Le grand nulle part
Le 28 décembre 2013
On ne braque pas le box-office avec des balles à blanc...
- Réalisateur : Ruben Fleischer
- Acteurs : Sean Penn, Nick Nolte, Anthony Mackie, Giovanni Ribisi, Ryan Gosling, Michael Peña, Josh Brolin, Emma Stone
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action, Thriller, Romance, Film de gangsters, Policier
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h53mn
- Date télé : 4 mars 2024 22:40
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Titre original : Gangster Squad
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 6 février 2013
Résumé : Los Angeles, 1949. Mickey Cohen, originaire de Brooklyn, est un parrain impitoyable de la mafia qui dirige la ville et récolte les biens mal acquis de la drogue, des armes, des prostituées et – s’il arrive à ses fins – de tous les paris à l’ouest de Chicago. Tout ceci est rendu possible par la protection, non seulement des hommes de mains à sa solde, mais également de la police et des hommes politiques qui sont sous sa coupe. Cela suffit à intimider les policiers les plus courageux et les plus endurcis… sauf, peut-être, les membres de la petite brigade officieuse de la LAPD dirigée par les sergents John O’Mara et Jerry Wooters qui, ensemble, vont tenter de détruire l’empire de Cohen.
Critique : Si un délateur vertueux pouvait nous indiquer discrètement le numéro du conseiller d’orientation de Ruben Fleischer - aka Mr. Zombieland - nous pourrions éventuellement le traîner au Palais de justice pour faute professionnelle. Était-ce si difficile de persuader le jeune homme qu’il était un forain en puissance, et non pas un réalisateur en sommeil ? Parce que lorsqu’il s’agit d’aimanter les crédules du côté de son stand années 40, en promettant casting prestige, défouloir classieux, vannes implacables, costumes trois pièces et son poids en cartouches à tout individu capable d’empoigner la queue de Mickey Cohen sans lâcher son pop-corn, l’animal fait ronfler son talent. Mais quand, au milieu du voyage, le bulbe abruti de belles promesses, vous subirez les ténèbres de la panne électrique, l’escroc aura déjà déserté la ville. Parce qu’à l’instar de ces boutiques qui comptent sur l’effet de mode pour nourrir la caisse, Gangster Squad a tout en vitrine, et rien en stock.
Avec sa tronche de soirée à thème James Ellroy, le film se lève pourtant du bon pied, et nous propulse rapidement dans le sillage d’un Josh Brolin qui, les poings au vent, l’œil charolais et les neurones dans la boîte à gants, concasse de la pommette de malfrat dans une séquence étonnamment bien découpée, voire nerveuse comme un boxeur en cavale. Nous ne sommes pas de ceux qui attendent des trésors d’écriture à tous les coins de blockbuster, et l’idée de suivre un gangster movie bas du front mais bien produit, sans exiger le sous-texte poseur que Hollywood cherche aujourd’hui à injecter derrière la moindre gifle, nous attire même plutôt. Hélas, non seulement le scénario de Will Beall tient sur une serviette jetable, et passe sur la caractérisation de ses personnages à mach 2 (le plus drôle étant quand même Ryan Gosling, dont le désir de vengeance folle est réveillé par la mort d’un cireur de chaussures auquel il tenait visiblement beaucoup mais que l’on avait vu à peu près quatre secondes à l’écran) ; mais Fleischer parvient aussi à étouffer le fun sous une mise en scène aussi paresseuse que ses dialogues (globalement indignes de figurer dans un bêtisier des Tortues Ninja), multipliant les super ralentis au lieu de cadrer correctement ses gunfights, tournant en roue libre des scènes de palabres - parodiques sans le vouloir - sur le traumatisme des anciens-combattants ou l’esprit de la loi, et se permettant même des clins-d’œil imbéciles à Tarantino, dont il semble condamné à admirer les chevilles de très loin pour le restant de ses jours.
Sean Penn aidant, malgré le latex de kermesse qui lui tapisse le visage, les quelques séquences isolant la monstruosité de Mickey Cohen condensent les meilleures idées plastiques du film, mais se vautrent promptement dans les montagnes de clichés qu’elles invoquent, avant de s’enfermer dans une ultra-violence de gamin irresponsable, pressé de diluer l’absence de tension dans une cruauté discount qui va faire rire les réalisateurs coréens sur trois générations. De la même façon, incapable de choisir entre la série B à la Robert Rodriguez et le drame wannabe Michael Mannien, Fleischer fait de son improbable gang une escouade hésitant entre la troupe de comiques et la congrégation de vengeurs concernés, dont la principale qualité (en tout cas dans la première moitié du film) est de ne pas avoir de plan. Mais ne vous inquiétez pas : vous n’aurez de toute façon ni le temps, ni les moyens de vous attacher à eux, puisque le film passe la ligne d’arrivée de son absurde récit en avance sur la logique, mais en retard sur tout le reste, et ce même si le dernier quart d’heure cherche à résoudre aux forceps des arcs narratifs dont même Steven Seagal refuserait d’être la flèche.
Simpliste, inconséquent, sous-produit du film noir tirant sur le gris clair, mais amoureux de son propre paquet cadeau, Gangster Squad est un thriller de chiffon. Que de la belle gueule, en somme. Enfin, pas seulement, puisque vous noterez que Nick Nolte a encore gagné quinze ans en six mois. Oui, bien sûr, c’est gratuit, mais c’est Fleischer qui a commencé.
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Sinophile 25 juillet 2020
Gangster Squad - la critique
Tout à fait d’accord. Une montagne de clichés et d’invraisemblances. Étonnant vu le casting ultra-prestigieux. Très pénible à regarder