Le 28 mai 2025
Gracieux mais superficiel, La venue de l’avenir est loin d’être le meilleur des films de Cédric Klapisch.


- Réalisateur : Cédric Klapisch
- Acteurs : Cécile de France, François Berléand, Olivier Gourmet, Philippine Leroy-Beaulieu, Zinedine Soualem, Fred Testot, Jean-Marc Roulot, Aurore Broutin, François Chattot, Vincent Macaigne, Catherine Salée, Sara Giraudeau, Julia Piaton, Raphaël Thiéry, Suzanne Lindon, Vassili Schneider, Paul Kircher, Claire Pommet, Marie-Christine Orry, Abraham Wapler, Valentin Campagne
- Genre : Comédie dramatique, Romance
- Nationalité : Français, Belge
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 2h06mn
- Date de sortie : 22 mai 2025
- Festival : Festival de Cannes 2025

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– Festival de Cannes 2025 : Sélection officielle, Hors compétition
Résumé : En 2025, une trentaine de personnes issues d’une même famille apprennent qu’elles vont recevoir en héritage une maison abandonnée depuis des années. Quatre d’entre eux, Seb, Abdel, Céline et Guy, sont chargés d’en faire l’état des lieux. Ces lointains "cousins" vont alors découvrir des trésors cachés dans cette vieille maison. Ils vont se retrouver sur les traces d’une mystérieuse Adèle qui a quitté sa Normandie natale, à vingt ans. Cette Adèle se retrouve à Paris en 1895, au moment où cette ville est en pleine révolution industrielle et culturelle. Pour les quatre cousins, ce voyage introspectif dans leur généalogie va leur faire découvrir ce moment si particulier de la fin du XIXe siècle où la photographie s’inventait et l’impressionnisme naissait. Ce face à face entre les deux époques, 2025 et 1895, remettra en question leur présent et leurs idéaux...
- © Festival de Cannes 2025
Critique : C’est une maison abandonnée au milieu des champs, sans doute condamnée à être remplacée par un centre commercial et un parking immenses. De lointains cousins sont interrogés pour autoriser la cession du bien et à l’occasion de l’ouverture de la porte, ils découvrent des photographies et une mystérieuse toile impressionniste, qui les ramènent plus d’un siècle en arrière dans les pas de celle qui a été leur ancêtre.
On peut dire que Cédric Klapisch se fait plaisir dans ce film en réunissant une myriade d’acteurs autour d’un sujet plutôt incongru. Tout le gratin est là, de Julia Piaton à Vincent Macaigne, en passant par Paul Kircher, Abraham Wapler, Suzanne Lindon, Cécile de France, Sara Giraudeau et beaucoup d’autres. On s’attend donc à un film rythmé, touchant, profondément humain, avec la patte qu’on lui connaît depuis trente ans qu’il fait du cinéma. Mais hélas, le miracle ne se produit pas, sans doute du fait d’un scénario un peu trop cousu de fil blanc, absolument pas crédible, et finalement assez boiteux.
- Copyright STUDIOCANAL - COLOURS OF TIME - CE QUI ME MEUT - Emmanuelle Jacobson Roques
Le réalisateur fécond de la très célèbre Auberge espagnole ou de Chacun cherche son chat s’embarque dans une histoire où les époques se mêlent avec parfois le recours aux plantes mystérieuses venues d’Amérique du Sud dont Luca Guadagnino faisait récemment l’éloge dans le décevant Queer. Il y a bien des idées mais le traitement pour le moins superficiel de ce retour en arrière dans le passé de la famille ne les rend absolument pas crédible. On y croise Édouard Manet, le photographe Nadar et, à leur côté, des personnages de fiction dont une jeune fille venue à Paris retrouver sa mère, qui fait étrangement penser à Julie Manet. Bien sûr, détourner l’Histoire avec un grand H au service d’un conte contemporain demeure une belle opportunité de scénario, encore faut-il que les acteurs y croient vraiment et sortent de ces moues idiotes à l’apparition des souvenirs et photographies anciens.
La venue de l’avenir apparaît comme un film surfait et peu crédible. C’est regrettable car le film précédent de Cédric Klapisch, En Corps, était vibrant d’humanité et de joie. Ici, les sentiments des personnages sont prévisibles et normés, la mise en scène souffre d’un redoutable classicisme qui ne permet pas à l’histoire de s’élever. Heureusement, quelques rares séquences très touchantes s’insèrent dans le récit, comme celle où l’un des cousins, bouleversé par la lecture de l’histoire de sa famille, avoue qu’il a perdu ses parents très jeune, ou encore celle où l’on voit l’avenue de l’Opéra illuminée pour la première fois à Paris.
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La venue de l’avenir est bourré d’idées et d’imagination. Mais le récit ne fonctionne absolument pas, du fait notamment d’un excès de romantisme dans la démarche. L’actrice Suzanne Lindon revêt les traits de cette jeune femme montée à Paris pour retrouver sa mère, dans une surenchère de costumes et maquillages. Ses déambulations dans le Paris des années 1890 sont faussement nonchalantes et enferment le personnage dans des postures sentimentales et superficielles.
Cédric Klapisch ne semble pas avoir conçu son film pour l’histoire. Le récit est en effet moins au service de la fiction que de la mise en valeur de cette pléiade de jeunes interprètes en vogue, et quasiment tous nés dans des familles de comédiens célèbres. Du coup, le film souffre de beaucoup de maladresses dans le jeu des acteurs et de fautes de goût certaines qui ne valorisent pas leurs efforts pour rendre crédibles une histoire mal fagotée. Bref, La venue de l’avenir se résume hélas à ce disgracieux jeu de mots du titre : un empilement de scènes convenues et manquant sérieusement d’humilité.
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