Le 27 mai 2025
Fidèle à son style et à son univers, Wes Anderson ne devrait pas décevoir ses fans avec cette œuvre décalée et stylisée, qui dénote en outre moins d’esbroufe que ses deux films antérieurs.


- Réalisateur : Wes Anderson
- Acteurs : Charlotte Gainsbourg, Tom Hanks, Bill Murray, Scarlett Johansson, Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Hope Davis, Jeffrey Wright, Riz Ahmed, Michael Cera, Rupert Friend, Bryan Cranston, Richard Ayoade, Benedict Cumberbatch, Jason Watkins, Mia Threapleton
- Genre : Drame, Comédie dramatique, Action, Thriller
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Universal Pictures France
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 28 mai 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, En compétition
Résumé : À l’affiche, Benicio Del Toro dans le rôle de Zsa-zsa Korda, l’un des hommes les plus riches d’Europe ; Mia Threapleton dans le rôle de Liesl, sa fille/une religieuse ; Michael Cera dans le rôle de Bjorn, leur tuteur.
- © Festival de Cannes 2025
Critique : L’année ou la Cinémathèque française lui consacre une exposition, Le Festival de Cannes accueille à nouveau Wes Anderson en compétition officielle. Le réalisateur, révélé en 2001 avec La famille Tenenbaum, avait déployé un style visuel foisonnant et un goût pour le second degré avec les décalés La vie aquatique et À bord du Darjeeling Limited , avant de connaître un sommet créatif pour Moonrise Kingdom et The Grand Budapest Hotel . On pouvait être plus dubitatifs avec les deux longs métrages de fiction qui avaient suivi, à savoir The French Dispatch et Asteroid City : une ribambelle de stars à faire rougir le Guitry de Si Versailles m’était conté ou le directeur de casting du Jour le plus long, une logorrhée incessante faisant passer les films de Woody Allen pour du cinéma muet, une complexité narrative renvoyant les scénarii de Lynch aux normes de Plus belle la vie, un formalisme ostentatoire auprès duquel l’art de Jeunet & Caro s’apparente à du Bresson. Ce sont les raisons pour lesquelles on apprécie comparativement The Phoenician Scheme, où l’ami Wes se montre plus retenu, sans toutefois renoncer à son art. Le scénario, coécrit avec Roman Coppola, n’est pourtant pas de tout repos.
- © 2025 TPS Productions / Focus Features. Tous droits réservés.
« Le point de départ était d’essayer d’inventer quelque chose sur l’un de ces magnats européens des années 1950, comme Onassis ou Niárchos », précise Wes Andersoon. Soit donc Zsa-zsa Korda (Benicio Del Toro, fidèle du réalisateur), un milliardaire européen fantasque, qui entreprend un voyage pour chercher à comprendre pourquoi et comment les actionnaires de l’entreprise qu’il dirige cherchent à le ruiner. Dans son périple, il est entouré de deux personnages pittoresques respectant les canons de l’univers andersonien. Il s’agit d’abord de Liesl, sa fille, qu’il a peu connue, qui est devenue religieuse et cherche à connaître les circonstances de la mort de sa mère. La prometteuse Mia Threapleton (fille de Kate Winslet à la ville, aux faux airs d’Anna Karina) lui prête ses traits. Quant à Bjorn (Michael Cera), il est ce précepteur que Korda promeut au poste d’assistant administratif mais que d’aucuns soupçonnent d’être un espion. S’ensuit une série d’aventures où se mêlent attaque de terroristes courtois, krach d’avions dont on ressort indemne, ou vengeances familiales dont on ne saisit pas tous les tenants et aboutissants.
- © 2025 TPS Productions / Focus Features. Tous droits réservés.
Le dialogue est toujours abondant, mais l’intrigue est recentrée sur quelques protagonistes, loin de la structure chorale des films précédents. Benedict Cumberbatch ne tient ainsi qu’un second rôle (le demi-frère sournois), tandis que Tom Hanks, Bill Murray ou Scarlett Johansson ne font que des apparitions. Cela rend la structure narrative plus limpide, loin de la confusion d’un Asteroid City où le spectateur devait s’accrocher pour savoir qui faisait quoi. Et si le travail visuel est toujours esthétisant (avec couleurs en harmonie, incrustations de surtitres, plans à multiples lectures), Wes Anderson évite d’en « mettre plein la vue » et son montage ne cherche pas l’esbroufe. On l’aura compris : The Phoenician Scheme est plutôt un bon cru dans la filmographie de Wes Anderson, malgré des tics, des effets de style et un détachement qui nous empêchent d’adhérer complètement au dispositif. On attend que le cinéaste se regarde un peu moins le nombril, comme il avait su le faire avec premiers longs métrages ainsi que ses deux réjouissants films d’animation, Fantastic Mr. Fox et L’île aux chiens.
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