Le 26 août 2025
- Réalisateur : Sonja Prosenc
- Distributeur : Tajine Studio
– Sortie en salles le 27 août 2025
La cinéaste slovène, était de passage à Paris, pour présenter son dernier film, Family Therapy qui sort sur les écrans français le mercredi 27 août. Elle a accepté de répondre à nos questions.
Sonja Prosenc est une cinéaste slovène, née en 1977, qui avec Family Therapy réalise son troisième long métrage. Ses fictions socialement décalées, non dénuées d’humour, relèvent d’un univers que l’on peut comparer, toutes proportions gardées, à celui du Grec Yórgos Lánthimos ou à celui du Sud-Coréen Bong Joon-ho. Particulièrement pour ce film, la maison récalcitrante peut faire penser à celle de Mon oncle de Jacques Tati.
AVoir-ALire :Pouvez vous nous présenter votre parcours de cinéma, peu connu en France ?
Sonja Prosenc : Family Therapy est mon troisième long métrage de fiction. Au départ, j’étais plus intéressée par le documentaire, mais plutôt que de me cantonner dans ce genre, j’ai préféré bifurquer vers une voie artistique différente, en espérant toucher et influencer un public plus large. J’ai commencé par une école de cinéma, mais finalement, j’ai pensé que le travail de terrain serait plus efficace pour moi . J’ai eu la bonne surprise de constater que ma première fiction a été un succès. Et finalement, chacun de mes films a représenté la Slovénie aux Oscars. Ils ont donc pu mieux rayonner dans mon propre pays, ce qui a rendu les choses plus faciles pour moi de film en film.
AVoir-ALire : vous êtes la scénariste de votre propre film. Comment vous est venue l’idée de cette famille originale ?
Sonja Prosenc : Le point de départ est un souvenir d’enfance : la voiture de mes parents a pris feu sur l’autoroute quand j’avais cinq ou six ans. Les passagers des autres véhicules n’ont fait que passer, en regardant sans s’arrêter. Cette indifférence me fait penser à la problématique des différences de classe dans mon pays et à son manque global d’empathie. Ce souvenir m’est revenu souvent, parfois jusqu’à l’obsession : tous ces gens qui nous regardaient comme ça, comme si nous faisions partie d’un safari. Je l’ai vraiment vécu comme cela. Le manque d’empathie : qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ? L’idée était de se questionner sur nos prises de décision, tiraillés entre nos valeurs et nos actions. Chacun est dans sa bulle, comme le seront les personnages à l’intérieur de la maison. On vit dans un monde individualiste qui nous isole de plus en plus les uns des autres.
AVoir-ALire : Vous êtes-vous inspirée de personnages réels ou tout n’est-il que pure invention ?
Sonja Prosenc : Ce fut un processus créatif basé sur l’intuition qui m’a amenée à définir ces personnages. L’idée était de partir, non pas vraiment de caractères, mais de symptômes, de symboles de tout ce qui ne va pas dans notre société contemporaine. Il s’agissait ensuite de les creuser pour découvrir qui ils sont, et donc de leur donner une vie.
Le personnage du père, gérant d’une chaîne d’hôtels qui vient à l’écriture car il a besoin de se donner une légitimité artistique, est lui vraiment inspiré du parcours d’une personne que je connais.
AVoir-ALire : Quelques mots sur vos influences ?
Sonja Prosenc : Je ne pourrais pas le dire Il n’y a rien de conscient dans ma démarche, si ce n’est de rester dans la satire sociale. Mon idée motrice n’est pas d’illustrer visuellement un récit écrit, mais d’aller chercher les ruptures de ton, les ruptures de forme, qui vont créer l’émotion chez le spectateur. Une émotion introuvable avec un autre support qu’un film. L’idée n’est pas d’apporter des réponses toutes faites, mais de laisser les spectateurs avec des questions et un cheminement de pensées personnel, plutôt que de lui servir des choses toutes faites.
AVoir-ALire : Vous étiez présente au Festival À l’Est en mars 2025. Avez-vous été sélectionnée pour d’autres festivals ?
Sonja Prosenc : En 2024, le film a d’abord été présenté en première mondiale à New-York, au Festival de Tribeca. La première européenne a eu lieu au Festival de Sarajevo où il était en compétition. Grâce à Tribeca, le film a été retenu dans la liste des recommandations de l’année par le New-York Times. Cela a beaucoup aidé à sa diffusion, en plus de m’honorer personnellement.
AVoir-ALire : Pouvez vous nous parler de vos projets ?
Sonja Prosenc : Je suis en train d’écrire une nouvelle fiction, qui est déjà bien avancée au niveau développement. Le projet sera une coproduction européenne : le financement slovène est d’ores et déjà acquis. C’est un thriller qui mettra en scène des femmes de différents âges qui ne se connaissent pas, mais vont finir par se croiser. Son titre devrait être Borderland.
Remerciements : Paul Chaveroux de l’agence N66 et Simon P.R. Bewick, distributeur du film (Tajine Studio), qui a accepté d’être l’interprète pour cet interview.

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