Du venin dans les veines
Le 17 octobre 2021
Au départ pensé pour un public un peu plus adulte, Venom est ce que l’industrie hollywoodienne, et sa logique de marques recyclables à l’infini, peut faire de pire : laid, grotesque, dépourvu de sens. Un ratage total comme on en voit peu et qui relève tout simplement de l’accident industriel.
- Réalisateur : Ruben Fleischer
- Acteurs : Michelle Williams, Tom Hardy, Riz Ahmed, Jenny Slate
- Genre : Science-fiction, Action, Film de super-héros, Nanar
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Sony Pictures Releasing France
- Durée : 1h52mn
- Date télé : 9 décembre 2024 20:50
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Box-office : 2.278.807 entrées France / 582.545 entrées Paris Périphérie / 213.515.506$ (recettes USA)
- Date de sortie : 10 octobre 2018
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Résumé : Possédé par un symbiote qui agit de manière autonome, le journaliste Eddie Brock devient le protecteur létal Venom.
Critique : Le fond de l’espace, une musique atmosphérique légèrement angoissante... on penserait presque à l’ouverture d’un Alien, si ce n’était au loin les masses d’étoiles et de gaz réunies pour former les grands yeux du monstre dont le film fait son sujet. C’est dire la subtilité de l’illustration, c’est presque un manifeste esthétique du film à venir.
Bien chauffé par le succès des Deadpool et désireux de perpétuer la marque Spiderman bien que les droits du tisseur rouge et bleu appartiennent maintenant à Disney/Marvel, Sony sort bêtement de son chapeau l’un de ses grands ennemis, Venom donc. Bêtement, car le personnage n’a surtout d’intérêt que lorsqu’il se fait le miroir déformant des doutes et frustrations de Peter Parker, Eddy Brock lui-même étant presque le double négatif de l’alter ego de l’Araignée.
Ici, il est donc question d’une réinterprétation du personnage.
- © 2018 CPII. © & TM 2018 MARVEL
Eddy Brock est un journaliste d’investigation de la télévision qui documente les grands maux de la société en allant interroger au culot les responsables des désastres sociaux ou environnementaux. C’est ainsi qu’il tombe sur Carlton Drake, sorte d’Elon Musk qui joue avec ses fusées et pense régler tous les problèmes en allant coloniser d’autres planètes.
Ce faisant, évidemment, il ramène avec l’une de ses missions d’exploration le fameux symbiote, pâte visqueuse qui doit fusionner avec un être vivant pour pouvoir survivre.
Le film déroule ainsi une succession d’événements sans queue ni tête qui peinent à susciter l’intérêt tant l’ensemble n’est investi ni par un souci de mise en scène, ni par un semblant de direction d’acteur. Car le plus gros problème de Venom, c’est bien son personnage principal.
Tom Hardy semble s’être complètement perdu et, n’ayant rien de bien consistant à jouer, passe le film à grimacer, s’énerver ou à écarquiller les yeux. Sa première séquence d’action avec le Venom atteint très vite le grotesque, dans ce qui semble être un hommage involontaire fait à Buster Keaton qui se serait retrouvé dans un Fast and Furious.
- © 2018 CPII. © & TM 2018 MARVEL
Ailleurs, c’est une séquence de comédie (involontaire aussi ?) dans laquelle Brock termine dans l’aquarium à homards d’un grand restaurant qui provoque le malaise.
Le reste est à l’avenant. Et ce ne sont pas les séquences d’action qui sauvent le film : bouillies numériques en tourbillons de glus et dents luisantes, acteurs qui virevoltent sur fonds verts et filmés n’importe comment : tout est symptomatique d’un manque de vision d’ensemble, de point de vue, d’idées.
Venom est donc bel et bien un ratage, comme le laissait supposer la communication désastreuse autour du film. Un produit schizophrène, sûrement pensé au départ comme un film plus sombre et plus violent, mais qui s’est formaté en route par la frilosité d’un studio qui a préféré assurer les profits. Le spectateur se retrouve avec un monstre vorace qui devient un héros, ne laisse pas de sang et lance des vannes en voix off. Désolant.
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