Christine - Pierre Gaspard-Huit - critique

Critique : Christine n’a aujourd’hui qu’une valeur documentaire, puisqu’il scella la rencontre entre deux futures grandes stars du cinéma : Alain Delon, alors jeune débutant, aperçu dans Quand la femme s’en mêle d’Yves Allégret, ainsi que dans Sois belle et tais-toi, de Marc Allégret. Le jeune acteur endosse son premier grand rôle et donne la réplique à Romy Schneider, déjà une immense vedette, grâce à la série des Sissi. De ce film, il ne reste qu’une série de situations convenues, où les acteurs ont l’air tellement engoncés dans leur rôle que l’idylle amoureuse entre le lieutenant de dragons Franz Lobheiner et la jeune Christine ne passionne absolument pas, d’autant que leurs dialogues ont l’intérêt des romans-photos ("chaque fois que je compterai les mouchoirs, je penserai à vous" décrète la jeune femme, amourachée de son militaire).
Les deux protagonistes passent leur temps à débiter des banalités, dans des décors de studios qui surlignent la dimension profondément artificielle de ce tout petit film. Réduit à jouer les ravissantes idiotes, le personnage de Romy Schneider est doublé de manière catastrophique, avec de fortes intonations dans les aigus qui finissent par le rendre horripilant. De son côté, Jean-Claude Brialy, bien loin de ses prestations dans des films de la Nouvelle Vague, est d’une platitude désespérante, même lorsqu’il s’avise de donner des conseils à son ami, qui ne sait pas comment rompre les fils d’une vieille histoire sentimentale. Bref, on bâille sans compter devant cette niaiserie en costumes que ses deux acteurs principaux ont légitimement reniées et qui s’achève en mélodrame, à cause d’un duel au pistolet. Seule Micheline Presle parvient à retenir l’attention, par une certaine densité hiératique de son personnage.
On conseillera plutôt l’adaptation de Max Ophuls, Liebelei, dont ce film est le remake.