Le 3 septembre 2025
- Scénariste : Joël Alessandra>
- Dessinateur : Joël Alessandra
- Genre : Aventure, Biographie, Voyage, Poésie
- Editeur : DANIEL MAGHEN
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 28 août 2025
Porté par un rêve qu’il a fait dans l’ancienne maison de Rimbaud, Joël Alessandra place ses pas derrière « l’homme aux semelles de vent », la recherche d’un hypothétique dernier poème qu’il aurait rédigé lors de ses dernières années passées dans la corne de l’Afrique.
Résumé : Joël Alessandra expose ses aquarelles et dessins réalisés lors de ses voyages en Afrique de l’est au sein du musée consacré au poète Arthur Rimbaud, à Charleville-Mézières. Le responsable du musée lui offre un exemplaire des Lettres du Harar, qui comprend la correspondance de Rimbaud durant ses années passées en Afrique, et notamment en Éthiopie, où il a œuvré comme marchand et trafiquant d’armes, avant de mourir à Marseille à 37 ans. Marqué par une rupture douloureuse, Joël Alessandra se met en quête du « poème à Mariam », cette femme éthiopienne avec laquelle Rimbaud a vécu plusieurs années à Harar. Ce voyage, qui a le goût de l’aventure, entraîne le dessinateur dans les pas du pète, depuis le Djeddah, en Arabie Saoudite, jusqu’en Éthiopie, en passant par Djibouti. Là-bas, Joël Alessandra est confronté à la mémoire du poète, restée vivace à Harar où un musée lui est consacré, et fait lui-même une rencontre bouleversante…
Critique : Étoile filante de la poésie française à l’incontestable génie, Arthur Rimbaud a fasciné ses contemporains puis les générations successives d’amateurs des lettres. La décision brutale d’arrêter la poésie à seulement 19 ans, puis sa vie faite de voyages et d’errances, ont contribué à cristalliser le mythe autour du poète. C’est ce mythe qu’explore Joël Alessandra, qui a beaucoup voyagé dans l’est de l’Afrique et en a tiré plusieurs albums (Fikrie, sur son rôle au sein du Centre culturel français de Djibouti, Ennedi, la beauté du monde sur son voyage au Tchad, Errance en mer Rouge etc.). Cette attirance pour la figure du voyageur se traduit également dans Les voyages d’Ibn Battuta, intellectuel et grand explorateur.

- © Joël Alessandra / Daniel Maghen
- Joël Alessandra traverse la mer Rouge sur une boutre, sur le même type de navire qu’a pris Arthur Rimbaud à la fin du XIXe siècle
Si Je est un autre s’inscrit dans la continuité de cette œuvre déjà riche, Joël Alessandra adopte une approche originale, entre l’enquête sur les dernières années de Rimbaud, le carnet de voyage autobiographique et l’hommage littéraire au poète. L’album reproduit plusieurs vers du poète et intègre dans les planches quelques photographies d’époque. En se plaçant dans les pas du poète, surnommé « l’homme aux semelles de vent », le dessinateur s’interroge sur ce qu’il reste de Rimbaud dans la corne de l’Afrique. Pour cela, il part à la recherche des lieux où a vécu le poète, interroge la population, se rend au musée Rimbaud de Harar et reproduit certaines expériences du poète qui a mis en pratique le « dérèglement de tous les sens ». L’album se teinte à quelques moments de mysticisme, le dessinateur ayant bien conscience de poursuivre une chimère.

- © Joël Alessandra / Daniel Maghen
- L’album revient à plusieurs reprises sur l’itinéraire du poète.
Cette enquête est tout autant une quête personnelle pour Joël Alessandra, qui trouve dans ce voyage une manière de fuir ses propres démons et sa solitude. S’engouffrer dans l’œuvre et les pas d’Arthur Rimbaud constitue pour le dessinateur une façon de donner une nouvelle impulsion à son existence. Bien que l’ambition de retrouver ce dernier poème – qui n’a probablement jamais existé – s’avère une chimère, Joël Alessandra va au bout de son idée et trouve au bout du voyage d’autres réponses que celles qu’il est venue chercher. Mais n’est-ce pas le but de toute exploration ?

- © Joël Alessandra / Daniel Maghen
Sur le plan graphique, Je est un autre nous gratifie de magnifiques aquarelles qui représentent la mer Rouge, les différents ports, les paysages éthiopiens et les rues de Harar. Difficile de ne pas être transporté par ces panels de couleurs et les atmosphères recrées avec – c’est le cas de le dire – beaucoup de poésie par le dessinateur. L’album comprend également des dessins croqués sur le vif et plein de vie, qui représentent des scènes de la vie quotidienne ou des bâtiments croisés lors du périple d’Alessandra. Quelques planches placées à différents moments du récit, et mises en couleur pour donner un effet sépia, reviennent sur l’itinéraire de Rimbaud. L’ensemble est harmonieux et fera voyager aussi bien les amateurs de Rimbaud que les bédéphiles amoureux de belles planches et de récits de voyage.
160 pages – 24 €
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Galerie photos
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