Le 6 juillet 2014
- Voir le dossier : Box-office Hebdomadaire France
Point de blockbuster dans cette analyse du box-office qui s’intéressera aux films d’auteur de la semaine. Riche en enseignement.
Box-office des films d’auteur de cette semaine de Fête du Cinéma. Quid de Zero theorem, Black Coal ou encore Under the skin, et de tous les auteurs à l’affiche en ce moment ?
Parmi les bonnes surprises relatives, un manga attire l’attention, Le conte de la princesse Kaguya pointe son nez royal en 11e place avec 74.000 entrées. Sa combinaison généreuse de 141 salles ne lui permet pas d’atteindre les 100.000, mais le film d’Isao Takahata se permet l’un des meilleurs scores récents pour un manga hors Miyazaki.
La fête du cinéma a bien réussi à Marc Fitoussi qui voit La Ritournelle grimper de 15% de ses entrées et s’offrir 66.000 visiteurs en 3e semaine. Désormais la comédie sentimentale avec Huppert et Darroussin se tient à 239.000 entrées et peut viser les 300.000 en fin de parcours, en cas de stabilité relative pendant les vacances. Dans tous les cas, c’est bien mieux qu’Au Fil d’Ariane, le dernier Guediguian, qui se stabilise grâce à la Fête à 40.000 entrées pour un total de 78.000 en 5 jours. On aurait pu espérer en cette saison de prix bradés une hausse légère de ses entrées. Cela n’a pas été le cas.
Trois nouveautés se livraient une guerre certaine dans le créneau des films d’auteur avec potentiel auprès des cinéphiles. Celui qui a le plus largement attiré est évidemment Under the skin de Jonathan Glazer, succès incontestable de la semaine, largement aidé par des critiques dithyrambiques et la présence énigmatique de Scarlett Johansson. Avec 48.300 entrées dans 53 salles, ce film de science-fiction étrange fait salle comble et s’offre la meilleure moyenne par écran du top 100, hors documentaire de la Géode !
Le foudroyant Procès de Viviane Amsalem des Elkabetz ne laisse pas insensible et séduit 41.082 spectateurs, ce qui est beaucoup pour un film israélien projeté dans à peine 81 salles.
Flop réel pour le retour de Terry Gilliam, qui a eu sûrement plus d’éloges sur scène en faisant ses adieux avec la troupe des Monty Python ce mois-ci, qu’en salle avec Zero theorem. Sa resucée maladroite de Brazil doit se contenter de 40.000 nostalgiques dans 100 cinémas. Le budget était plus élevé que celui de Viviane Amsalem et l’attente était autre. Sans l’apport de la Fête, il devrait s’écrouler la semaine prochaine et disparaître de l’affiche dans moins de 4 semaines.
Beau score pour le film grec Xenia qui ne connaît pas la crise en 2e semaine. Le film a attiré 30.000 entrées en 15 jours. Black Coal est un vrai succès pour le cinéma chinois avec 141.000 entrées en 3 semaines dont 37.000 pendant la Fête du cinéma. Remarqué à Berlin où il reçut l’Ours d’or, le polar de Diao Yinan gagne même 1% dans ses entrées, ce qui est remarquable pour une œuvre aussi exigeante. Il devrait se maintenir pendant une partie des vacances et dépasser les 200.000 entrées.
Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire et Bird people sont toujours à l’affiche en 5e et 4e semaine, avec chacun 17.000 tickets vendus, le premier élève ses totaux à 166.000 contre 127.000 entrées pour le très beau film de Pascale Ferran qui a un public fidèle. Ce sont de beaux scores comparés aux auteurs quatre étoiles que sont Tommy Lee Jones et David Cronenberg. Malgré l’éclairage cannois, ces deux cinéastes américains connaissent des échecs manifestes : Homesman a à peine dépassé les 300.000 en 7 semaines (dont 10.000 tickets ces 7 derniers jours) et Cronenberg n’a su parler qu’à 243.000 curieux. C’est l’un de ses scores récents les plus faibles. En 6e semaine, son discours sulfureux n’a touché que 7.000 personnes (-26%).
Malgré tout le charme de sa réflexion sur l’adolescence, Gia Coppola connaît un lourd échec avec Palo Alto qui n’a toujours pas dépassé les 30.000 tickets en 3 semaines (-38% pendant la Fête). Cela signifie que le film désormais situé à 5.100 entrées hebdomadaire est mort. Autres cadavres en salle, Les voies du destin avec Colin Firth et Nicole Kidman. Le mélo n’a séduit que 3.140 spectateurs en 3e semaine pour un total affreux de 53.000 spectateurs. Dans 55 salles, c’est ce qu’on appelle une semaine d’enterrement ! Même chose pour Godard et son Adieu au langage (3.000 entrées dans 75 salles, total de 26.000). Pensée émue pour le documentaire militant de Jonathan Nossiter, Résistance naturelle, qui ne fait pas bonne impression en 2e semaine avec une perte inquiétante de 58% de ses entrées, et un score maigrelet de 2.900 viticulteurs. Malgré une combinaison de 74 salles, il n’a toujours pas dépassé les 10.000 entrées. C’est un bide !
Véritable désastre au box-office, The Rover avec Robert Pattinson a été visiblement détesté par le public au vu d’un bouche à oreille calamiteux. Désormais 50e en 4e semaine, la production apocalyptique de David Michôd s’élève à 2.567 fans de Pattinson en pleine Fête dans 60 salles, pour un total incroyablement bas de 56.000 entrées. C’est une vraie catastrophe pour son distributeur, Metropolitan FilmExport. Quand on pense que le film turc My Sweet Pepper Land réalise en 12e semaine 1.850 entrées et a réalisé au total 3 fois plus d’entrées, c’est dur à avaler ! Même un documentaire minuscule comme Gaudi, le mystère de la Sagrada Familia a réussi à atteindre les 25.000 entrées en 7 semaines, dont 1.996 amoureux de Barcelone ces 7 derniers jours.
Du côté des reprises, Cutter’s Way bénéficie de la promotion solide de Carlotta pour atteindre les 2.238 entrées dans 5 salles. Score remarquable pour un dit classique totalement inconnu. Le soleil brille pour tout le monde a fait un peu mieux (2.806), mais en 3 semaines. Mean streets l’égale en 2 semaines également. Les 1.200 spectateurs en 2 semaines de Sans toit ni loi démontrent une belle stabilité, le film d’Agnès Varda ne perdant que 11% pour sa seconde semaine d’exploitation en copie restaurée.
Nous finirons avec deux films d’auteurs bien connus des cinéphiles français, Eytan Fox et Lukas Moodysson. Le premier essuie un vrai échec avec Cupcakes (479 entrées en 3e semaine, -60%), le second connaît aussi un bide pour son retour (468 entrées en 4e, -31%). Le film israélien totalise 4.907 entrées contre 4.848 pour la chronique adolescente suédoise We are the best.
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