Le 23 juin 2025
Moins qu’un énième récit sur la traque d’humbles héros par des zombies agressifs, 28 ans plus tard est un formidable parcours initiatique qui voit l’avènement d’un guerrier contraint par les épreuves de la vie de grandir sans ses parents. Une réussite incontestable.


- Réalisateur : Danny Boyle
- Acteurs : Ralph Fiennes, Jack O’Connell, Aaron Taylor-Johnson, Jodie Comer, Alfie Williams, Erin Kellyman, Edvin Ryding
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur, Teen movie, Film de zombies
- Nationalité : Britannique
- Distributeur : Sony Pictures
- Durée : 1h55mn
- Titre original : 28 Years Later
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
- Date de sortie : 18 juin 2025

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Résumé : Cela fait près de trente ans que le virus de la Fureur s’est échappé d’un laboratoire d’armement biologique. Alors qu’un confinement très strict a été mis en place, certains ont trouvé le moyen de survivre parmi les personnes infectées. C’est ainsi qu’une communauté de rescapés s’est réfugiée sur une petite île seulement reliée au continent par une route, placée sous haute protection. Lorsque l’un des habitants de l’île est envoyé en mission sur le continent, il découvre que non seulement les infectés ont muté, mais que d’autres survivants aussi, dans un contexte à la fois mystérieux et terrifiant…
Critique : Quand on pense au nom de Danny Boyle, c’est l’incroyable Trainspotting qui arrive immédiatement sur les lèvres. Et pourtant, trente ans se sont écoulés depuis le second long-métrage du brillant réalisateur qui n’a pas perdu un gramme de créativité et de rythme. 28 ans plus tard s’inscrit évidemment dans la continuité de 28 jours plus tard même si le film peut se laisser absolument regarder isolément. Le terrible virus échappé d’un laboratoire d’armement a balayé la planète. Seule survit une petite communauté anglo-saxonne, qui parvient à résister aux attaques des zombies sur une île dont l’accès est uniquement possible à marée basse. Et c’est là qu’apparaît le jeune héros Spike, qui, aux côtés de son père Jamie, va apprendre à pourchasser les humains contaminés à l’aide d’un arc et de flèches acérées, sans jamais céder à la peur. Mais les choses se compliquent car la mère de l’intrépide chasseur est mourante et une sortie périlleuse sur le continent lui a permis de constater qu’un médecin continue de survivre et pourrait apporter à Isla le traitement qui la sauverait.
28 ans plus tard ne faillit pas à la facilité d’un film construit sur les traques répétées de zombies fous furieux et de héros courageux. Le récit ouvre sur des voies plus complexes, plus sombres où les personnages sains révèlent des failles personnelles tout aussi difficiles à assumer que la chasse des zombies elle-même. Ainsi, le long-métrage déploie le chemin matériel et symbolique du jeune Spike pour sortir de l’enfance en prenant de la distance avec son père et en acceptant la maladie de sa mère. Les plongées angoissantes sur le continent, totalement déserté en dehors des zombies affamés qui errent dans les maisons abandonnées et la nature, témoignent de la transformation intime du garçon qui va appréhender plus rapidement qu’il ne l’avait prévu, l’indépendance. Finalement, les échappées virevoltantes contre les zombies ne sont qu’une opportunité pour le cinéaste de raconter à travers les épreuves quasi initiatiques que subit le jeune adolescent, l’avènement du statut de guerrier.
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Il faut reconnaître que l’usage des images est très habile. Les premières séquences laissent flotter un sentiment de brouillon, voire d’exagérations esthétiques. Mais en fait, elles se révèlent peu à peu complètement pertinentes, permettant au film d’endosser une hauteur supplémentaire dans la manière d’aborder les troubles que traversent les personnages. La beauté des lieux apporte au récit une puissance narrative qui va bien au-delà d’un simple film d’horreur. Les comportements multiples des zombies témoignent aussi d’une volonté de réinventer le genre largement éprouvé au cinéma depuis le fameux La nuit des morts vivants de George A Romero. 28 jours plus tard était déjà à sa sortie un objet de cinéma d’épouvante absolument novateur qui ressemblait à une balade post-apocalyptique d’un jeune sorti du coma. Le défi de la perte de ses parents était déjà convoqué, à la façon de ce nouvel opus où Spike doit faire le deuil d’un père bien loin de l’image idéalisée et héroïque qu’il véhicule, et d’une mère dont on pressent que la maladie dont elle souffre finira par l’emporter.
Le film ne lésine pas sur le rythme. Pourtant les dialogues peuvent sembler assez longs, mais sont nécessaires pour appréhender la complexité et la cruauté de la communauté des rescapés qui utilisent la chasse des zombies pour se fabriquer des figures charismatiques et fédératrices en faveur d’un projet de société. L’agressivité des zombies est en tout point semblable à celle des hommes qui ont survécu au virus.
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Danny Boyle tente de faire l’illustration métaphorique du racisme et de la discrimination à travers ces deux sociétés séparées par des murs et la mer, avec d’un côté ceux qui se vivent comme civilisés, et de l’autre ceux qui sont perçus comme des sauvages. D’ailleurs, la mise en scène cultive le doute quant à la période où se déroule l’histoire avec le retour d’armes et de pratiques guerrières issues du Moyen Âge ainsi que la subsistance d’objets électroniques qui n’ont plus d’utilité dans ce monde. Le spectre de la fin du monde hante un univers qui s’en remet au déterminisme de Dieu et se retrouve contraint de se reconstruire à partir d’un âge et d’une époque anciens.
28 ans plus tard est une formidable surprise sur les écrans français, au début de l’été 2025. Danny Boyle confirme son souhait de réinventer le style du film de zombies, tout en revenant à ses thèmes de toujours, à savoir la difficulté à devenir adulte et à faire le deuil du mensonge de ses parents.
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