Le 6 août 2025
Une adaptation du célèbre mythe assez conventionnelle, souffrant d’un montage publicitaire et d’un manque d’inspiration.


- Réalisateur : Luc Besson
- Acteurs : Christoph Waltz, Guillaume de Tonquédec, Caleb Landry Jones, Anne Kessler, Matilda De Angelis, Zoe Bleu, Ewens Abid, Raphael Luce
- Genre : Drame, Fantastique, Épouvante-horreur, Romance, Remake, Film de vampire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Société nouvelle de distribution (SND)
- Durée : 2h09mn
- Titre original : Dracula: A Love Tale
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 30 juillet 2025

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Résumé : Au XVe siècle, le prince Vladimir renie Dieu après la perte brutale et cruelle de son épouse. Il hérite alors d’une malédiction : la vie éternelle. Il devient Dracula. Condamné à errer à travers les siècles, il n’aura plus qu’un seul espoir : celui de retrouver son amour perdu.
Critique : Réalisé, écrit et produit par Luc Besson, en partenariat avec plusieurs sociétés dont TF1 et SND, ce Dracula était l’un des événements médiatiques de l’été 2025, même si le cinéaste s’est montré plutôt discret dans le plan média. On pouvait être séduit sur le papier par cette nouvelle adaptation de la légende du vampire, Besson ayant souhaité revenir aux sources du matériau littéraire de Bram Stoker, et insuffler une dimension romanesque en insistant sur la tragique histoire d’amour initiale. Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes. Certes, de l’ex-wonder boy du cinéma français, champion du box-office des années 1980 et 90, on n’espérait pas une œuvre de la trempe du Nosferatu de Murnau ou des Dracula signés Browning ou Coppola. Mais le réalisateur avait les moyens d’atteindre la virtuosité d’une production de la Hammer ou l’élégance déployée par un Neil Jordan dans le mineur mais très agréable Entretien avec un vampire. Et le naïf mais efficace DogMan avait révélé que Besson n’avait pas perdu la main. Certes, son Dracula n’a pas la prétention et la boursouflure du Nosferatu de Robert Eggers (pour un avis contraire lire la critique de Julien Rocher). L’œuvre comporte même quelques séquences qui se laissent regarder sans déplaisir, d’une poésie bon enfant mais gracieuse, d’un flacon de parfum miraculeux que le comte agite pour attirer ces dames et retrouver sa belle, à la petite boîte de musique made in Constantinople censée raviver les ardeurs d’une passion enfouie.
- Caleb Landry Jones
- © 2025 LBP – EUROPACORP – TF1 FILMS PRODUCTION – SND. TOUS DROITS RÉSERVÉS – SHANNA BESSON
Et l’on pourra éprouver le plaisir du lecteur feuilletant un bel album d’images où s’apprécient avec sincérité les talents du décorateur Hugues Tissandier, du directeur photo Colin Wandersman ou de la cheffe costumière Corinne Bruand. Mais dans cette coproduction tournée en Finlande et à Paris, avec casting international et équipe artistique et technique majoritairement française, Besson semble s’égarer dans un excès de moyens et une esbroufe qui ne sauraient se substituer à une réelle inspiration. À propos du budget, le cinéaste déclare justement dans le dossier de presse. « J’ai tourné mes premiers films avec très peu de moyens et, aujourd’hui, je suis très sensible au fait que l’argent soit sur l’écran et pas ailleurs. J’ai la chance de pouvoir mobiliser des centaines de danseurs et de figurants qui, tout en restant dans l’ombre, font preuve d’un dévouement et d’une bienveillance qui m’ont porté. Ils donnent de la chair à toutes les séquences de foule, comme celles des cours d’Europe, du couvent et de la fête foraine à Paris. C’est grâce à eux que ces moments du film sont aussi incarnés. De même, j’ai pu travailler avec plusieurs grands techniciens, parmi les meilleurs au monde, que ce soit au son, au mixage ou à l’étalonnage. Pour l’anecdote, l’étalonneur, qui est français et vit aux États-Unis, travaille régulièrement pour Martin Scorsese, Quentin Tarantino et Steven Spielberg. »
- Caleb Landry Jones
- © 2025 LBP – EUROPACORP – TF1 FILMS PRODUCTION – SND. TOUS DROITS RÉSERVÉS – SHANNA BESSON
Le problème de Dracula vient précisément de ces moyens affichés ostensiblement sur l’écran. Un budget élevé n’est pas un problème en soi, et se justifie quand les résultats ont pour titre Les affranchis, Inglourious Basterds ou Les aventuriers de l’arche perdue. Or, le film de Besson ressemble en grande partie à un vidéoclip en format long dans lequel on cherche à épater le spectateur par un montage publicitaire, une débauche d’effets spéciaux et une bande sonore assourdissante (musique grandiloquente de Danny Elfman). Des premières séquences se déroulant au Moyen Âge, convoquant le triste souvenir de sa Jeanne d’Arc, au dénouement roumain dans lequel Christoph Waltz se prend pour Max von Sydow dans L’exorciste, (presque) tout n’est que bruit et fureur. On regrettera en outre un casting inégal. Si Caleb Landry Jones, pour son deuxième film avec le réalisateur, confirme son charisme et un jeu solide, cela n’est pas toujours le cas de ses partenaires. Dracula de Besson nous aura donc peu convaincus mais nous attendons tout de même avec intérêt le prochain long métrage du réalisateur.