouse pleinement les mouvements des corps et des éléments naturels pour mieux nous plonger dans les eaux turquoises de Pandora. On ressent la passion de Cameron pour les milieux sous-marins ainsi que sa frustration de ne pas avoir pu l’exploiter plus tôt dans Avatar, faute d’une performance capture encore balbutiante. Aujourd’hui, l’expérience sensorielle est de fait décuplée dans cette suite montrant que le salut de l’humanité ne passera qu’au travers d’une évolution vers de nouveaux corps, de nouvelles perceptions, de nouveaux regards. Comme dit précédemment, le transhumanisme a toujours été le cœur névralgique de la filmographie de James Cameron. La Voie de L’eau poursuit admirablement la quête philosophique du cinéaste au travers du personnage de Kiri, la fille adoptive de Jake, incarnée en performance capture par Sigourney Weaver. Cameron semble utiliser l’actrice comme le fil symbolique de son univers. La confrontation finale entre Ellen Ripley, physiquement augmentée grâce à son exosquelette mécanique, et la reine Alien dans Aliens annonçait déjà les prémisses du monde d’Avatar quant à la question du transhumanisme. Le personnage de Kiri apparaît alors comme le miroir de l’avènement de cette nouvelle humanité capable de ne faire qu’un avec la faune et la flore de Pandora, à l’instar de la figure de Gaïa, atteignant un niveau de spiritualité dépassant la tangibilité. Cependant, Cameron a l’intelligence de montrer le danger d’un tel changement dès lors que l’humain se retrouve au cœur de l’équation. Le colonel Miles Quaritch, revenant d’entre les morts dans un tout nouveau corps d’Avatar, se révèle être un réel contre-pouvoir de cette fusion risquée entre l’âme immortelle et le corps périssable, et inversement. Prisonnier de sa croyance ferme en l’intégrité de l’individu, Quaritch envisage sa transcendance comme une nouvelle étape vers le chaos, un moyen de défier les dieux dans un seul et même mouvement. La séquence où il empoigne son propre crâne humain dans une jungle par la seule force de sa main dont l’os est naturellement augmentée en fibre de carbone, démontre tout l’orgueil d’une humanité reniant sa propre mortalité.
- Copyright Walt Disney Company
Avatar : La Voie de l’Eau cristallise comme jamais auparavant les obsessions d’un cinéaste, parmi l’un des plus grands auteurs de l’histoire du cinéma contemporaine, dans une quête vengeresse et fédératrice au cœur de la planète Pandora, Eldorado par excellence du futur du cinéma où tout semble possible, où les frontières technologiques ne sauraient se confronter à l’ambition folle de James Cameron et la foi inébranlable qu’il donne à sa Création. Ce second opus déjoue toutes les attentes et réussit l’exploit d’allier plusieurs couches de lectures philosophiques avec le pur divertissement grand public pour une expérience unique et inoubliable qui, une fois remis dans le contexte de la saga complète, n’en sera que plus forte. Cameron is back !
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