Le 17 octobre 2025
Le premier long métrage du fils de Julian Schnabel ne manque pas d’audaces, de charme et de références mais s’égare dans un dispositif maladroit et incertain.
- Réalisateur : Olmo Schnabel
- Acteurs : Emmanuelle Seigner, Willem Dafoe, Peter Sarsgaard, Maribel Verdú, Jordi Mollà, Peter Greene, Dario Yazbek Bernal , Camille Rowe, Jack Irv, Louis Cancelmi
- Genre : Thriller, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Britannique, Italien, Mexicain
- Distributeur : Les Films du Camélia
- Durée : 1h50mn
- Date de sortie : 22 octobre 2025
- Festival : Festival de Venise 2023
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– Année de production : 2023
Résumé : Poussé par le désespoir, Alejandro, le fils rebelle d’une famille mexicaine, décide de tout quitter pour échapper à l’emprise de son père. À New York, il rencontre Jack, un jeune employé d’animalerie à l’univers tout aussi cabossé. Entre eux, l’attirance est immédiate, et leur histoire d’amour les entraîne dans une spirale envoûtante au cœur des bas-fonds de Manhattan, entre excès, drogues et perte de repères…
Critique : Ce long métrage d’Olmo Schnabel a les qualités et les limites des premiers films sincères mais maladroits, fougueux mais surchargés, référentiels mais peinant à imposer une griffe véritable. Le cinéaste n’est autre que le fils du réalisateur et artiste peintre Julian Schnabel, à qui l’on doit les honnêtes Basquiat, Avant la nuit et Le scaphandre et le papillon. Schnabel fils avait écrit un scénario prometteur, coécrit avec Jack Irv ; le tournage d’une première version a pu séduire Martin Scorsese qui a accepté de devenir producteur exécutif du film. Sur le papier, la trame a certes de quoi séduire : un récit croisé de deux jeunes hommes en mal-être avec leur milieu familial, une passion torride à la fois euphorique et foireuse, une plongée sans concessions dans les milieux glauques newyorkais, un portrait des relations compliquées entre les États-Unis et le Mexique. Olmo Schnabel a pu déclarer dans les notes d’intention : « En grandissant à Manhattan, j’ai toujours considéré la ville comme un endroit attachant et inspirant. Mon déménagement à Mexico City pendant la pandémie m’a permis de réfléchir à ma relation avec la ville où j’ai grandi et d’explorer à la fois ses côtés les plus attirants et toxiques. Partir de chez moi m’a permis de prendre de la distance et de trouver ce nouvel angle d’approche présent dans PET SHOP DAYS. J’ai voulu écrire une lettre d’amour au New York qui n’existe plus, où les rencontres sont inattendues et les possibilités sont infinies ».

- © 2025 Les Films du Camélia. Tous droits réservés.
Le plus réussi de ce coup d’essai réside dans la description des déboires du couple formé par Alejandro (Darío Yazbek Bernal, demi-frère de Gael García Bernal) et Jack (Jack Irv), dans un vertigineux portrait qui n’est pas sans évoquer l’univers décrit par un Gus Van Sant dans My Own Private Idaho. Quelques séquences convoquent aussi, avec plus ou moins de bonheur, des souvenirs de métrages signés Abel Ferrara, Paul Schrader voire Larry Clarke, avec un habillage toutefois plus soft, le film ayant échappé (sans doute de justesse) à une interdiction aux moins de douze ans... Mais Pep Shop Days peine à tenir la route et transcender ses influences (on pourrait citer aussi Jarmusch ou Sean Baker). Les tics d’un certain cinéma indépendant peinent désormais à impressionner, d’autant plus que la narration souffre d’ellipses maladroites, de séquences bâclées (le cambriolage chez la vieille dame) et d’un montage hasardeux.

- © 2025 Les Films du Camélia. Tous droits réservés.
Mais le plus agaçant réside dans la description des figures parentales : le père mafieux de Jack est une caricature d’autorité toxique, quand les dialogues octroyés aux parents d’Alejandro frisent le ridicule : on est peiné pour Willem Dafoe et Emmanuelle Seigner, interprètes chers à nos cœurs de cinéphiles mais qui ont du mal à donner de la chair à des personnages auxquels on ne croit pas une seconde. Nous sommes donc quelque peu déçus par ce film présenté en 2024 dans la section Orizzonti du Festival de Venise, et qui a dû attendre plus d’un an avant de connaître une distribution dans nos salles. Peut-être le second long métrage d’Olmo Schnabel permettra-t-il de rectifier le tir après cette première tentative cinématographique insuffisamment aboutie.
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