Le 3 septembre 2025
Le cinéaste déçoit avec ce polar maladroit aux intentions confuses, et dans lequel on ne retrouve son style incisif que dans de rares séquences.
- Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
- Acteurs : Grégoire Colin, Mathieu Amalric, Hidetoshi Nishijima, Kō Shibasaki, Vimala Pons, Slimane Dazi, Damien Bonnard, Éric Bernard, Munetaka Aoki
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Remake
- Nationalité : Français, Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 3 septembre 2025
- Festival : Festival San Sebastian 2024
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Résumé : Albert Bacheret est un père dévasté par la disparition inexplicable de sa fille de huit ans. Alors que la police semble incapable de résoudre l’affaire, il décide de mener sa propre enquête et reçoit l’aide inattendue de Sayoko, une énigmatique psychiatre japonaise. Ensemble, ils kidnappent des responsables du "Cercle", une société secrète. Mais chaque nouvel indice mène à un nouveau suspect qui présente toujours une version différente des faits... Obsédé par la vérité, Albert va devoir naviguer entre sa soif aveugle de vengeance et une infinie spirale de mensonges.
Critique : Coproduction franco-japonaise, La voie du serpent est le deuxième long métrage du Kyoshi Kurosawa tourné dans l’Hexagone, après Le secret de la chambre noire, diversement accueilli par la critique, et échec commercial retentissant. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le territoire français sied peu au cinéaste, qui propose à nouveau un film déroutant dont le dispositif peine à susciter l’adhésion. Coécrit avec Aurélien Ferenczi, le scénario est en fait un remake de Hebi no michi. Ce film de Kyoshi Kurosawa (1998), inédit en France mais bénéficiant d’une bonne réputation, était déjà l’adaptation d’un roman de Hiroshi Takahasi. Le monde codifié des yakuzas est ici remplacé par une société secrète infiltrée dans les instances d’une obscure fondation œuvrant, en mode informel, dans le trafic d’organes d’enfants. Plusieurs éléments permettent de retrouver l’univers des récits du réalisateur. Comme dans le fabuleux diptyque, Shokuzai : Celles qui voulaient se souvenir et Shokuzai : Celles qui voulaient oublier, il est question de disparition plus qu’inquiétante d’enfant et du traumatisme que cela suscite sur l’entourage. À l’image du troublant Cloud, un homme se retrouve désemparé et contraint d’affronter une bande d’individus peu rassurants.

- © 2025 Art House. Tous droits réservés.
Au crédit du réalisateur, on portera aussi quelques cadrages techniquement bien élaborés, convoquant, dans de rares séquences (la tuerie dans un entrepôt), le souvenir de pépites de Kurosawa, telles que Kaïro et Real. La comparaison et les aspects positifs s’arrêtent là, tant La voie du serpent souffre de maladresses. On ne croit pas une seconde à cette histoire de père de famille tentant d’éliminer les individus qu’il juge responsables de la mort atroce de sa fillette, et qui se voit épauler dans son périple de vengeance par une psychiatre japonaise en poste dans un hôpital parisien. Se transformant tous les deux en anges de la violence et de la mort faisant passer le Charles Bronson des revenges movies pour un fin négociateur respectueux des procédures judicaires, Albert Bacheret et Sayoko Niijima ne provoquent nullement l’empathie du spectateur, vite excédé par la répétition de procédés grotesques (l’enfermement des ennemis dans des grands sacs) et de dialogues mal écrits, ainsi que la caractérisation sommaire de personnages sans consistance.

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Quant aux intentions, elles demeurent floues et ambigües. Non pas que l’on attendait du réalisateur un propos explicatif et moralisateur, mais l’ambiguïté malsaine qui se dégage de son récit peine à séduire, d’autant plus que le scénario n’a ni la limpidité des récits linéaires, ni le charme envoûtant des histoires complexes mais bercées par une atmosphère prenante. Le casting n’arrange rien, mais il faut dire que les acteurs ne sont guère aidés par le contexte, d’un Damien Bonnard inexpressif (lui que l’on a connu excellent) à une Kō Shibasaki insipide, en passant par un Hidetoshi Nishijima (Drive My Car) sous-utilisé ou un Mathieu Almaric se demandant ce qu’il est allé faire dans cette galère. À l’instar de l’auto-remake français The Killer réalisé par John Woo, La voie du serpent est donc un faux pas dans la filmographie d’un cinéaste talentueux. Mais Kiyoshi Kurosawa n’a certainement pas dit son dernier mot, comme l’attestent les authentiques réussites de ces dernières années.
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