Le 12 juillet 2025
Les turpitudes d’un docker new-yorkais. Elia Kazan, tout en se justifiant de son attitude pendant le maccarthysme, réalise "le film" majeur sur cette époque troublée de Hollywood.
- Réalisateur : Elia Kazan
- Acteurs : Rod Steiger, Marlon Brando, Karl Malden, Eva Marie Saint, Lee J. Cobb, Leif Erickson, Rudy Bond, Pat Henning
- Genre : Drame, Romance, Noir et blanc, Drame social, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Park Circus France
- Durée : 1h46mn
- Reprise: 24 avril 2013
- Titre original : On the Waterfront
- Date de sortie : 14 janvier 1955
- Festival : Festival de Venise 1954, Les Oscars 1955
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Résumé : New York. Johnny Friendly (Lee J. Cobb) dirige le syndicat des dockers avec des méthodes de mafieux. Il s’est assuré les services de Charlie Malloy (Rod Steiger), un avocat véreux issu d’une famille de dockers. Terry (Marlon Brando), le frère de Charlie, ancien boxeur toujours docker, va être le témoin d’un meurtre déguisé en suicide.
Critique : Tourné en 1954, ce film est devenu une sorte de symbole de la période troublée du maccarthysme (traque d’État contre les sympathies communistes, particulièrement dans les milieux artistiques) qui sévissait alors à Hollywood. Son réalisateur, Elia Kazan, homme de théâtre et de cinéma réputé, était aussi considéré comme un homme de gauche aux solides convictions. Il fut pourtant l’un de ceux qui dénoncèrent en commission d’autres artistes. Il s’en expliqua (notamment dans son autobiographie Une vie parue en 1988) : il n’aurait pas eu d’autre choix s’il voulait continuer à travailler. Il est difficile aujourd’hui de juger son attitude, qu’il ne fut pas le seul à adopter (on peut citer Edward Dmytryck), alors que d’autres furent privés temporairement ou pour longtemps de travailler pour Hollywood, ou alors sous des noms d’emprunt (Joseph Losey, Dalton Trumbo...)
Ce préambule semble indispensable pour parler de cette œuvre, qui repose toute entière sur la notion de délation, choisie par l’auteur, totalement en réponse à la grave crise traversée par le cinéma américain à cette époque.
Le personnage de Terry, boxeur déchu, est d’abord décrit comme un "looser". Toujours docker, il ne doit son travail qu’à son frère, second du caïd du syndicat. En effet, chaque matin, un gros bras du syndicat décide de qui va décharger les containers ou pas. Témoin du faux suicide, va-t-il respecter l’implicite loi de silence ou faire éclater la vérité qui mettrait en cause la direction du syndicat ?
Mais le film est loin de se cantonner à la description d’un dilemme cornélien. Il navigue en permanence, avec une maîtrise éblouissante, entre polar, mélodrame, drame social, et ce dans une tonalité quasi documentaire. À ce titre, les plans de New York vus des docks sont absolument splendides. Elia Kazan, rompu au théâtre, apporte aussi un soin tout particulier à l’interprétation (il fut l’un des co-ondateurs de l’Actor’s Studio). Marlon Brando, avec son blouson à carreaux, y est impérial, sans pour autant éclipser ses partenaires non moins remarquables : Lee J. Cobb, en chef impitoyable ; Rod Steiger, un parvenu tourmenté ; ou encore Karl Malden en prêtre compréhensif. Sans oublier celle qui tient le seul rôle féminin majeur : Eva Marie Saint (née en 1924 et toujours de ce monde en 2025), dont c’était la première apparition au cinéma. Son interprétation lui permis de décrocher l’Oscar 1955 de la meilleure actrice dans un second rôle. Ce ne sera pas le seul ! Sept autres sont à l’actif de Sur les quais : film, réalisateur, acteur (Marlon Brando), direction artistique (Richard Day) , photographie (Boris Kaufman), montage (Gene Milford) et scénario original ( Budd Schulberg).
Le film, en 1954, a aussi été primé d’un Lion d’Argent à la Mostra de Venise.

- Copyright Columbia Pictures/Horizon Pictures
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