Les vampires ont les crocs
Le 6 février 2017
Comédie respectueuse du genre qu’elle parodie, Le bal des vampires est surtout un pur plaisir visuel grâce à une esthétique très travaillée. Les gags, eux, ont pris un petit coup de vieux.


- Réalisateur : Roman Polanski
- Acteurs : Roman Polanski, Jack MacGowran, Sharon Tate, Alfie Bass, Ferdy Mayne
- Titre original : The Fearless Vampire Killers
- Genre : Burlesque, Parodie, Comédie horrifique
- Nationalité : Américain, Britannique
- Date de sortie : 31 janvier 1968
- Durée : 1h48mn
- Box-office : 3 557 355 entrées (France)
Année de production : 1967
L'argument : Persuadé que les vampires existent, le professeur Abronsius consacre tout son temps à la traque de cette espèce effrayante. Accompagné par son fidèle assistant, le jeune Alfred, ce scientifique farfelu parcourt la Transylvanie et finit par arriver dans un petit village qui semble être un nid de vampires. Dans la taverne, des gousses d’ail ornent les murs. Les habitants n’osent répondre à ses questions et semblent terrifiés par une étrange présence. Bientôt, la fille de l’aubergiste, Sarah, est enlevée par un vampire. Abronsius et Alfred, transi d’amour devant la belle jeune fille, partent à sa recherche…
Notre avis : Réalisateur polonais ayant débarqué à Londres en 1965 pour y tourner Répulsion avec Catherine Deneuve, puis Cul-de-sac (1966) avec Françoise Dorléac, Roman Polanski est alors un espoir du cinéma européen à l’audience encore confidentielle. Toutefois, le producteur Gene Gutowski lui offre l’opportunité de passer à la vitesse supérieure en tournant une comédie horrifique pour le compte de la MGM, firme américaine qui investit pas mal d’argent en cette moitié des années 60 dans la production britannique. La MGM possède même des studios en Angleterre lui permettant de tourner des œuvres à moindre coût par rapport aux Etats-Unis.
Roman Polanski et son habituel complice Gérard Brach se mettent donc à l’écriture d’une parodie des films Hammer qui inondent les écrans de sang frais depuis la fin des années 50. Leur but est de tenter une improbable alchimie entre le rire et la peur dans ce qui allait devenir Le bal des vampires. Dès le départ, ils écrivent les deux rôles principaux pour Jack MacGowran, acteur extravagant ne se refusant aucun excès, et pour Polanski lui-même. Le tournage ne fut d’ailleurs pas de tout repos puisque des imprévus ont contraint l’équipe à reconstituer le château en studio. Toutefois, cette dépense supplémentaire non prévue – et qui fait grimper le budget à 2 millions de dollars, somme conséquente à l’époque – permet à Polanski de maîtriser pleinement l’esthétique du métrage, son premier en couleurs et de se payer le luxe d’un format élargi en scope.
Magnifié par de superbes décors de Wilfred Shingleton et par la photographie de Douglas Slocombe (The servant et la saga des Indiana Jones), Le bal des vampires est avant toute chose un pur bonheur visuel grâce à des couleurs chatoyantes qui ravissent la pupille. En cela, le film peut vraiment être vu comme un hommage aux délices visuels des œuvres de Terence Fisher tournées pour la Hammer. A noter que le réalisateur parvient à tourner une scène réellement effrayante lors de l’enlèvement de Sharon Tate dans sa baignoire.
Sur le plan humoristique, la parodie ne se veut aucunement une enfilade de gags qui défileraient à un rythme soutenu. Le cinéaste préfère réserver ses effets pour quelques moments clés comme l’assaut du vampire gay, vraiment hilarant, tout en multipliant les sous-entendus sexuels. Parfois tenté par la facilité - on note un peu trop de gags burlesques simplistes telles que des chutes – et pâtissant d’une évidente chute de rythme au bout d’une heure, la parodie n’atteint jamais le degré de folie qu’elle aurait pu dégager dans les mains d’un Mel Brooks. Pas toujours à l’aise avec la comédie, Polanski s’en tire tout de même avec les honneurs en livrant une œuvre réussissant le difficile équilibre entre parodie et respect envers les films moqués. Il est aidé en cela par un casting intéressant. La belle Sharon Tate y trouve son rôle le plus marquant en rousse à la poitrine généreuse, tandis que Ferdy Mayne incarne avec beaucoup de charisme le comte von Krolock, imitant au passage l’accent hongrois du Dracula de Bela Lugosi.
Connu en Europe dans sa version originelle, le film a été massacré lors de sa sortie américaine par le producteur Martin Ransohoff qui a charcuté le métrage au point de le rendre incompréhensible. Le bide américain fut retentissant, mais le vrai film de Polanski, lui, a su séduire le grand public, notamment en France où il a obtenu un énorme succès au point de se hisser à la sixième place du podium de l’année 1968 avec plus de 3 millions d’entrées. Un score mérité pour une comédie culte dont l’humour a toutefois pris un petit coup de vieux.
Vos avis
11 février 2017, par birulune
Presque 50 ans ce film !
Et quel engouement !
Passablement vieillot et pas drôle du tout mais sympa a regarder pour une film ayant traversé un demi-siècle presque indemne
Ne pas s’attendre à de la franche rigolade