Les fous du roi

L’ascension d’un ambitieux dans la Louisiane des années 50. Une fable lourdingue, pesante et indigeste, heureusement dotée de quelques acteurs à sauver.

L’argument : Les fous du roi raconte l’ascension politique d’un idéaliste en Louisiane et révèle la corruption qui conduira à sa chute. Avec pour toile de fond un univers politique qui exacerbe ce qu’il y a de meilleur ou de pire chez l’homme, ce film nous entraîne dans les arcanes de l’âme humaine. De la pureté à la trahison, de la culpabilité à la rédemption.

Notre avis : Scénariste reconnu (il a notamment travaillé avec Scorsese, Ridley Scott, Spielberg), réalisateur de Préjudice, Steven Zaillian revient à la mise en scène avec un ambitieux projet. Nouvelle adaptation du roman éponyme de Robert Penn Warren, prix Pulitzer 1946 [1], Les fous du roi entend proposer une réflexion sur le pouvoir et sa puissance corruptrice. Thème des plus intéressants certes, mais tellement rebattu qu’il faut faire preuve d’un minimum de talent pour l’élever à un certain niveau d’intérêt. Une gageure donc, malheureusement bien loin d’être relevée dans le cas présent.
S’appuyant sur d’indéniables qualités scénaristiques mais doté d’une mise en scène ultra signifiante (la séquence de harangue, soutenue par un montage d’une banalité à pleurer et une musique insupportable, l’interminable dernier plan...), chichiteuse au point d’atteindre le ridicule (les apparitions de Kate Winslet nimbée de lumière), les procédés utilisés par Zaillian ne convainquent jamais. Ils ont la légèreté d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Et l’on ne tarde pas à se désintéresser de l’ascension de ce politicien ambigu, séducteur et finalement répugnant tant il verse dans la démagogie et la corruption après avoir démarré avec des ambitions d’une plus grande noblesse. Au fait, cela ne vous rappelle rien ? Un certain George W. ? Mais que d’audace !
De cet indigeste fatras de poncifs ne ressortent que les interprètes. Si Kate Winslet est honteusement sous utilisée, Patricia Clakson hérite d’un personnage plus intéressant car très ambigu ; elle lui prête son talent habituel. Jude Law, heureusement rescapé de panouilles dans lesquelles ses qualités s’étaient perdues (Retour à Cold Montain, Closer), se montre très convaincant en journaliste tiraillé, tendu et sobre. Mais le plus intéressant reste, comme souvent, Sean Penn. Cas décidément particulier que celui de cet acteur inclassable, mauvais environ une fois sur deux, qui irrite d’abord en grimaçant et composant plus que jamais. On finit pourtant par attendre chacune de ses impures apparitions, tant on s’ennuie devant ce spectacle plat, empesé, léché. Un comble !