Le 9 mars 2025
Manipulations, pots de vin dans le milieu de la construction immobilière, tel est le contenu de ce film tourné comme un thriller mais dont le dénouement laisse le spectateur un peu sur sa faim.


- Réalisateur : Sylvain Desclous
- Acteurs : Jeanne Balibar, Damien Bonnard, Cédric Appietto, François Busnel, Sharif Andoura, Antonia Buresi
- Genre : Drame, Thriller
- Nationalité : Français
- Distributeur : The Jokers
- Durée : 1h41mn
- Date de sortie : 5 mars 2025
- Festival : Festival d’Angoulême 2024

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Résumé : Directeur de travaux, David est à la tête du chantier d’une grosse tour en construction à La Défense. Retards insurmontables, pressions incessantes et surmenage des équipes : il ne vit que dans l’urgence. Lorsqu’il croise le chemin de Victoria, ambitieuse DRH d’une multinationale, il est immédiatement séduit par son audace et sa liberté. Entre relation passionnelle et enjeux professionnels, David va se retrouver pris au piège d’un système qui le dépasse.
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Critique : David est un architecte brillant. Sauf que la pression immobilière du promoteur est telle qu’il est prêt à tout abandonner. Non, son ras-le-bol ne provient pas de la rémunération, mais de ce stress incessant qui pousse les clients et les directions à des propos inadmissibles et met les équipes d’ouvriers dans des conditions de travail incompatibles avec leur métier. Et, hasard ou pas, le quadragénaire tombe sur Victoria qui va lui ouvrir une voix nouvelle, entre amour libertin, mystère et manipulation professionnelle.
- Copyright 2023 CINEFRANCE STUDIOS - MADISON FILMS
Le système Victoria est inspiré d’un roman d’Éric Reinhardt (2011), lequel d’ailleurs a participé à l’adaptation. Un cinéaste a le droit de se distancer de l’écriture ; et justement, si globalement l’intrigue est bien menée, son aboutissement laisse le spectateur sur une véritable déception qui donne à l’ensemble un goût amer. L’histoire d’amour qui se trame entre David et Victoria est intercalée avec l’environnement professionnel de l’architecte qui est pressurisé pour achever l’ouvrage, avec en sous-main, des tentatives de faire ralentir le chantier contre d’obscures enveloppes financières. On perçoit pendant toute la durée du récit la tension dans laquelle l’homme est pris, tension qui le met dans des états de stress maltraitants pour lui-même et ses collaborateurs. Seule Victoria affiche une confiance en soi inébranlable, dans un univers où elle a l’habitude de manier le pouvoir, la langue de bois et l’argent.
Les deux acteurs principaux, à savoir Jeanne Balibar et Damien Bonnard, sont, comme d’habitude, irréprochables dans cette intrigue noire et habile. Chacun campe un personnage tranché, qui renverse avec justesse les limites entre le bien et le mal. La froideur et l’ambition de la DRH est en opposition avec l’anxiété de l’architecte, capable de révéler un visage colérique et tissé de mensonges auprès de ses collègues proches. La mise en scène de Sylvain Desclous se plaît à brouiller les cartes, de sorte qu’on ne sait plus vraiment en qui les personnages peuvent avoir confiance. De nombreuses scènes sont tournées dans des hôtels, ou la nuit, ce qui rajoute au trouble qui s’installe dans le film.
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Mais le long-métrage s’enlise parfois dans des excès narratifs, qui font peser un soupçon de complaisance, notamment à l’égard du personnage de Victoria. On comprend que le film comme le roman porte son nom et qu’à ce titre, elle occupe le devant de la scène. Mais le manque de nuances, l’absence d’émotions, la confiance absolue en elle-même, pas loin des figures psychologiques du pervers narcissique, laissent le spectateur un peu dubitatif. Mais on ne pas se plaindre. Les une heure quarante passent relativement vite, sans ennui, tant on a hâte de découvrir ce qui se trame réellement entre l’architecte et la directrice des ressources humaines.
Si l’on veut être rassuré sur le monde de l’immobilier, il ne faut pas aller voir Le système Victoria. En effet, la réalisation fait la démonstration d’un univers sanguin, égocentré, avec de tels enjeux financiers que tous les coups bas sont permis. Voilà donc un film honnête, fascinant par certains aspects, mais qui ne révolutionnera pas l’histoire du cinéma.
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