Les biches - Claude Chabrol - critique

Critique : Les deux femmes vont partir pour Saint-Tropez, où Frédérique possède une superbe villa. Dans la maison, deux hurluberlus (Dominique Zardi et Henri Attal), sortes de gardiens qui vivent aux crochets de la propriétaire, assurent l’ambiance. Why sera tout à la fois la maîtresse, la confidente ou encore la servante de Frédérique, selon l’humeur. Les choses vont changer quand, lors de l’une des nombreuses soirées organisées à la villa, Paul Thomas (Jean-Louis Trintignant), l’un des invités, charme Why. Évidemment, cette rencontre ne sera pas du goût de Frédérique.

Comme il se plaît souvent à le faire, Claude Chabrol donne une vision acerbe de la bourgeoisie, entre vacuité, désœuvrement et bêtise. Frédérique, belle, lascive, imprévisible et volontiers cruelle, se joue de Why comme d’une poupée vivante, et se plaît à exhiber cette beauté qui de plus, sait se tenir en société. L’irruption de Paul Thomas va bouleverser ce fragile équilibre, et faire voler en éclats le vernis des bonnes manières.

Le cinéaste, que l’on imagine s’amuser de ce qu’il décrit, parfois de façon un peu brouillonne, nous gratifie aussi d’un sacré trio d’acteurs : Face à Jean-Louis Trintignant, toujours très juste, l’expansive Stéphane Audran, alors son épouse, rivalise de charme avec la discrète Jacqueline Sassard.

À noter deux points : ce sera la seule collaboration de Jean-Louis Trintignant avec Claude Chabrol ; l’actrice Jacqueline Sassard mettra très vite fin à sa carrière, à seulement vingt-neuf ans, avec Le voleur de crimes, son ultime film, signé Nadine Trintignant, dans lequel elle retrouvera d’ailleurs Jean-Louis.