Le 24 août 2025
John Ford réalisait là l’un de ses meilleurs films et l’un des westerns hollywoodiens les plus aboutis, qui illustre admirablement la notion américaine de la Frontière.
- Réalisateur : John Ford
- Acteurs : John Wayne, Vera Miles, Natalie Wood, John Qualen, Jeffrey Hunter, Hank Worden, Ward Bond, Lana Wood, Harry Carey Jr., Antonio Moreno, Patrick Wayne, Walter Coy , Olive Carey, Dorothy Jordan
- Genre : Drame, Aventures, Action, Western
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h58mn
- Titre original : The Searchers
- Date de sortie : 8 août 1956
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Résumé : Texas, 1868 : Depuis une petite ferme isolée dans le désert, une femme (Dorothy Jordan) voit arriver avec appréhension un cavalier solitaire. Lorsque celui-ci est tout proche, elle reconnaît son beau-frère Ethan (John Wayne), disparu depuis des années.
Critique : La scène d’ouverture est en elle-même un sommet de virtuosité de mise en scène. Elle sera d’ailleurs souvent reprise dans les compilations des plus beaux plans devenus cultes du cinéma américain : sur un écran noir accompagné par la musique de Max Steiner, une porte s’ouvre depuis l’intérieur d’une maison sur le désert ensoleillé très lumineux et somptueux de Monument Valley. Une femme de dos en sort pour observer au loin. Le même procédé, mais inversé, sera repris pour la scène finale d’une infinie tristesse.
En 1956, John Ford, aujourd’hui surtout réputé pour ses westerns (et on peut le regretter tant sa filmographie est riche de différents genres), n’en avait pas tourné depuis 1950. C’était Rio Grande qui clôturait son triptyque sur la cavalerie, et dans lequel John Wayne était déjà l’interprète principal.
Le personnage qu’il incarne ici est extrêmement complexe, et l’acteur en fait une exceptionnelle composition d’homme brisé, mû par un racisme viscéral envers les Indiens : Ethan a fait la guerre de Sécession avec les sudistes où il s’est visiblement distingué. Il revient chez Aaron (Walter Coy), son frère, trois ans après la fin des combats, sans explications. Fatigué et désabusé, il élude toutes des questions. Il semble juste heureux de retrouver ses deux jeunes nièces et son neveu, et échange des regards complices lourds de sens avec sa belle-sœur. Son regard se durcit quand arrive Martin (Jeffrey Hunter), jeune adulte métis adopté, sauvé jadis des Indiens par Ethan. Le calme apparent de la famille retrouvée va être perturbé par l’arrivée de Samuel Johnson Clayton (Ward Bond), curieux personnage, à la fois capitaine des Texas Rangers et révérend ! Ce dernier, accompagné de volontaires assermentés, est à la recherche de voleurs de bétail. Il enrôle Martin et Ethan qui impose à son frère de prendre sa place. La petite troupe se met en marche. Après une longue chevauchée sous une chaleur accablante, elle va vite comprendre, par une observation d’Ethan qui connaît très bien les Comanches, que le vol ne servait qu’à éloigner un maximum d’hommes des quelques fermes isolées. Au retour, la maison d’Aaron a brûlé, tous ont été massacrés à l’exception des deux fillettes qui ont été enlevées. Fou de rage, Ethan, suivi de Martin, et d’abord épaulé par la petite troupe de Clayton, va commencer un long périple pour retrouver ses deux nièces désormais aux mains des Comanches.
Ce drame familial terrible est néanmoins ponctué, avec beaucoup de savoir-faire, par des moments plus légers, drôles et emprunt d’une truculence qui n’appartient qu’au cinéaste (qui n’avait pas son pareil pour présenter des personnages immédiatement reconnaissables) : le comportement haut en couleurs du révérend, les frasques de Moïse (Hank Worden) le simple d’esprit obnubilé par un rocking chair, les fausses fiançailles de Martin avec une Indienne, ou encore un mariage raté avec sa traditionnelle bagarre qui captive tous les participants de la fête.
Deux maisons, le désert de Monument Valley cher à Ford (situé en Arizona, mais censé être au Texas !) Voilà les seuls décors de ce drame crépusculaire magnifique et captivant de bout en bout.
De plus, dans ce western, genre réputé pour raconter des histoires d’hommes, le cinéaste réussit à placer deux figures féminines marquantes : celle interprétée par Vera Miles, fiancée fière et impétueuse, et celle campée par Natalie Wood, jeune Blanche transformée en squaw.
John Ford tenait là l’un de ses meilleurs westerns et l’un de ses meilleurs films tout court, et il en va de même pour John Wayne : tous deux étant pourtant riches d’une imposante carrière.
Le film sera désigné en 2008 comme "meilleur western de tous les temps" par l’American Film Institute, et il est conservé depuis 1989 à la bibliothèque du Congrès américain.
Plusieurs cinéastes du Nouvel Hollywood retiendront les leçons du maître : Martin Scorsese, Paul Schrader : Taxi Driver (1976) pour les deux, le premier réalisateur et le second scénariste ; Hardcore (1979) pour Schrader seul ; et Michael Cimino : Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter 1978), pour ne citer qu’eux.
Un western exceptionnel à voir et revoir sans modération !

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