Le 8 juillet 2025
Le second volet de la trilogie, qui donne le rôle central à Mads Mikkelsen, pousse le curseur plus loin dans la noirceur et le pessimisme. Et Nicolas Winding Refn est toujours aussi incisif dans sa mise en scène.
- Réalisateur : Nicolas Winding Refn
- Acteurs : Mads Mikkelsen, Zlatko Burić, Leif Sylvester, Anne Sørensen, Kurt Nielsen, Øyvind Hagen-Traberg, Maria Erwolter
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters, Action
- Nationalité : Britannique, Danois
- Distributeur : The Jokers
- Durée : 1h36mn
- Reprise: 9 juillet 2025
- Titre original : Pusher II
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 26 juillet 2006
- Festival : Festival de Venise 2024
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– Reprise en version restaurée : 9 juillet 2025
– Année de production : 2004
Résumé : À Copenhague, Tonny sort de prison. Il a suivi une cure de désintoxication et peut désormais se présenter chez Smeden, son père, pour obtenir du travail. Celui-ci possède un garage qu’il dirige d’une main de fer. En fait, Smeden traîne aussi dans le milieu où il est connu pour revendre des voitures volées. Tonny, qui veut prouver sa valeur, dérobe une voiture de sport. Mais Smeden, en colère, lui fait la morale. Humilié, Tonny enrage.
LA CRITIQUE DE PUSHER III : L’ANGE DE LA MORT
Critique : L’expérience de Pusher avait été amère pour Nicolas Winding Refn, qui avait ensuite signé Bleeder et Inside Job qui furent, surtout le second, des échecs commerciaux. L’idée de réaliser une suite à Pusher a été fondée sur deux motivations. D’une part, le cinéaste souhaitait repartir à zéro, reprenant le matériau de son premier long métrage, souhaitant avoir un total contrôle en créant sa société de production. Il précise ainsi : « Le film (PUSHER) s’est très mal vendu et j’ai réussi à me persuader que je serais capable de mieux faire. Au pire, si ça ne marchait pas, je ne pourrais m’en prendre qu’à moi-même. Ce serait une très bonne leçon. De plus, j’avais l’intuition que si on veut faire des films, il y a deux choses à bien apprendre : à écrire et à bien distribuer le film. Et je ne suis pas expert dans les deux domaines, il fallait que je comprenne les règles de ce monde. » (dossier de presse fourni par The Jokers, 2025). D’autre part, la dette de production liée à Inside Job l’a incité à rebondir. Pusher II : Du sang sur les mains reprend donc le décor et les méthodes de tournage de Pusher mais on sent chez le cinéaste la volonté d’imprimer davantage sa marque, avec notamment une vision désenchantée de l’existence, une violence qui traduit le désarroi des protagonistes ; se détachant de l’amateurisme supposé de son ex-coscénariste. Mads Mikkelsen tient dans ce volet le rôle principal, avec le personnage de Tonny, qui passait un sale quart d’heure dans Pusher.

- © 2025 The Jokers Films. Tous droits réservés.
Tonny sort de prison et cherche à s’intégrer en se rapprochant de Smeden, son père (Leif Sylvester). Ce dernier tient un garage qui cache en fait un trafic de drogue, et voit d’un mauvais œil le retour de ce fils qu’il considère comme un raté. Tonny traîne avec son pote « Kurt le con », un bras cassé (dans tous les sens du terme) avec lequel il joue les hommes de main. Par rapport à Pusher, Du sang sur les mains intègre la dimension filiale avec la relation entre Smeden et Tonny mais aussi Smeden et un jeune garçon, demi-frère de Tonny, mais nettement préféré par le père. Tonny tente de retrouver l’estime de ce dernier, tout en apprenant que lui-même serait le père du bébé d’une prostituée. Une réflexion à multiples niveaux sur la paternité fait l’une des richesses du film, qui rejoint ici (par le style ou le propos) d’autres longs métrages dont Flesh de Paul Morrissey, Little Odessa de James Gray et Prince of Broadway de Sean Baker. La dernière partie, aux accents de tragédie, est d’ailleurs l’un des moments forts de la narration. Même si la méthode Refn (présentation des personnages au début du générique, impression de semi-documentaire, recours à des non-professionnels pour incarner toute une faune de Copenhague) est dans la continuité du premier volet, on est ici face à un pessimisme et une noirceur totale, des proches que l’on veut éliminer aux règlements de comptes sans pitié.

- © 2025 The Jokers Films. Tous droits réservés.
La sexualité est également un axe plus explicite que dans le premier Pusher, moins par les propos graveleux entre mecs qui y étaient déjà perceptibles, que par des séquences révélant toute la détresse humaine. Mads Mikkelsen crève l’écran en incarnant cet homme à la fois inquiétant et fragile, qui cherche une vaine rédemption car s’y prenant très mal et étant victime d’un déterminisme qui le poursuit. Tonny est l’un des personnages les plus attachants et réussis de l’œuvre de Refn, et celui que le public avait remarqué le plus dès le début de la trilogie, avec sa présence imposante et son tatouage ostensible (qui n’était pas une mode à l’époque). Dans les affiches initiales, c’est Tonny photographié de dos qui illustrait les trois films, quand le visage de Mads est au cœur du visuel pour la reprise initiée par The Jokers en 2025. Pourtant, Tonny n’est que l’un des trois personnages centraux de la trilogie. Il faut dire qu’entre-temps, Mads Mikkelsen a confirmé son immense talent et acquis une solide réputation internationale en ayant été dirigé par Refn à nouveau (Le guerrier silencieux, Valhalla Rising) et d’autres dont Vinterberg (Drunk). La trilogie Pusher fut proposée pour la première fois au public français en 2006, à l’initiative du distributeur les Acacias. Une version restaurée a été présentée à la Mostra de Venise en 2024. The Jokers a eu la bonne idée d’une reprise en salles en juillet 2025.
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