Le 21 octobre 2024
Christopher Nolan nous plonge dans le cauchemar de la guerre avec sa maestria habituelle, malgré une narration éclatée qui laisse dubitatif. De nombreux moments de bravoure font de ce drame épique l’une de ses meilleures œuvres.
- Réalisateur : Christopher Nolan
- Acteurs : Kenneth Branagh, Cillian Murphy , Tom Hardy, Mark Rylance, Aneurin Barnard, Damien Bonnard, Fionn Whitehead, Barry Keoghan, Jack Lowden, Harry Styles
- Genre : Film de guerre, Drame historique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Warner Bros. France
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 27 novembre 2024 23:25
- Chaîne : TF1 Séries Films
- Titre original : Dunkirk
- Date de sortie : 19 juillet 2017
Résumé : Le récit de la fameuse évacuation des troupes alliées de Dunkerque en mai 1940.
Critique : Depuis le succès mondial de sa trilogie Batman, chaque nouvelle réalisation de Christopher Nolan est un petit événement en soi. Près de trois ans après Interstellar, sorte de film somme de son cinéma, où les concepts visant à déstructurer les codes scénaristiques étaient à la fois sa force et sa limite, nous ne pouvions que nous demander comment il allait rebondir.
Dès l’annonce de la préparation d’un film de guerre dans le nord de la France, la question qui agitait ses fans était la forme qu’allait prendre sa narration pour nous relater les dernières heures d’une débâcle militaire. Celle-ci, en 1940, marqua la fin de la souveraineté française et des espoirs britanniques de lui venir en aide. Un sujet pas très contemporain et donc a priori peu bankable pour Hollywood, mais forcément passionnant quand il est développé par pareil artiste. Passons donc aujourd’hui à la découverte du film.
La grande surprise en se plongeant dans Dunkerque est la sobriété apparente de l’écriture. En nous faisant suivre les parcours de trois hommes impliqués dans cette opération militaire, Nolan semble se calquer sur un modèle certes efficace mais suranné, dont la référence pourrait être Le Jour le plus long. L’idée de Nolan pour apposer son désormais gimmick consistant à déconstruire la linéarité d’un schéma aussi classique est d’avoir apposé à chacun de leurs récits une temporalité différente, ce qu’il annonce dès le début :
La jetée, une semaine
La mer, un jour
Le ciel, une heure
- Copyright 2017 Warner Bros. Entertainment Inc.
La notion du temps prend donc une importance capitale dans la mise en scène de ce récit. Ainsi, le montage alterné entre les scènes du soldat sur la plage joué par Fionn Whitehead, un parfait inconnu que l’on reverra rapidement un peu partout, le pêcheur patriote (Mark Rylance) et le pilote de la Royal Air Force (Tom Hardy), ont pour vocation de nous perdre dans le déroulement des événements, et ainsi participer à un sentiment de chaos ambiant et étouffant. Ce dispositif ne prend toutefois sens que dans les dernières minutes.
La véritable thématique du long-métrage, l’instinct de survie, elle, apparaît brillamment dès la scène d’ouverture composée d’une course-poursuite effrénée de militaires mitraillés par un ennemi laissé hors-champ. Or, cette thématique souffre, sur l’ensemble, de ce montage alterné. Si la tension parvient à naître de chacun des trois axes narratifs pris individuellement, elle reste globalement moins forte que si le long-métrage n’en avait suivi qu’un seul et délaisser ce qui semble n’être que des sous-intrigues accessoires. La course contre la montre ne peut pas assumer son intensité dans une temporalité se voulant ainsi éclatée. Encore une fois, l’idée concept de Nolan est sa propre limite.
- Copyright 2017 Warner Bros. Entertainment Inc.
Et pourtant, son film parvient à fonctionner et à nous offrir une fresque militaire efficace et même originale dans le discours qu’il diffuse. Marquant une rupture avec les scènes de batailles classiques, mais aussi les plus modernes dont le modèle à suivre reste le pouvoir d’immersion des premières minutes d’Il faut sauver le soldat Ryan, Nolan assume jusqu’à la fin un étonnant parti pris : celui de ne pas montrer l’ennemi au-delà de quelques avions. Et pourtant, la peur de cet adversaire invisible et potentiellement omniprésent est palpable tout du long. Toutefois, ce qui intéresse vraiment Nolan est moins la mort qu’il répand derrière lui que l’espoir de le fuir.
Cet espoir, il parvient à le faire partager au spectateur (de façon quelque peu didactique lorsqu’elle passe par les discours solennels de Kenneth Branagh, mais n’oublions pas que le cinéma de Nolan reste un cinéma de dialogues) afin de mieux lui faire vivre la frustration chaque fois qu’un bateau est abattu et plus encore la joie d’en voir d’autres arriver à la rescousse. C’est cette dimension émotionnelle qui s’avère, in fine, une véritable réussite et alimente "l’héroïsation" de ces personnages qui pouvaient justement passer comme "accessoires", à savoir le marin et le pilote. La morale du film -qui est, une fois de plus, posée de façon pompeuse dans les dernières minutes- est celle d’une humilité patriotique, nous apprenant à accepter la défaite et l’espoir que l’aide, aussi miraculeuse puisse-t-elle être, nous vienne d’ailleurs. En cela, le concept mis en place par Nolan sert le propos. La victoire est là, même si elle ne se voit pas au premier abord.
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Clement-42 20 juillet 2017
Dunkerque - Christopher Nolan - critique
Globalement d’accord avec cette critique, quoique certains points du film m’aient déçu : http://bit.ly/2uegCIV