Sur la table de dissection
Le 2 novembre 2023
Gus Van Sant revisite la tuerie de Littleton, dans une œuvre qui oscille entre fiction et étude anthropologique. Glaçant.
- Réalisateur : Gus Van Sant
- Acteurs : John Robinson, Alex Frost, Eric Deulen, Elias McConnell, Jordan Taylor
- Genre : Drame, Teen movie, Film culte
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Edition Vidéo, MK2 Video
- Durée : 1h21mn
- Reprise: 4 décembre 2013
- Date de sortie : 22 octobre 2003
- Festival : Festival de Cannes 2003
Résumé : Triste record : entre 1997 et 1999, huit lycées américains ont été le théâtre de tueries monstrueuses commises par des étudiants. Après Michael Moore, c’est à nouveau sur les événements de Littleton, dans le Colorado, que le cinéaste Gus Van Sant a décidé de se pencher. Deux adolescents y ont assassiné froidement treize personnes, avant de se donner la mort. Au sulfureux {Bowling for Columbine} succède donc {Elephant}, un point de vue différent, en amont de la tragédie. Van Sant nous ramène quelques heures avant le drame et braque la caméra sur une poignée d’ados qui livrent des sentiments très contrastés sur leur expérience du lycée.
Critique : Film d’ambiance à l’atmosphère pesante et jouissant d’un symbolisme exacerbé, Elephant s’apparente finalement plus à une étude anthropologique qu’à une fiction. Et pour que son film soit le plus réaliste possible, Van Sant a laissé la part belle à l’improvisation et tourné avec des acteurs non professionnels dans un lycée de Portland, sans scénario précis. Pari audacieux et réussi. Dès les premiers plans, le réalisme se fait saisissant, presque glauque. La caméra observe, dissèque des lycéens fantomatiques. L’établissement, que le réalisateur explore durant d’interminables travellings, devient un espace mystique et claustrophobique, un labyrinthe de longs couloirs de verre.
Gus Van Sant ne cherche pas à expliquer quoi que ce soit. Il se contente d’énoncer. Pas de voix off explicative, aucun chiffre, Elephant n’est pas un film militant. C’est au spectateur de se forger une opinion. Soit. Reste que la caméra n’est jamais objective et qu’elle restitue immanquablement le point de vue de celui qui la tient. L’angle choisi par le réalisateur mérite toute notre attention.
Elephant tient du cauchemar tant Van Sant met l’Amérique efficacement face à ses démons. Mais il rompt également le silence de mort qui succède aux balles. Une expérience éprouvante mais précieuse.
Coup d’œil : Le titre choisi par Gus van Sant est inspiré du téléfilm Elephant réalisé par le cinéaste Alan Clark en 1989 sur la violence en Irlande du Nord. Gus Van Sant pensait qu’Alan Clarke faisait référence à la vieille parabole des aveugles et de l’éléphant dans laquelle plusieurs aveugles examinent différentes parties d’un éléphant - une oreille, une patte, la queue. Chacun est convaincu qu’il comprend la vraie nature de l’animal grâce à la partie qu’il touche. Mais aucun d’entre eux ne le voit dans sa globalité. Pour le cinéaste, cette parabole semble correspondre au contexte des fusillades dans les écoles : "Je supposais qu’Alan Clarke avait appelé son film Elephant parce qu’il s ’agissait d’un problème difficile à identifier, en raison des différentes façons de l’appréhender."
Mais Elephant est aussi une référence à la mascotte des Républicains aux USA : Gus Van Sant reconnaît : "On s’est amusé avec la dimension politique que peut représenter le titre, et donc sa charge satirique envers, bien sûr, l’aspect aliénant du système d’éducation américain. [...] Elephant, c’est ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, mais ce que tout le monde souhaiterait bien occulter."
– Sortie Blu-ray : le 4 décembre 2013
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bbjj83 16 mai 2007
Elephant - Gus Van Sant - critique
J’avais raté ce film alors hier soir sur Arte, je n’ai pas raté sa diffusion.
Ce film est bouleversant.
La tension monte petit à petit.
La description des personnages , de leur faits et gestes, les liens entre eux, tout est très bien filmé.
Ce film glace le sang.
Gus Van Sant a fait un très bon film.
A voir absolument.
nmp 16 mai 2007
Elephant - Gus Van Sant - critique
Punie, une jeune fille doit faire du babby sitting chez des personnes au lieu de sortir avec ses amies.
Tout au long du fim le suspens et la peur sont au rendez-vous.
Attendant le retour des propriétaires de la maison la jeune fille veille à ce que les enfants dorment,.un premier appel telephonique menaçant puis un deuxième et ainsi de suite. Un rodeur l’ epie et la menace.Elle appelle la policeet donne le numero de telephone de son agresseur.Le numero est celui de la maison ou elle se trouve, l’ agresseur est dans la maison .
Déjà une heure de film eéécoulé et la panique se poursuit dans l’ horreur, les enfants se réveillent, une course poursuite à lieu dans la maison.
Terrence Baelen 2 juillet 2012
Elephant - Gus Van Sant - critique
Impossible de ne pas apprécier à sa juste valeur les qualités cinématographiques d’Elephant. Chaque image, chaque plan est soigné de manière à dégager une idée. La narration non linéaire donne davantage d’esthétique au scénario. Une fois qu’on a pris conscience qu’Elephant fait parti des OVNI du cinéma contemporain, et qu’il s’agit également d’une grande remise en question de la société américaine, notre vision s’affine jusqu’à aimer tout en étant choqué. Un très grand film !