L’âme humaine sur un plateau
Le 27 juin 2008
Un drame dans un décor dépouillé et une atmosphère de série noire. Dommage que la remarquable scénographie nous prive de la réflexion habituellement plus aboutie de Lars von Trier sur l’âme humaine.

- Réalisateur : Lars von Trier
- Acteurs : Nicole Kidman, Lauren Bacall, Paul Bettany, Chloë Sevigny, Stellan Skarsgård, Ben Gazzara, James Caan, Philip Baker Hall
- Genre : Drame
- Nationalité : Danois
- Distributeur : Les Films du Losange
- Editeur vidéo : H2F
- Durée : 2h57mn
- Date de sortie : 21 mai 2003
- Festival : Festival de Cannes 2003

Résumé : Dans les années 30, des coups de feu retentissent un soir dans Dogville, une petite ville des Rocheuses. Grace, une belle femme terrifiée, monte en courant un chemin de montagne où elle fait la rencontre de Tom, un jeune habitant de la bourgade. Elle lui explique qu’elle est traquée par des gangsters et que sa vie est en danger. Encouragée par Tom, la population locale consent à la cacher, en échange de quoi Grace accepte de travailler pour elle. Lorsqu’un avis de recherche est lancé contre la jeune femme, les habitants de Dogville s’estiment en droit d’exiger une compensation, vu le risque qu’ils courent à l’abriter. Mais la pauvre Grace garde en elle un secret fatal qui leur fera regretter leur geste...
Critique : Couronné par la Palme d’or en 2000 pour Dancer in the Dark, qui mettait en scène Björk, éblouissante, Lars von Trier revient avec Dogville, une composition construite sur un tout autre tempo. À l’extraordinaire concerto électro expérimental succède la série noire à la mode BD.
Dogville, USA. Bled perdu au milieu des Rocheuses. On y vit chichement, sans ambition, mais tranquillement. Grace, belle jeune femme poursuivie par des gangsters, y fait irruption et y déclenche une révolution. Elle confronte le village à l’inconnu, forçant ses habitants au référendum. Peuvent-ils accepter cette étrangère dans leurs rangs ? Ils lui donnent quinze jours pour faire ses preuves. Conseillée par Tom, jeune pseudo-écrivain qui se range à ses côtés plus en stratège qu’en ami, Grace décide de proposer ses services. Personne n’a besoin de rien mais peu à peu, pour les raisons les plus diverses, on accepte son aide. Le climat passe de l’émerveillement à la suspicion, puis au mépris, pour finir par faire de Grace le bouc émissaire de toutes les frustrations et de tous les fantasmes.
Lars von Trier ne se laisse pas enfermer dans un genre, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec Dogville, il échappe à tous ses codes habituels pour se recomposer un univers. Celui-ci tient du jeu de société avec un décor dépouillé à l’extrême, ressemblant à s’y méprendre à un plateau de Cluedo. Les contours des rues, des maisons, des arbustes et des plantations sont dessinés sur le sol à la craie. Une atmosphère théâtrale renforcée par des éclairages aux clairs-obscurs très contrastés, évoquant les lueurs fantomatiques des bougies d’un Georges de la Tour.
Cette scénographie inhabituelle fonctionne très bien pour quiconque accepte de se prêter au jeu. Car c’est bien à un jeu que le spectateur est invité à participer. De même que dans le scénario, la survie de Grace est envisagée comme un jeu. Chacune de ses tentatives d’intégration à la communauté est longuement combinée comme dans une partie stratégique où l’on ne déplace pas une pièce au hasard. L’interprétation des acteurs est irréprochable. Quant à Nicole Kidman, qui démontre ici qu’elle a vraiment du chien, elle irradie l’écran.
Le seul bémol à cette nouvelle balade dans l’imaginaire de Lars von Trier réside dans la légèreté avec laquelle le réalisateur manipule des thèmes aussi exigeants que le don de soi, la peur d’aimer, la crainte de l’inconnu et la rédemption. À force de vouloir explorer l’âme humaine sous tous les angles, il semble parfois s’y noyer. Ainsi, on sort de la projection un peu flottant, avec la vague frustration de n’avoir fait que rester à la surface d’autant de profondeurs.
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fouinette 7 novembre 2005
Dogville - Lars von Trier - critique
Très bizarre ce film que je viens de voir sur arte. Il oscille entre la pièce de théâtre et l’eexercice de style. j’avoue que la performance est belle et que l’idée a le mérite d’être originale mais j’ai eu du mal à accrocher. Beaucoup de mal.
Je me demande si je ne suis pas passée à côté du film tant les critiques en font l’éloge. Dommage peut-être mais moi je me suis ennuyée ferme...