Le 3 novembre 2025
- Scénariste : Ned Wenlock>
- Dessinateur : Ned Wenlock
- Genre : Absurde, Amitié, Enfance, Harcèlement scolaire, Violence
- Editeur : Éditions Pow Pow
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 12 septembre 2025
Une histoire sur le harcèlement scolaire traité avec un humour absurde....déstabilisant.
Résumé : Peter est un petit garçon, un peu timide, un peu trop naïf peut-être aussi… Mais la naïveté n’est-elle pas la liberté des enfants ? Devenu le souffre-douleur de la bande de Gus, le gros bras de sa classe, il encaisse sans broncher. En plein milieu de l’année scolaire arrive une nouvelle élève, Charlie. Entre Peter et elle, des liens se créent. Alors qu’il n’avait pas d’amis, il se sent plus fort à ses côtés. Il décide alors de prendre sa revanche sur Gus. Inéluctablement, l’engrenage de la violence se met en place…. Un récit dérangeant.
Ned Wenlock est un auteur britannique installé en Nouvelle-Zélande. Il a déjà eu une carrière dans l’animation et dans la création de clips musicaux. Tsunami est sa première bande dessinée. Il choisit de parler de harcèlement scolaire. Dans une interview pour une radio néo-zélandaise, il dit qu’il s’est un peu inspiré de son enfance, de l’enfant qu’il a été, mais s’en est ensuite détaché pour créer son récit.

- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Ned Wenlock, Éditions Pow Pow.
Le récit est sombre. Peter est fils unique. Son père et sa mère passent leur soirée à se chamailler et ne s’occupent pas vraiment de leur enfant. À l’école, la situation n’est pas plus facile, il est devenu le souffre-douleur de Gus et ses copains Michael et Nico. Alors, il courbe le dos et apprend à encaisser. Un jour, dans un cours d’art plastique, l’enseignant demande aux élèves d’expliquer tour à tour leur dessin. Peter exprime alors avec des mots simples, mais fort qu’il a tenté de figurer le mal et précise avec une sincérité déconcertante que pour lui le mal s’incarne dans la vie réelle par Gus et ses deux compères.
Face à ces mots, l’institutrice est mal à l’aise et esquive ce que vient de soulever Peter. Un peu plus tard, elle le prend en aparté et lui dit qu’il aurait dû éviter d’aborder ses sentiments devant la classe et enfonce le clou en lui disant que parfois, se taire ou mentir, peut permettre de se protéger.

- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Ned Wenlock, Éditions Pow Pow.
Un discours désorientant et troublant pour un enfant qui se construit. Ainsi, privé de figure d’autorité parentale solide, Peter se voit aussi privé de repères dans le milieu éducatif. L’auteur tout au long du récit va insister sur l’absence des adultes comme figure de responsabilité et d’autorité nécessaire à un âge ou les enfants ont besoin autant de limites que de cadre émancipateur.
L’arrive de Charlie, la nouvelle élève change un peu la donne. Enfin, les souffrances de Peter trouvent écho chez une autre personne. Elle ne se prive pas de répondre à Gus et à ses acolytes. Elle leur fait comprendre qu’elle ne se laissera pas faire et elle incite Peter à faire de même. Ici, Ned Wenlock met l’accent sur la puissance de l’amitié… Cependant les liens qui se forment entre Peter et Charlie sont ambigus dans leurs effets. Peter ne comprend pas vraiment ce que cherche à lui faire comprendre Charlie. Il se croit devenir plus fort, en osant répondre par la violence à Gus et ses copains…

- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Ned Wenlock, Éditions Pow Pow.
S’en suit alors un enchaînement de vengeances et de représailles toujours plus dangereuses dont le motif devient de plus en plus absurde… Peter perd petit à petit son bon sens, se croyant à certains moments invincible et à d’autres complètement peureux. La fuite devient pour lui un refuge… Mais un refuge dangereux : tantôt il se bat et tantôt, il prend la fuite.
La figure de son ennemi est elle aussi ambivalente. Gus joue le gros dur, mais quand son père revient quelques jours et qu’il prend du temps avec lui et ses frères, Gus s’adoucit. Encore une fois et comme pour Peter, il semble que la présence d’un adulte attentionné soit trop rare pour Gus. Ils grandissent chacun, sans repères stables et rassurants.
L’histoire est divisée en plusieurs chapitres…La violence est croissante, le malaise des lecteur.rices également. Nous assistons à une surenchère de cruauté… Peter est de plus en plus à la dérive et personne ne semble prendre réellement la mesure de ses tourments.
Le style graphique simple et très minimaliste choisi par Ned Wenlock contraste avec la noirceur de son récit. Ses dessins sont faits de beaucoup d’arrondis, les personnages ont des formes uniformes : leurs corps ressemblent à des cucurbitacées longilignes et lisse. Ils sont assez inexpressifs. Les dialogues sont également réduits au strict minimum de la communication. Dans cette bande dessinée, tout se joue dans une narration et un rythme expressifs. La gestuelle, du fait du style choisi est minimale mais efficace. Ce parti-pris graphique contribue à créer le sentiment que le déroulement des choses est inéluctable. Les personnages sont comme prisonniers d’un système défaillant, d’une lame de fond qui les entraîne…. Un tsunami est-il en train de se former ?
Plus la fin du récit approche, plus l’auteur aère sa mise en page, jusqu’à introduire des pleines pages… Nous pourrions croire que l’achèvement de l’album est fait à la hâte. Mais nous pouvons aussi considérer que ce choix permet à l’auteur de figurer la manière dont progressivement Peter devient prisonnier d’une situation et de sentiments qui le dépassent et le noient complètement. C’est d’ailleurs face à l’océan qu’il se retrouve dans le dernier chapitre. Les pages de fin sont aussi de plus en plus muettes, une manière pour l’auteur de signifier peut-être qu’il devient difficile de mettre des mots sur ce qui est en train de se jouer.
Enfin, la dernière scène est tout à fait confondante et la dernière image est absolument glaçante. L’histoire se clôt sur un geste, que Ned Wenlock laisse en suspens. Un arrêt sur image choquant. Et pourtant, c’est la fin de l’histoire.
Un premier album réussi. Il est sorti fin mars au Québec et il est depuis cet automne disponible dans toutes les librairies françaises.
282 pages - 27 €
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