Le 19 septembre 2023
Un récit touchant, sur un thème dans l’air du temps, qui révèle une réalisatrice inspirée et une très jeune actrice prometteuse.
- Réalisateur : Emmanuelle Nicot
- Acteurs : Marie Denarnaud, Jean-Louis Coulloc’h, Sandrine Blancke, Alexis Manenti, Zelda Samson, Fanta Guirassy, Babetida Sadjo
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Edition Vidéo
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 22 mars 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Veut le voir
– Festival de Cannes 2022 : Semaine de la Critique
– Cannes 2022 : Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation pour Zelda Samson, Prix FIPRESCI
– Sortie DVD/Blu-ray : 22 août 2023
Résumé : Dalva a douze ans mais s’habille, se maquille et se vit comme une femme. Un soir, elle est brusquement retirée du domicile paternel. D’abord révoltée et dans l’incompréhension totale, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et de Samia, une adolescente au fort caractère. Une nouvelle vie semble alors s’offrir à Dalva, celle d’une jeune fille de son âge.
Critique : Diplômée de l’IAD (Belgique), Emmanuelle Nicot a réalisé deux courts métrages, RAE et À l’arraché, ce dernier ayant remporté dix-sept prix. Elle est aussi directrice de casting, spécialisée en « castings sauvages » qu’elle applique à ses propres films. Le sujet de Dalva, son premier long métrage, est dans le prolongement d’À l’arraché, qui montrait déjà des jeunes dans un centre d’accueil. Quant au personnage de Dalva, il est inspiré de l’histoire d’une petite fille de six ans dont s’était occupé un éducateur, père d’une amie de la réalisatrice. Dans le film, Alva en a douze et ne comprend pas pourquoi les autorités ont décidé de l’éloigner de son père, dont elle sous l’emprise. Confondant amour physique et amour filial, la jeune fille vit dans le déni de l’inceste dont elle ne saisit pas la signification du terme, et se comporte en femme, par ses attributs vestimentaires et ses jeux de séduction. Le métrage, linéaire et efficace, relate l’histoire d’une obstination, suivie d’une reconstruction et d’une libération.
- Copyright Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions
Emmanuelle Nicot parvient à signer un récit attachant, et la tâche n’était pas facile, compte tenu d’un sujet dans l’air du temps qui aurait pu aboutir à un film didactique et sentencieux. Le films sur l’enfance ou l’adolescence amochées sont en outre multiples dans le cinéma français, des 400 coups de François Truffaut à La tête haute d’Emmanuelle Bercot. Et le drame de l’inceste a déjà été abordé dans plusieurs œuvres dont Les chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer. Ces références n’écrasent pas Emmanuelle Nicot qui trouve le ton juste, évite tout manichéisme et se livre à un travail formel intéressant, notamment avec la collaboration de sa directrice photo Caroline Guimbal. La réalisatrice précise ainsi dans le dossier de presse : « On était tout le temps en caméra à l’épaule pour obtenir une vibration humaine, une respiration de chaque instant. On était très proches de Dalva mais très libres aussi dans nos mouvements. Je ne voulais pas d’une mise en scène trop contraignante pour mes acteurs. Bien sûr, tout était pensé, ce n’était pas de l’impro, mais il n’y avait pas de marquages au sol ou d’éléments qui auraient cadenassé la mise en scène ou les acteurs ».
- Copyright Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions
En dépit de quelques clichés (le personnage de Samla, la copine de foyer, bien joué au demeurant par la jeune Fanta Guirassy), le film est une réussite qui doit également beaucoup à ses interprètes. Zelda Samson joue admirablement son rôle d’enfant-femme, comme avaient su le faire naguère Sue Lyon dans Lolita, Brooke Shields dans La petite, Arielle Besse dans Beau-père, ou Anamaria Vartolomei dans My Little Princess, des films se situant certes dans un autre registre. C’est le premier rôle de Zelda au cinéma et elle crève l’écran dans une composition difficile. La très jeune actrice a gagné le Prix Fondation Louis Roederer décerné à la Semaine de la Critique 2022. Une récompense amplement méritée. Alexis Manenti (César du meilleur espoir pour Les Misérables) est admirable en éducateur bienveillant mais devant poser des limites. Dans le rôle des parents, on appréciera également les trop rares Jean-Louis Coulloc’h (l’amant de Lady Chatterley) et Sandrine Blancke. En résumé, Dalva est une bonne surprise que l’on peut recommander.
Le test DVD
Image :
Le foyer auquel Dalva va devoir s’habituer est le lieu principal où se joue le film (ne pas oublier les fugues de la jeune fille cependant) : la photographie et l’éclairage en font un cocon de moins en moins hostile à ses yeux maquillés de méfiance au début.
Son :
Le tout est d’excellent acabit et dessert efficacement la tension dramatique émaillée de fulgurances de bonheur se multipliant au fil du long-métrage. Le menu du DVD est ponctué d’une petite musique intrigante, obsédante, mais finalement apaisante.
Compléments :
Les bonus sont de véritables pépites avec notamment deux courts-métrages de la réalisatrice Emmanuelle Nicot à souligner :
– À l’arraché (réalisation en 2016 - 23 minutes) ;
– RAE ( réalisation en 2012 - 19 minutes).
À cela, il convient d’ajouter un portrait d’Emmanuelle Nicot par la FONDATION GAN POUR LE CINEMA.
Galerie photos
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