Le 5 février 2025
Il fallait un grand cinéaste comme Steven Soderbergh pour faire de cette histoire de maison hantée par une présence ésotérique maintes fois montrée au cinéma, un petit bijou d’ingéniosité et d’habileté. Une vraie réussite.


- Réalisateur : Steven Soderbergh
- Acteurs : Lucy Liu, Chris Sullivan, Julia Fox, Callina Liang, Eddy Maday, West Mulholland
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur, Teen movie, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h25mn
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 5 février 2025

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Résumé : Une famille emménage dans une nouvelle maison, où une mystérieuse présence hante les lieux.
Critique : Ça commence comme tous les films du genre : une visite dans une maison luxueuse par un agent immobilier pressé de la vendre et peu scrupuleux. La famille qui s’installe appartient à la classe moyenne supérieure américaine, constituée de deux adolescents et d’un couple mixte. Presence est bien dans l’air du temps avec ce goût pour la diversité culturelle, ces méthode éducatives où les parents encouragent au dialogue et à l’écoute des enfants, et l’attrait pour une existence bourgeoise mais apparemment assez simple. Sauf que la jeune fille ressent dès la première visite le souffle d’un être invisible dont elle semble assez proche. S’agit-il de sa meilleure amie disparue dans des conditions tragiques ou d’un esprit ni mauvais ni bon qui rôde dans le placard de la chambre ?
- Copyright Sundance Institute
Il ne faut pas s’attendre dans cette fiction aux poncifs du genre avec des fantômes assoiffés de mort qui se révèlent peu à peu au fur et à mesure de l’histoire, et terrorisent les hôtes de la demeure. La présence mystérieuse de cette âme est plus furtive, plus discrète, signifiée notamment par une caméra subjective qui accompagne ses mouvements lascifs dans la maison. La tension ne flirte jamais avec l’horreur, se situant moins dans cette présence étrange que la complexité relationnelle des parents et des deux enfants, emprunte de violence sourde, de conflits implicites. L’actualité s’invite dans la maison familiale avec les violences commises contre les femmes, le harcèlement scolaire et le cynisme des adolescents qui commettent des actes d’agression psychologique contre leurs pairs.
Presence est un film malin et subtil. Le cinéaste emmène ses spectateurs dans un genre assez éloigné de ce qu’il fait habituellement, à l’exception peut-être de Sexe, mensonges et vidéo qui jouait habilement avec l’ambiguïté des relations homme femme où désir et pouvoir sur l’autre s’invitaient dans le lien de séduction. En fait, le fantastique ne constitue qu’une opportunité pour le cinéaste de décrypter les rapports emprunts de violence entre les protagonistes. Car cet esprit qui hante la maison semble moins agressif qu’en quête de protection de la jeune femme qui ne parvient pas à faire le deuil de la disparition de son amie.
- Copyright Sundance Institute
Nous sommes donc face à un long-métrage d’une grande inventivité. La présence de la caméra qui figure le regard de cette âme voyageuse apporte beaucoup d’intelligence au propos. On est loin des demeures qui recèlent dans leurs placards des monstres tyranniques ou des exorcistes appelés à la rescousse dans ce genre d’aventure. Une femme est tout de même convoquée pour donner son avis sur cette présence, du fait de ses talents médiumniques, mais elle est recalée par la mère de famille qui ne supporte pas que ses conseils soient tarifés. Bref, Presence bouscule totalement le genre du film d’épouvante en faveur d’une œuvre moins horrifique que psychologique.
Presence demeurera réservé à un public moins friand de films d’horreur que pétri d’une certaine culture du septième art. La mise en scène, résolument dépouillée, est très maîtrisée, grâce notamment aux mouvements de la caméra et un montage aussi discret qu’efficace. Les acteurs assument avec brio ces figures familiales qui, jusqu’à la dernière minute du film, taisent les secrets qui semblent les étreindre. En tout cas, le spectateur avisé ne sera pas déçu, dès lors qu’il aura admis que les pires monstruosités sommeillent moins dans les murs de nos maisons qu’à l’intérieur de nos propres âmes.
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