Le 4 août 2024
Ce premier long métrage, classique dans son traitement, bénéficie d’un scénario de qualité tout en nuances, et de l’interprétation magistrale de Hafsia Herzi.
- Réalisateur : Iris Kaltenbäck
- Acteurs : Hafsia Herzi, Nina Meurisse, Alexis Manenti, Younès Boucif
- Genre : Drame
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Edition Vidéo
- Durée : 1h37mn
- Date télé : 11 août 2024 23:27
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Date de sortie : 11 octobre 2023
- Festival : Festival de Cannes 2023
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Résumé : Lydia, sage-femme très investie dans son travail, est en pleine rupture amoureuse. Au même moment, sa meilleure amie, Salomé, lui annonce qu’elle est enceinte et lui demande de suivre sa grossesse. Le jour où Lydia recroise Milos, une conquête d’un soir, alors qu’elle tient le bébé de son amie dans ses bras, elle s’enfonce dans un mensonge, au risque de tout perdre…
Critique : Formée à la Fémis où elle avait intégré le département scénario, Iris Kaltenbäck a travaillé comme assistante de théâtre et œuvré dans le court métrage, avant de passer au format long avec Le ravissement. Le film a été sélectionné en compétition officielle à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes. L’idée de départ est un fait divers ayant révélé le cas d’une jeune femme ayant emprunté le bébé de sa meilleure amie pour faire croire à un homme qu’elle en est la mère et lui le père. Ce mensonge se terminera par l’enlèvement de l’enfant, le temps d’un week-end, et l’arrestation de l’intéressée. La réalisatrice, marquée par une formation juridique initiale, a ainsi déclaré : « Adolescente, je voulais soit faire des films, soit devenir avocate pénaliste. Je savais qu’il fallait faire des études avant la Fémis, donc j’ai commencé par du droit, en travaillant en parallèle chez une avocate pénaliste. C’est à ce moment-là que j’ai développé ma cinéphilie : j’avais une passion pour Kieślowski à l’époque, dont le scénariste était pénaliste ». Pourtant cette dimension judiciaire n’apparaît qu’à la fin du film, qui débute comme une romance d’auteur, avec une dimension semi-documentaire liée à l’activité professionnelle de Lydia (Hafsia Herzi).
- © Mact Productions - Marianne Productions - JPG Films - BNP Paribas Pictures. Tous droits réservés.
Celle-ci est sage-femme et, dans un premier temps, la narration insiste sur la description précise de ses tâches, du suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement et ses suites. En ce sens, la première partie s’inscrit dans une veine réaliste de certains films français de ces dernières années, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer le quotidien au travail. Le ravissement, sur le thème médical, rejoint ainsi les récents De son vivant et Les âmes sœurs. À cette dimension soucieuse de reconstitution, on préférera la peinture des rapports entre Lydia et son entourage. Quittée par son petit ami, elle cherche à nouer une relation avec le premier venu, à savoir un chauffeur de bus attentionné (Alexis Manenti). Quand ce dernier ne souhaite pas la revoir après une première nuit passée ensemble, Lydia se rapproche davantage de sa meilleure amie Salomé (Nina Meurisse), qui est sur le point de passer un test de grossesse… Le ravissement réussit à élaborer un scénario captivant, sans recourir aux grosses ficelles d’écriture. Prise dans un engrenage du mensonge, Lydia va chercher à assouvir un besoin de maternité, tout en souhaitant attirer l’attention d’un homme dont on ne sait trop s’il a suscité en elle un réel sentiment ou s’il est une victime de ses agissements. Femme fragile en besoin d’amour ne réalisant pas le mal qu’elle va engendrer dans son entourage, ou manipulatrice ?
- © Mact Productions - Marianne Productions - JPG Films - BNP Paribas Pictures. Tous droits réservés.
C’est tout l’intérêt de ce premier long métrage que de proposer une double lecture. Classique dans sa forme, le film respecte son public, évitant à la fois l’esbroufe et le nombrilisme des premières œuvres. Ce qui n’exclut pas quelques maladresses, dont les dialogues entre le personnel soignant lors de l’accouchement de Salomé, ou le revirement soudain de cette dernière, passant sans transition du baby blues à une protection maternelle démesurée. Ce sont des détails face à la subtilité d’une œuvre dont le traitement des thèmes du désir d’enfant et de la substitution de mère fait en outre écho à d’autres œuvres comme Le sixième enfant. Il faut enfin préciser que la réussite du film doit également beaucoup au jeu de la sublime Hefsia Herzi, qui n’a cessé de nous éblouir, de La graine et le mulet à son premier film Tu mérites un amour. Iris Kaltenbäck se présente donc comme un jeune cinéaste à suivre et l’on attend avec intérêt son deuxième long métrage.
Gérard Crespo
Le test DVD
Image :
Les couleurs et l’éclairage n’ont pas à pâlir du passage du grand au petit écran : le tout est une réussite à louer.
Son :
Le film est accessible au plus grand nombre et la qualité sonore est au rendez-vous pour notre plus grand plaisir.
Bonus :
Au nombre de deux, ils apportent un éclairage supplémentaire et pertinent au long-métrage :
– Une discussion captivante et enrichissante entre Iris Kaltenbäck, la réalisatrice du film et Ava Cahen, Déléguée Générale de la Semaine de la Critique cannoise (durée : 18 minutes) ;
– Le vol des cigognes (2015 ; durée 28 minutes), un court-métrage annonciateur du Ravissement de par sa thématique et illustrant déjà le talent prometteur de Iris Kaltenbäck, alors étudiante à la Fémis.
Éric Françonnet
– Sortie DVD/Blu-ray : 20 février 2024
– Festival de Cannes 2023 : Semaine de la Critique
– Cannes 2023 : Prix SACD Semaine de la Critique
Galerie Photos
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