Le 14 septembre 2025
- Chanteur : Joël Favreau
- Compositeur : Joël Favreau
En amont de son concert au Bistrot de la Scène (Dijon) le vendredi 19 septembre 2025, Joël Favreau, auteur-compositeur et interprète, a eu l’infinie gentillesse de se prêter à une interview avec une humilité louable.
aVoir-aLire : Joël Favreau, bonjour. Merci de nous accorder une interview à l’occasion de votre passage à Dijon pour votre concert au Bistrot de la Scène, le vendredi 19 septembre 2025 à 20h30.
Joël Favreau : J’espère qu’on va passer une très bonne soirée. Je vais tâcher de m’y appliquer. Il faut rigoler. C’est pas du luxe par les temps qui courent.
aVoir-aLire : Alors, qu’est-ce que cela fait d’avoir accompagné à la guitare des grands noms de la chanson française, comme Georges Brassens, auquel nous pensons en premier, mais aussi Georges Moustaki, Yves Duteil et Maxime Le Forestier ?
Joël Favreau : Oui, écoutez, d’autres aussi. J’ai même, entre autres, accompagné une fois Brigitte Fontaine.
aVoir-aLire : Considérez-vous Georges Brassens comme votre "père spirituel", un mentor ou une source d’inspiration ?
Joël Favreau : C’est quelqu’un qui m’a sauvé par ses chansons. Ces dernières m’ont aidé. L’espoir, quand je l’avais perdu, il me l’a redonné. J’ai grandi grâce à Brassens. Il m’a montré qu’il y avait d’autres chemins de vie qui n’étaient pas forcément celui qui m’était proposé.
aVoir-aLire : On va parler maintenant de votre carrière personnelle.
Joël Favreau : La mienne, c’est un grand mot. Voilà, oui, je me suis un petit peu promené dans ce métier. J’étais surtout musicien. Et puis, je composais aussi un petit peu, mais pas d’une façon forcenée, sans ambition personnelle. Parce que je ne suis pas un chanteur très connu, je ne pensais pas à cela. Et puis, il s’est trouvé que je me suis mis à chanter un petit peu, parce que les chansons que je composais n’intéressaient pas d’autres interprètes. Je considère que j’ai reçu un coup de main de Georges Brassens surtout, Moustaki aussi, qui m’a pris en première partie de ses tournées. Et puis, Yves Duteil, qui m’a fait passer quelques chansons en tournée. Et puis aussi l’Olympia, ce qui est quand même une sacrée mise en lumière. Donc, cela m’a vraiment donné une impulsion et un petit peu, quand même, encouragé.
aVoir-aLire : Vous avez quelques albums à votre actif, et des chansons qui ont une résonance pour un certain public aussi ?
Joël Favreau : Écoutez, mon dernier album, le plus récent, s’appelle Neuf, parce que c’est aussi le neuvième que j’ai créé. Donc, oui, j’ai quand même commis quelques chansons aussi. Et je suis extrêmement content, justement, d’être invité, avec mes chansons, à Dijon, entre autres. Je fais une petite tournée comme ça, d’une semaine, dans le secteur, avec d’autres dates. Le Bistrot de la Scène est un haut lieu de la chanson sur le plan régional. C’est pour cela que le sous-titre de mon spectacle pourrait être « Le guitariste de Brassens fait des siennes ». C’est rigolo, c’est marrant. Et je veux dire, ce n’est pas pour cela que je me priverai du plaisir de chanter Brassens.
aVoir-aLire : Pour vous, c’est un plaisir renouvelé à chaque fois de chanter Brassens ?
Joël Favreau : Oui, c’est formidable. Il nous a laissé ses chansons sous une forme tellement simple, tellement dépouillée, que pour un musicien, c’est déjà un grand plaisir d’essayer d’apporter une couleur personnelle. Et chacun selon sa culture. Moi, j’étais nourri au jazz et aussi aux musiques du monde, surtout les musiques latines et même un peu brésiliennes. Je vois que les chansons, les musiques de Brassens se prêtent à ces interprétations diverses. Je pense que cela peut intéresser le public : je lui montre un peu comment je cuisine quelques chansons de Brassens ainsi que les miennes aussi.
aVoir-aLire : Brassens, c’est facile, c’est compliqué à jouer ? Je parle des accords à la guitare essentiellement.
Joël Favreau : Attention, quand je l’accompagne, ce n’est pas pareil. Je fais des mélodies, des réponses, des choses comme cela. Quand je chante Brassens, je suis tout seul à faire l’accompagnement. Je suis aussi souvent en duo avec un accordéoniste qui nous permet aussi de prendre des petits chorus un peu jazzistiques dedans. Mais quand je suis en solo, j’interprète à ma façon les chansons de Brassens, mais en restant absolument fidèle à la ligne mélodique, aux paroles aussi. Je bidouille un peu les rythmes comme ça. Je crois que ce n’est pas complètement inintéressant.
aVoir-aLire : Quels sont pour vous les ingrédients d’une bonne chanson ? Quelle est la chanson la plus réclamée en concert dans votre répertoire ? Est-ce qu’il y a une chanson phare comme en ont certains artistes ?
Joël Favreau : Je ne suis pas si connu pour qu’on me réclame des chansons. Le public ne les connaît pas beaucoup. Il y en a de temps en temps. On cite La souris a peur du chat, parce que Maxime Le Forestier l’a chantée très longtemps. J’ai fait des musiques aussi sur des textes de Brassens. Je crois que les gens les découvrent surtout. S’ils sont prêts, s’ils ont un peu de curiosité, je crois qu’on risque de passer un très bon moment. D’abord parce qu’ils pourront aussi chanter avec moi des chansons de Brassens, mais pas que. Dans mes chansons, il y a une vision des choses, du monde, de moi-même. Je pense que cela peut interpeller les spectateurs et les faire marrer aussi.
aVoir-aLire : Il y avait sur la couverture d’un Lire magazine une question particulière. C’était "La chanson est-elle littérature ?" Quel est votre point de vue là-dessus ?
Joël Favreau : Est-ce que Brassens, la chanson, est littérature ? Un poème peut être de la littérature. Mais une chanson, dès qu’il y a de la musique, c’est autre chose. C’est un autre instrument de transmission de quelque chose. Cela peut être de certaines émotions, de certaines questions à poser, à quoi je me consacre aussi un petit peu. Mais surtout, la musique rend le propos moins solennel. Ce n’est pas qu’on dise des choses toujours très importantes. Mais c’est un partage qui est beaucoup plus direct. La musique parle aussi aux sentiments et arrive à rapprocher le propos du public. C’est un échange qui se fait comme ça. C’est différent de la littérature. D’accord.
aVoir-aLire : Vous enseignez actuellement la guitare ?
Joël Favreau : Oui. Tous les ans, depuis pas mal de temps, je dirige des stages qui s’appellent Guitare et Chansons. C’est pour ceux qui chantent en s’accompagnant à la guitare. Parce que la technique de la guitare quand on chante, ce n’est pas du tout la même que celle de la guitare classique, du jazz et d’autres formes de musique. Parce que l’essentiel, c’est de chanter. Il faut à la fois enrichir harmoniquement, rythmiquement ce qu’on chante, mais il ne faut pas chanter pour sa guitare. On chante pour le public et la guitare doit nous aider.
aVoir-aLire : Transmettre est pour vous un acte essentiel ?
Joël Favreau : Je transmets un peu de ce que j’ai mis longtemps à acquérir. La transmission, c’est une loi qui est beaucoup plus générale. Quand on a reçu et a assimilé quelque chose, il faut en transmettre ce qu’on peut, sous peine de ne plus pouvoir en recevoir d’autres. On est obligé de transmettre pour pouvoir recevoir encore. C’est une loi. Vous voyez cela dans les arts martiaux, et dans d’autres domaines aussi.
aVoir-aLire : Vous considérez-vous comme un artiste engagé ?
Joël Favreau : Engagé, je ne suis pas sûr. Non, des fois, si. Je peux dire des choses. Une leçon que j’ai apprise de Brassens, c’est que ce n’est pas la peine de rêver qu’on va changer le monde. Tout ce qu’on peut, c’est essayer de s’améliorer un peu soi-même et essayer d’améliorer un peu autour de soi. Ce sera pas mal.
aVoir-aLire : Vous avez, bel et bien, écrit un livre sur vos années passées aux côtés de Georges Brassens ?
Oui, il s’agit de Quelques notes avec Brassens. Dans ce livre, je raconte évidemment la période où j’ai fréquenté Brassens. C’est une bonne dizaine d’années, même plus. Mais je parle aussi d’avant, pendant et après, en fait. Parce que cela ne s’est pas arrêté après la mort de Brassens. J’ai enregistré des albums. J’en ai même réalisé un que j’ai orchestré. ll s’appelle « Ils chantent Brassens ». Il y avait Cabrel, Souchon, Maxime Le Forestier et Renaud. Mais également Josiane Balasko, Pierre Richard. Enfin, vraiment, beaucoup de chouettes artistes. Et puis, je me suis régalé à faire des orchestrations sur les chansons de Brassens. Et cela ne se faisait pas beaucoup à l’époque. Parce que la première version est sortie, je crois, en 1992.
aVoir-aLire : Sans tout nous dévoiler bien sûr, que réservez vous au public lors de votre passage au Bistrot de la Scène ?
Joël Favreau : Je leur proposerai des chansons qu’ils ne connaissent pas. Certaines qu’ils connaissent. Certaines chansons embarrassantes. Mais surtout les miennes. Parce que je ne les ai pas beaucoup montrées jusqu’à présent. Je pense que ce sera une belle rencontre. Il y a toujours quelque chose de particulier. Vous savez, nous sommes tous uniques. Bien qu’on se ressemble beaucoup. L’échange d’énergie ne peut pas être tout le temps la même chose. Sinon, cela deviendrait de la routine et serait insupportable. Je ne suis pas allé au Bistrot de la Seine. Je suis allé à Dijon une seule fois aussi. Ce sera une découverte mutuelle.
aVoir-aLire : Merci infiniment. Vous avez accompagné des grands noms de la chanson française. Vous avez une belle philosophie de vie.
Joël Favreau : De ce côté-là, c’est Brassens qui m’a mis le pied à l’étrier. Oui. Il m’a permis ensuite de rencontrer d’autres artistes qui m’ont appris d’autres choses. Je me suis rendu compte que je n’étais pas fini et que j’avais besoin des personnes qui savaient. Je les ai cherchés. D’abord, les chansons de Brassens m’ont fait faire les premiers pas. Cela m’a évité de tomber dans des pièges comme les milieux sectaires. J’ai rencontré des vrais sages aussi.
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