Le 1er juin 2025
Dense et mystérieux, ce moyen-métrage d’horreur concentre un distillé d’épouvante et de tension tout à fait remarquable.
- Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
- Acteurs : Tomoko Tabata, Mutsuo Yoshioka, Seiichi Kohinata
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur, Moyen métrage
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Art House Films
- Durée : 0h45mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 28 mai 2025
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Résumé : Tashiro entend un carillon que personne d’autre n’entend. Le “Chime”résonne. Il affirme qu’une machine s’est greffée à son cerveau. Le “Chime” résonne. Encore. Matsuoka, son professeur de cuisine, tente de l’aider. Le “Chime” résonne. Plus fort. Tashiro se saisit d’un couteau.
Critique : Quelle serait la motivation pour un spectateur lambda d’aller dépenser le prix d’une place de cinéma pour un moyen-métrage d’à peine 45 minutes ? La réponse réside dans la formidable inventivité du propos et surtout la tension assez indescriptible qu’il dégage. En effet, Chime fait partie de ces rares films d’horreur où le monstre qui sommeille derrière les personnages n’est pas perceptible à l’exception de cette vague sonnerie que seuls quelques-uns entendent, pour le malheur de leurs proches. Matsuoka, le professeur de cuisine, assiste impuissant aux bizarreries de son jeune étudiant, Tashiro, qui perçoit certes ce carillon étrange, mais revêt aussi tous les traits de comportement d’un autiste. Sommes-nous donc face à des comportements pathologiques qui relèvent de troubles mentaux ou véritablement d’un esprit mauvais qui se ferait entendre à travers une sonnerie et conduirait ceux qui l’entendent au pire ? Car Matsuoka n’est pas épargné par la bizarrerie. Cet expert en cuisine française ne parvient pas à vendre ses talents et évolue dans une famille pour le moins atypique, avec une mère de famille obsédée par des canettes qu’elle écrase dans une poubelle adaptée et un adolescent hors sol et déjanté.

- Copyright 2023 Roadstead
Chime réinvente un genre déjà très éprouvé au cinéma. On connaît le talent des Japonais à mettre en scène des histoires de fantômes et de morts horrifiques, avec des films comme The Grudge ou Ring. Ici, Kiyoshi Kurosawa se prête à un récit troublant hésitant entre le fantastique et le polar sombre qui décrit la mécanique monstrueuse de la psychopathie. Le spectateur n’a de cesse de se demander si les passages à l’acte des personnes relèvent d’un virus sournois, d’un esprit mauvais ou plus simplement sont l’expression de comportements de sociopathes, froids et avides de meurtres. Les décors, réduits à un appartement, une salle de cours de cuisine, et un bout de rue où passe un train, rajoutent à ce sentiment d’enfermement et de tension qui se transmet au spectateur de manière absolument imperceptible.
Pourtant, les effets gore sont rares, le sang est utilisé à bon escient, comme si, en réalité, le réalisateur ne cherchait pas tant à produire l’horreur qu’à mettre en scène des monstres ordinaires ancrés dans une vie quotidienne qui leur échappe, et surtout échappe à leurs victimes. L’allusion explicite au végétarisme à travers la coupe perverse d’un poulet illustre, non sans humour, toute la pression psychologique qui pèse dans ce récit. La brutalité des protagonistes ne s’embarrasse d’aucune violence explicite, mais plutôt de postures, d’attitudes qui démontrent la cruauté psychopathique. Heureusement, la fin, si elle ouvre plus des mystères qu’elle ne résout l’intrigue, présente les preuves qu’un criminel peut distiller sur son chemin, en dépit de tous les efforts à cacher ses crimes et à dissimuler l’horreur.

- Copyright 2023 Roadstead
Chime est un film étonnant de puissance narrative. Le spectateur pourra rester sur sa faim, mais c’est là que réside finalement l’intérêt principal du moyen-métrage. En effet, Kiyoshi Kurosawa ne révèle pas toutes les clés de compréhension de son histoire, trouble qui se rajoute à un format volontairement concentré. Le Chime en japonais rend compte d’une illusion, d’une chimère sonores, comme si les crimes qui se répandent dans la ville étaient en réalité, moins l’expression d’un esprit qui serait logé dans un carillon, qu’une banalisation du meurtre commis par des gens ordinaires.
Le dépouillement de la mise en scène constitue véritablement un tour de force cinématographique. La lumière blafarde, l’extrême dénuement des espaces pensés comme des laboratoires totalement hygiénistes apportent au récit une intensité rarement vue au cinéma en ces termes. L’humour n’est jamais loin, avec une pointe légitime de cruauté et de cynisme.
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