Le 16 septembre 2025
Le premier volet de la trilogie Teenage Apocalypse est un dispositif expérimental insolite, d’un nihilisme post-moderne, et qui marque un tournant dans le cinéma queer.
- Réalisateur : Gregg Araki
- Acteurs : Craig Gilmore , James Duval, Alan Boyce
- Genre : Drame, Expérimental, LGBTQIA+, Teen movie
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Capricci Films
- Editeur vidéo : BQHL
- Durée : 1h18mn
- Date de sortie : 17 septembre 2025
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– Année de production : 1993
Résumé : Le quotidien d’un groupe d’adolescents homosexuels à Los Angeles, entre ennui, rage, expérimentations sexuelles et peur du sida.
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Critique : Totally F***ed Up est le quatrième long métrage de Gregg Araki, révélé en 1987 avec Three Bewildered People in the Night. Né dans une famille nippo-américaine, Araki avait étudié la théorie du cinéma à Santa Barbara et la réalisation à l’Université de Californie. À partir de The Living End (1992), il est considéré comme un cinéaste emblématique d’un « New Queer Cinema », au même titre que Todd Haynes (Poison, 1991) et Gus Van Sant (My Own Private Idaho, 1991). Initialement prévu comme un récit autonome (ce qu’il restera sur le plan narratif), Totally F***ed Up apparaît rétrospectivement comme le premier volet de la trilogie Teenage Apocalypse, et donne une nouvelle image de la culture LGBTQIA+ au cinéma, avec atmosphère punk, linéarité relative et personnages présentés sans concessions. Et cette entrée dans la trilogie est sans doute la plus radicale des trois parties, mêlant expérimentation artistique et connotation politique. Le cinéaste précise ainsi : « TOTALLY F***ED UP et mon film précédent, THE LIVING END, étaient très liés aux revendications d’associations comme ACT UP ou Queer Nation, de la fin des années 80. Les jeunes artistes comme moi mélangeaient art, activisme politique et culture queer. Ces deux films sont vraiment des produits de cette époque et je suis heureux qu’ils existent encore. Je pense que ce sont des reliquats d’une période super importante de l’histoire queer » (dossier de presse fourni par Capricci).

- © 2025 Capricci. Tous droits réservés.
Le récit présente le quotidien d’une bande d’amis, quelques jeunes gays et deux lesbiennes, membres de la classe moyenne américaine. Dragues, sorties nocturnes, mais aussi ennui abyssal rythment leur existence, et la plupart expriment leur ressenti devant une caméra. Celle-ci est tantôt entre les mains d’un reporter que l’on peut supposer imaginaire, tantôt maniée par l’un des protagonistes, ces derniers n’hésitant pas à se filmer par ailleurs. Témoignages sur l’homophobie, les mésententes avec les parents, les déconvenues sentimentales et sexuelles… Les propos abondent et parfois les images viennent étayer la teneur du discours, que l’on soit dans le domaine de la vie sociale ou celui de l’intime. Entre plaisir assumé et mal-être avoué, ces jeunes se cherchent et se confient, sans que jamais le dispositif ne tombe dans le voyeurisme ou la complaisance de la future téléréalité. Les passages les plus troublants demeurent à cet égard ceux mettant en scène le jeune James Duval, que l’on retrouvera dans les deux autres volets.

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Se disant influencé par Godard (celui de Masculin féminin) aussi bien que John Waters ou Lynch, Gregg Araki fait également la jonction entre l’underground de Morrissey/Wharhol (Flesh) et les futures envolées indépendantes d’un Sean Baker, par sa capacité à mettre en lumière des êtres en marge de l’american way of life, sans esbroufe ni retenue. Le propos de Totally F***ed Up, d’un nihilisme post-moderne, revisitant l’art d’un Kenneth Anger, et que n’aurait pas désavouer Jean Genet, est certes à replacer dans le contexte du début des années 90, entre danger du sida et volonté de faire évoluer les mœurs. Il n’en trouve pas moins de troublante résonances avec les conflits sociétaux au cœur de l’Amérique trumpienne des années 80. Le film a pu être restauré à partir d’un scan en 2K des négatifs originaux 16mm, sous la supervision de Strand Releasing, avec un résultat validé par Araki. Capricci propose de le découvrir sur grand écran en septembre 2025, en même temps que les deux autres longs métrages de la trilogie. Heureuse initiative pour cette œuvre jamais exploitée dans les salles françaises pour une question de droits.
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