Le 2 mai 2025
Une comédie tout en délicatesse qui a l’immense intérêt de montrer que l’accès à une sexualité épanouie pour les personnes en situation de handicap n’est pas une mince affaire. Une œuvre joyeuse et réflexive à la fois.
- Réalisateur : Maël Piriou
- Acteurs : Grégory Gadebois, Quentin Dolmaire, Julia Piaton, Florence Viala, Aude Léger
- Genre : Comédie, Road movie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date de sortie : 30 avril 2025
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Résumé : Mélanie, avocate, atteinte d’une maladie incurable, a décidé qu’il était temps de profiter de la vie ! Elle embarque Benjamin, son ami de toujours, dans un périple vers l’Espagne pour explorer enfin leur sensualité dans une maison close. Les voici à bord d’un van délabré, conduit par Lucas, un chauffeur bourru sorti de prison la veille. Contrairement à Mélanie, Benjamin ne semble pas pressé d’arriver et fait d’ailleurs tout pour prolonger cet improbable voyage à ses côtés…
Critique : Il n’est vraiment pas simple de parler du handicap au cinéma sans tomber dans le misérabilisme ou la moquerie gratuite. On se souvient toutefois de longs-métrages populaires comme Intouchables, Hors normes, Patients, La famille Bélier ou plus récemment Un p’tit truc en plus qui sont parvenus à déplacer des milliers de personnes dans les salles sur un sujet loin d’être perçu comme facile. Une pointe d’amour s’engage sur l’héritage mérité de ces films, avec cette histoire baroque où une avocate en fauteuil traîne son ami tétraplégique dans la voiture d’un de ses clients sortant de prison, pour se rendre dans une maison close espagnole. Là où le récit aurait pu se résumer à un joyeux road movie, il se transforme en réalité en une expérience humaine et amoureuse où tout devient possible, même pour les personnes les plus empêchées par leur corps ou leur esprit.

- Copyright Christophe Brachet
Justement, Une pointe d’amour ouvre les esprits. La question de l’accès à une sexualité et une vie affective pour les personnes en situation de handicap constitue un véritable débat de société qui trouve toute sa place dans ce film gai et sérieux à la fois. De même, l’acceptation d’une autonomie physique, intellectuelle, matérielle est posée par le biais du personnage interprété par Quentin Dolmaire qui, à trente ans, vit encore chez ses parents et a peur de passer le cap de l’indépendance. Pourtant, c’est un jeune homme brillant, avocat de formation, mais la dépendance à des traitements pas très faciles à accepter, à l’aide motrice indispensable pour tous les gestes de la vie quotidienne, le retient chez ses parents, dans une sorte de confort factice dont ses derniers voudraient bien le défaire. On peut remarquer que le désir exprimé par la mère de voir son fils voler de ses propres ailes est assez rare dans la vie réelle, beaucoup d’aidants ou de parents ne parvenant pas à voir dans leur enfant handicapé un être émancipé et capable.
Il est heureux de s’amuser de choses aussi graves que le handicap, la privation d’autonomie, la mort et la désolation affective à travers trois personnages, hauts en couleur, interprétés par des acteurs investis et sincères. Julie Piaton et Quentin Dolmaire entrent dans la peau, pour le coup accidentée, des deux héros, chacun avec une personnalité qui détonne. D’un côté, il y a une avocate bégueule, qui échange depuis des mois avec un amoureux virtuel trouvé sur un réseau social ; de l’autre, il y a un homme en situation de handicap depuis un accident grave d’enfance, timide et inhibé. Les deux une palette de situations autant hilarantes que touchantes. Ils se guettent l’un l’autre et on se demande comment ils ne sont pas tombés amoureux. Il faut noter qu’ils accomplissent les gestualités liées à une limitation fictive de leur motricité à la perfection, sans tomber dans le grotesque ou l’exagération. On imagine le nombre d’heures passées à intérioriser le fait d’être en situation de handicap moteur, ce qui en soi constitue de leur part un effort d’inclusion remarquable.

- Copyright Christophe Brachet
La mise en scène de Maël Piriou est d’autant plus honorable qu’elle restitue avec tact les conséquences au quotidien du handicap. L’intelligence du film vient aussi du fait que le réalisateur introduit dans son récit un sortant de prison maladroit, lui-même sujet à des stéréotypies en tout genre, et à sa façon confronté à une forme de handicap invisible. Le cinéaste parvient à mettre en synergie ces êtres très différents, sans céder au ridicule. Il parsème le propos de jolies références à l’exclusion, au jugement social, et même, à l’hétérogénéité des formes de sexualité. Il n’y a pas de moralisation à outrance, juste des comédiens qui s’amusent sur leur chemin qui n’est pas de Compostelle cette fois, mais en vue d’un accomplissement personnel.
Une pointe d’amour est promis à un succès de salle mérité. Preuve que le handicap fait peu à peu son chemin dans les mentalités et que le sujet, loin de faire peur, génère une adhésion populaire majeure. La fiction met en scène un personnage rencontré à Sain-Jean-de-Luz, totalement grotesque, qui à sa façon représente l’antithèse du spectateur qui ira voir ce long-métrage. Molière ou Jean de La Bruyère nous ont appris qu’il faut parfois créer des caricatures pour mieux appréhender le réel. En tout cas, Une pointe d’amour force à l’intelligence et à la tolérance, et c’est tant mieux.
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