Le 27 avril 2025


- Scénariste : Mikael Corre>
- Dessinateur : Julien Bouqé
- Genre : Document, Chronique sociale, Reportage
- Editeur : BAYARD
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 16 janvier 2025
Pour comprendre le fonctionnement et les difficultés de la police, le journaliste Mikael Corre a réalisé une immersion d’un an dans le commissariat de Roubaix.
Résumé : Journaliste à La Croix, Mikael Corre s’interroge : {« Toutes ces manifestations. Ces violences, policières ou contre les policiers. C’est à donner le tournis. En tant que journaliste, je me suis parfois senti un peu perdu, comme on peut l’être devant un tableau. Où regarder ? Comment comprendre ce geste ? Ce détail ? Cet arrière-plan ? »}. Désireux d’offrir au lecteur des éléments de contexte, il réalise un reportage d’un an au commissariat de Roubaix, afin de comprendre le quotidien des policiers. Comment se déroule une garde à vue ? Comment la police traite-t-elle des violences conjugales ? Quelle est la place du travail administratif dans le quotidien des forces de l’ordre ? Autant de questions qui sont abordées par cette adaptation en bande dessinée du reportage du journaliste.
Critique : Comme le rappelle bien Mikael Corre au début de l’album, la police constitue un sujet de discorde en politique, les uns accusant les forces de l’ordre de violence systémiques, les autres regrettant au contraire la violence qu’elles subissent. « Fatigué des discours sur la police qu’on devait avoir, je voulais raconter la police que l’on a » affirme Mikael Corre (p.7). L’album se construit pour ce faire autour de chapitres thématiques : « Violences conjugales » aborde les difficultés pour les forces de l’ordre de traiter de ce sujet, même avec de la bonne volonté, « Le coup est parti » évoque un coup de feu lors d’une altercation lors du transfert d’un détenu et ses conséquences, « La geole » s’arrête sur la garde à vue et les tensions que cela suscite, « Le contrôle au faciès » aborde intelligemment cette question lancinante en donnant des éléments d’explications, etc. Cette structuration de l’album autour de lieux et de moments clés s’avère efficace pour saisir les difficultés de tous ordres de la police : manque structurel de moyens, ordres hiérarchiques incohérents – avec un ministère qui demande avant tout de faire du chiffre pour pouvoir faire de la communication –, multiplication des tâches administratives, manque de formation juridique des policiers (qui peut coûter cher, comme le montre bien un chapitre du récit)…
- Mikael Corre, Bouqé / Bayard Graphic
S’il n’édulcore pas les difficultés des policiers, et montre certaines erreurs constatées par ceux-ci durant son immersion, Mikael Corre ne donne pas du « prêt à penser » et présente les faits de la façon la plus objective possible. S’il présente plusieurs scènes d’action et peut se lire comme un polar, Anatomie d’un commissariat constitue d’abord un documentaire. Il transparaît tout de même du récit une réalité inquiétante : la fatigue des policiers, voire la détresse psychologique de certains d’entre eux, en première ligne face à la violence de la société et finalement peu épaulés par leur hiérarchie.
Le dessin stylisé de Bouqé joue sur le contraste du noir et du blanc, sans nuances de gris, et s’adapte bien à la contrainte du documentaire : certaines métaphores sont bien senties, comme les poupées russes pour décrire le fonctionnement hiérarchique. Porté par ce dessin efficace, l’album évite les narratifs trop longs et fluidifie la lecture.
Fruit d’un travail journalistique de qualité, Anatomie d’un commissariat est un récit documentaire bien construit à mettre entre les mains de celles et ceux qui s’intéressent au fonctionnement de la police, qui a vocation à nourrir le débat sur cette institution sensible.
- Mikael Corre, Bouqé / Bayard Graphic
146 pages – 23 €
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