Le 5 août 2025
Juin 1944 : Un condamné à mort échappe de justesse à son exécution, sauvé par un bombardement. Film de propagande américain maladroit malgré les talents conjugués des français Julien Duvivier et Jean Gabin.


- Réalisateur : Julien Duvivier
- Acteurs : Jean Gabin, John Qualen, Peter van Eyck , Charles McGraw, Ian Wolfe, Ralph Morgan, Ellen Drew, Eddie Quillan, Richard Whorf
- Genre : Drame, Film de guerre, Noir et blanc
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h30mn
- Titre original : The Impostor
- Date de sortie : 5 juin 1946

L'a vu
Veut le voir
– Année de production : 1944
Résumé : 14 juin 1940, prison de Tours. Clément (Jean Gabin), condamné à mort, doit être guillotiné le jour même. Au moment où on le conduit à l’échafaud, un bombardement tue tout le monde, sauf lui.
Critique : Le détenu, miraculeusement sauvé, va s’enfuir et rejoindre la route de l’exode qui a suivi la débâcle de 1940. À la suite d’une fusillade, il va usurper l’identité d’un soldat mort avant de reprendre la route.
Ce film de propagande américain à la gloire du général de Gaulle et des Forces françaises libres est avant tout une curiosité. Tourné en 1944 pour le public américain, il est réalisateur par le Français Julien Duvivier et joué par l’un des plus importants acteurs de l’Hexagone des dix années précédentes, Jean Gabin, tous deux expatriés pour avoir refusé de poursuivre leurs activités dans la France occupée.
La parenthèse américaine ne fut une vraie réussite, ni pour l’un, ni pour l’autre. Duvivier tournera quatre films, qui ne passeront pas à la postérité, celui-ci étant le dernier. Il restera ensuite, fait unique dans sa carrière prolifique, deux ans sans tourner, avant de retrouver la France. Gabin quant à lui ne tournera que deux longs métrages américains, pour lesquels il apprendra tout de même à parler anglais. Avant L’imposteur, il a joué dans un film noir La péniche du bonheur (Moontide, 1942) d’Archie Mayo avec Ida Lupino. Rien d’inoubliable non plus. Touché par le mal du pays et par patriotisme, il rentrera en France après le film de Duvivier pour s’engager dans les Forces françaises combattantes. Il reviendra au cinéma en 1946 avec Martin Roumagnac de Georges Lacombe, dans lequel il donnera la réplique à Marlene Dietrich.
Le film, distribué en en France après la guerre, sera particulièrement mal accueilli : plus d’actualité et trop américain.
Le long métrage par lui-même souffre de plusieurs handicaps. Même s’il est tourné par un français, la représentation de la guerre de 40 reste très hollywoodienne. Pour illustrer le décalage, on découvre que les discours de Pétain, puis du général de Gaulle, écoutés à la radio par les soldats, sont en anglais, ce qui affaiblit sérieusement la dramaturgie.
Hormis Gabin, tous les autres acteurs interprétant des Français sont américains, un autre élément qui nuit à la crédibilité. Quant à Gabin, probablement gêné par la langue et l’univers hollywoodien, il ne semble pas très convaincu par son personnage de meurtrier repenti. De plus, l’histoire rappelle celle d’un autre film du duo Duvivier/Gabin, autrement plus réussi (La bandera, 1935), ce qui n’est pas non plus à son avantage.
Même mineur dans les filmographies de Duvivier et Gabin, L’imposteur n’est pas catastrophique et reste un témoignage cinématographique que l’on peut qualifier d’historique.
De retour en France, Jean Gabin, croyant si peu au succès du film, refusa de participer au doublage. C’est Robert Dalban que l’on entend dans la version française !
- Copyright Universal Pictures