L’emprise - John Cromwell - critique

Critique : Grâce à l’un de ses collègues internes, Philip va faire la connaissance de Mildred (Bette Davis), une serveuse de restaurant qui n’a pas froid aux yeux. Elle va accepter de sortir avec Philip, mais reste à distance et ne semble que profiter de la situation : sorties, petits cadeaux... Jusqu’au jour où elle va lui annoncer son prochain mariage avec un autre client du restaurant (Alan Hale), particulièrement fortuné. Philip va alors redoubler d’efforts dans ses études. Mais un jour, Mildred va réapparaître, sans le sou, enceinte et abandonnée par son riche compagnon, qui s’était bien gardé de l’informer de son statut d’homme marié.

Le jeune homme handicapé est aussi d’une réelle naïveté et d’une nature imperturbable. Mildred, qui ne trouvera jamais meilleur pigeon, ne cessera de revenir vers Philip quand tout va mal, pour mieux le quitter de façon humiliante quand elle va mieux.

Ce film est adapté du roman de Somerset Maughan, édité en 1925, au titre anglais homonyme. En France, le roman a été publié comme Servitude humaine. Ce mélodrame efficace a été l’un des derniers films hollywoodiens à ne pas subir les foudres de la censure du tout nouveau code Hays, appliqué juste après, en gardien de la bonne morale à l’américaine dans l’industrie du cinéma. Le récit décrit sans ambages une femme totalement amorale, montre clairement des relations hors mariage, et la naissance d’un enfant illégitime.

La mise en scène du discret John Cromwell est particulièrement efficace dans l’utilisation audacieuse de l’ellipse. Si Leslie Howard, le futur Ashley Wilkes d’Autant en emporte le vent (Gone with the Wind 1939), fait un peu pâle figure, Bette Davis campe une garce jusqu’au-boutiste, rôle qu’elle incarnera de nombreuses fois à l’écran dans une carrière éblouissante.