Le 12 septembre 2025
- Réalisateur : Frank Borzage
- Plus d'informations : https://www.fondation-jeromeseydoux...
La Fondation Pathé rend hommage au cinéaste américain Frank Borzage du 3 septembre au 7 octobre 2025. LE cinéaste de l’amour insurrectionnel, celui qui sublime le réel accablant, à travers des films vibrants de délicatesse.
News : Depuis le 3 septembre, et ce jusqu’au 7 octobre 2025, la Fondation Pathé à Paris rend hommage au cinéaste américain Frank Borzage et c’est une excellente nouvelle en ces temps plus que difficiles.
Immensément connu et célébré durant le cinéma muet, et ce jusque dans l’entre deux guerres, il est tombé dans l’oubli. Il faudra attendre les années 90 pour qu’il soit redécouvert à travers des hommages, des publications, et notamment une rétrospective intégrale à la Cinémathèque française au printemps 1993. Cet hommage est donc une occasion unique de découvrir LE cinéaste de l’amour insurrectionnel, celui qui sublime le réel accablant, à travers des films vibrants de délicatesse.
La rétrospective propose une vingtaine de films muets réalisés entre 1916 et 1929, quelques longs métrages pour lesquels il a été acteur et une poignée de ses films sonores (Bad Girl, 1931, Secrets, Man’s Castle, 1933, The Mortal Storm, 1940), dont plusieurs restaurations menées par le MoMA, la Cineteca di Bologna, la Library of Congress et la Film Foundation.
À noter une séance exceptionnelle, le vendredi 19 septembre en présence de l’historienne du cinéma Janet Bergstrom qui présentera son documentaire sur les parcours croisés de Murnau et Borzage à la Fox, de Sunrise à Lucky Star.
Les séances sont accompagnées par les pianistes issus de la classe d’improvisation de Jean-François Zygel (CNSMDP).
Naître en même temps que le cinématographe

- L’heure suprême (1927) avec Janet Gaynor et Charles Farrell
- © Fondation Jérôme Seydoux / Pathé
Au moment où le cinématographe est à ses balbutiements naît le 23 avril 1894 à Salt Lake City, dans l’Utah, Frank Borzage. Il grandit dans une famille prolétaire de condition modeste, d’origine italienne et suisse alémanique. Son père, Lewis, était maçon. Après de brèves études à Ashton et Forest Dale School, le jeune Frank alors âgé d’à peine treize ans sait déjà qu’il veut être comédien. Pour payer un cours d’art dramatique par correspondance, il travaille dans une mine d’argent. Puis il se fait engager comme accessoiriste et garçon de courses dans une petite compagnie théâtrale qui parcourt le pays. C’est là qu’il débute comme comédien : il interprètera jusqu’à cinq rôles dans Hamlet. En 1912, Frank Borzage arrive à Hollywood. Il a 19 ans, une petite expérience et une gigantesque ambition. Il est engagé par la compagnie American Mutual, à cinq dollars par jour, pour servir d’accessoiriste et jouer, parfois, de petits rôles dans les films réalisés et interprétés par Wallace Reid, un des jeunes premiers les plus prestigieux de l’époque. Parallèlement, il travaille pour les compagnies Bison 101, Bison Universal et Kay Bee.
Thomas Ince le dirige dans nombre de films, inspirés de l’épopée de la conquête de l’Ouest ou de la guerre de Sécession, et qu’il réalise entre 1913 et 1916. En 1916, Borzage devient réalisateur avec un salaire annuel de 75 000 dollars. Il tourne jusqu’à quinze films la même année, se dirigeant lui-même aux côtés de vedettes de l’époque telles que Anna Little, Pauline Starke, Gloria Swanson. À partir de 1918, il renonce à l’interprétation et se consacre uniquement à la mise en scène. Humoresque (1920) est son premier grand succès artistique. Il est vu par le cinéaste soviétique Sergueï Eisenstein qui proclame Borzage grand cinéaste comme Charles Chaplin et David W. Griffith. Son film est un immense succès public. Frank Borzage signe deux petits contrats avec la Cosmopolitan de William Randolph Hearst, puis la First National. Il est ensuite sous contrat avec la toute jeune MGM pour deux films mineurs, Daddy’s Gone A-hunting et The Circle, adapté d’une pièce de Somerset Maugham.
Mais il faudra attendre son entrée à la Fox en 1925, où il côtoie les réalisateurs Raoul Walsh, John Ford, Friedrich Murnau, Allan Dwan et le jeune Howard Hawks, pour qu’il s’impose comme l’un des plus grands cinéastes de son époque. Son film le plus célèbre de la période muette est L’Heure suprême (Seventh Heaven, 1927) avec ses acteurs fétiches, Janet Gaynor et Charles Farrell. Lors de la toute première cérémonie des Oscars, il recevra pour ce film, devenu un grand classique du cinéma, l’Oscar du meilleur scénario. En 1929, l’année où il réalise son premier film parlant, They Had to See Paris, Frank Borzage est un des cinéastes les plus cotés d’Hollywood. En 1931, Borzage remporte son deuxième Oscar de la mise en scène avec Bad Girl.
Le passage au parlant ne le freine pas dans la créativité, avec toujours un attachement viscéral à dépeindre la condition des femmes et des hommes de condition modeste. En 1940, il entre alors à la MGM, et tombe peu à peu dans l’oubli. Ses films de commande, même s’ils gardent sa touche personnelle, sont moins importants ; en outre son genre de prédilection, le mélodrame, n’est plus à la mode. Borzage aborde d’autres genres, dont la comédie pour le film Désir, avec le soutien du maître du genre, Ernst Lubitsch ; en 1941 il réalise son premier film en couleur (Chagrins d’amour), puis en 1945 son premier film de pirates, genre très en vogue (notamment avec les longs métrages de Michael Curtiz ou Victor Fleming) : ce sera Pavillon noir. À partir de 1946, il poursuit sa carrière à la Republic, un studio spécialisé dans les séries B.
Il disparaît en 1962, quasiment oublié par le monde du cinéma. Peu de mois avant sa mort, le 19 juin 1962, la Directors Guild of America lui décerna le Prix David Wark Griffith "pour son extraordinaire contribution à la mise en scène cinématographique".
Un cœur ardent

- Ceux de la zone (1933) avec Loretta Young et Spencer Tracy
- © Fondation Jérôme Seydoux / Pathé
Cinéaste du romantisme absolu, auteur d’une centaine de films, Frank Borzage demeure l’un des réalisateurs les plus importants de l’âge d’or d’Hollywood, au même titre que Howard Hawks, John Ford, Charles Chaplin ou Raoul Walsh. Au plus près des humbles et des déshérités, Frank Borzage peut être considéré comme le maître du mélodrame, où la vulnérabilité humaine flamboie. À partir de L’heure suprême (1927), le cinéaste va réaliser de grandes œuvres toutes traversées par la transfiguration du réel, que ce soit La Femme au corbeau, L’Adieu aux armes avec le jeune Gary Cooper), Secrets, Ceux de la zone, Trois camarades, La Tempête qui tue ; tous ces films mettent en lumière l’exaltation de l’amour fou, le réel est transfiguré par une instance insurrectionnelle, qui défie la faim, la misère, la guerre et même la mort. Il a su incarner à l’écran toute la palette des émotions humaines, au plus près de ses personnages, dans une subtile économie de moyens, dosant avec art l’expressionnisme et le naturalisme poétique.
Ses personnages tentent de survivre, au cœur d’une société en crise : pauvreté, chômage endémique, violence domestique, guerre. Ce qui sublime et sauve ces héros du quotidien, c’est l’amour, puissance d’émancipation dans un monde saturé de violence systémique. Rarement cinéaste aura su filmer le sentiment de l’amour comme source d’inspiration quasi spirituelle, dans une rare combinaison d’érotisme et d’expressivité. L’émotion qui se dégage de ses films relève du sublime, de ce mysticisme propre au cinéma, par la grâce d’un visage, d’une main, d’un regard. Qu’est-ce qu’aimer si ce n’est chérir absolument celle ou celui qui ne demande rien et exige tout de vous en même temps, sans jamais l’exprimer ?
Ce que nous offre le cinéma de Frank Borzage, c’est l’expérience intime d’un retour sur soi, sur ce que nous avons su donner, et tout ce qui nous reste encore à donner. Il nous est encore plus qu’essentiel de redécouvrir ce véritable peintre de l’amour à l’écran, en cette période où les vociférations du monde libéral assassine ce cœur qui ne peut que nous rassembler.
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins, Paris 13e
Galerie Photos
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