Le 14 novembre 2007
Politique et cinéma font vraiment mauvais ménage en France. Les grèves redémarrent et les professionnels du cinéma s’apprêtent à payer un lourd tribut aux dernières décisions politiques du chef de l’Etat.
Politique et cinéma font vraiment mauvais ménage en France. Les grèves redémarrent et les professionnels du cinéma s’apprêtent à payer un lourd tribut aux dernières décisions politiques du chef de l’Etat.
Météo maussade, temps froid, paralysie des transports sur Paris, grèves multiples, pied cassé... Ce mercredi n’a vraiment rien d’engageant, ni même de très inspirant pour un édito. L’envie de glisser sur le terrain politique est tentant, mais est-ce vraiment le lieu et le moment ? Un peu quand même.
M. Sarkozy nous sert la politique qu’il avait annoncée durant toute sa campagne, à sa manière, unilatérale et catégorique. A priori, pas de quoi décevoir les électeurs qui auraient dû déceler ses intentions plus tôt, surtout vu l’insistance de certains médias à vouloir démolir les ambitions narcissiques de l’actuel président. Et pourtant la grogne et le malaise social sont là. Palpables au gré du vent. Dans la rue, les bureaux, les transports en commun et évidemment dans la fonction publique. Un ressenti de pessimisme ambiant et de dépression collective. La France déchante. Un allégement des impôts pour les contribuables aux revenus les plus élevés (le fameux « paquet fiscal ») par-ci, une augmentation du salaire du chef de l’état de 140% par-là (alors que son premier ministre parle de banqueroute en faisant l’audit du pays). Voilà qui est troublant. Déstabilisant. Décevant.
En tout cas, l’immobilisme engendré par le mécontentement de certaines catégories de travailleurs va avoir de graves répercussions sur les sorties de la semaine, certaines étant sacrifiées sur l’autel de la résistance. Si American gangster, déjà fort d’un impressionnant score américain, pourra se rattraper, on imagine mal des œuvres intimistes comme Les fourmis rouges ou Voleurs de chevaux embraser le public dès le jour de leur sortie, journée pourtant capitale quant à leur avenir. Armé de son Pariscope, le spectateur parisien (c’est surtout lui qui a la possibilité de voir ces productions d’art et essai en exclusivité) ne va pas braver les grèves et se risquer à la cohue dans le métro pour des films qu’il connaît si mal et qui disparaîtront si vite de leur esprit. Une fois ratés, ces longs dont la durée de vie est si brève, ne pourront pas compter sur une deuxième carrière en DVD ou à la télévision, qui les boudera pour des raisons commerciales. Canal + en premier, vu la nouvelle politique de diffusion de la chaîne. Et quand on sait que Nicolas Sarkozy veut « relancer la démocratisation culturelle, en veillant à ce que les aides publiques à la création française favorisent une offre répondant aux attentes du public », c’est tout un pan de la cinématographie française qui tremble. Le souci de rentabilité s’immisce encore davantage dans l’art et les préoccupations des politiques, s’érigeant contre le talent et la liberté d’expression des artistes. C’est ainsi tout le discours de l’entreprise qui pénètre une fois de plus la culture, après s’être déjà insidieusement infiltré dans l’éducation. Sournoisement et démagogiquement. De quoi sustenter de nouvelles grèves dans les mois à venir.
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