Le 2 novembre 2025
- Scénariste : Isabelle Bauthian>
- Dessinateur : Eva Rossetti
- Genre : Biographie, Historique
- Editeur : Steinkis
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 28 août 2025
Une enquête médicale viennoise qui fait écho au mythe grec de Cassandre, et à sa malédiction de n’être jamais crue par personne.
Résumé : Vienne, 1858. Un ancien élève du docteur Semmelweis, devenu médecin, est de retour à Vienne pour ses recherches. Il espère retrouver son ancien mentor et s’entretenir avec lui, comptant exposer son protocole révolutionnaire à Londres. Il apprend de la bouche d’un autre ancien professeur et collègue, le docteur Skoda, que Semmelweis ne travaille plus dans cette clinique. Depuis longtemps. Patiemment, Skoda lui déroule l’histoire, afin de lui faire comprendre pourquoi il échouera lui aussi. Vienne, 1844. L’étudiant en droit Semmelweis assiste aux cours du professeur Skoda, au départ par curiosité. Il se passionne pour la médecine obstétrique et pour un sujet en particulier : le taux, qu’il trouve terriblement élevé, et surtout très variable, de mortalité des accouchées et des nourrissons de la fièvre puerpérale. Un taux qui varie étonnamment au sein même de l’établissement dans lequel il officie, entre le service investi principalement par les infirmières et celui « plus mortel » géré majoritairement par les étudiants en médecine. Un taux que ses pairs, entêtés et conservateurs, regardent comme une fatalité. Le médecin se heurte particulièrement à l’éminent professeur Klein, directeur de la clinique et du centre de recherches associé, qui voit dans ces recherches une remise en question de ses compétences et de son autorité. Peu à peu, dans le dos de Klein et sous la bienveillance de Skoda et de très rares autres, Semmelweis tisse un lien entre les dissections sur cadavres, effectuées par les étudiants en médecine, et la mortalité lors des accouchements, assistés dans la foulée par ces mêmes étudiants. Au fil des tâtonnements, des tentatives, des protocoles et des échecs, face à l’hostilité de ses pairs, il va poser les bases des protocoles hygiénistes de la médecine moderne, les fondements de l’asepsie et de la théorie microbienne, et découvrir pour la première fois le lien entre infections et fièvre puerpérale. Moqué par ses pairs, déjà pour son accent hongrois, mais aussi parce qu’il refuse de se plier aux règles du métier, c’est à dire de publier dans les revues scientifiques, de se montrer aux séminaires… il est honni par ses collègues conservateurs. Abandonné de tous, il sombre peu à peu dans la folie. Et mourra le 13 août 1865, à quarante-sept ans, de l’infection même qu’il avait combattue, en ignorant l’influence colossale que ses travaux auront sur la baisse du taux de mortalité en couches, et sur la médecine moderne en général. En effet, 30 ans après sa mort, les avancées de la théorie microbienne venaient à bout des réserves de la médecine conservatrice. Trente années durant lesquelles, en moyenne, 10 % des accouchées succombèrent à une infection évitable. Cassandre avait raison.
Critique :La BD se lit à la manière d’une enquête de l’intérieur, nous permettant de découvrir une figure et un sujet méconnus de l’histoire de la médecine. Si la dernière partie, après l’éviction de Semmelweis et sa plongée dans la folie, traîne un peu en longueur, rouvrir une page d’histoire est toujours plaisant. C’est d’ailleurs le but avoué de la bande dessinée, dont les dernières pages sont consacrées aux suites des recherches portant sur la théorie microbienne : le docteur John Snow et le choléra à Londres, Pasteur en France, dont la postérité éclipse malheureusement celle de Semmelweis, mais dont le travail est l’aboutissement de celui de son prédécesseur. Les recherches sont sourcées, les principaux médecins mentionnés ont leur notice biographique à la fin de l’ouvrage. Et pour cause, Isabelle Bauthian est biologiste de formation, et son œuvre littéraire est parsemée d’enjeux sociétaux. Eva Rossetti est habituée des biopics (Salinger, Gertrude Stein) traduits dans plusieurs langues, et a déjà illustré Generazione interrotta qui rendait compte de l’impact de la pandémie de Covid19 sur la santé mentale des jeunes générations italiennes.
Visuellement, un découpage classique et régulier, qui s’affole un peu en même temps que Semmelweis. Un style griffonné, qui demande un certain temps d’adaptation pour discerner les différents personnages, ce qui rend la lecture au départ laborieuse, mais un style très expressif, associé à une polychromie qui l’accentue et qui sert le récit.
128 pages – 22,50 €
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Galerie photos
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