Le 4 juillet 2025


- Scénariste : Naomi Reboul>
- Dessinateur : Naomi Reboul
- Genre : Deuil, Amitié, Road trip, Psychologie, Australie
- Editeur : La Boîte à bulles
- Famille : Roman graphique
- Date de sortie : 14 mai 2025
Un road trip dans les vastes plaines australiennes, un être solitaire et l’autre solaire, une exploration des blessures intimes.
Résumé : Lukas a pris la route pour un voyage d’études. Seul dans son combi, il enchaîne les kilomètres, s’arrêtant régulièrement pour photographier des cadavres. Un soir sur une plage, il observe et photographie un inconnu. Le lendemain, les deux jeunes hommes se retrouvent à une station-service. Paul, le garçon de la plage, a besoin de se rendre à Adélaïde, Lukas lui propose de faire un bout de chemin ensemble. Les kilomètres défilent. Paul et Lukas apprennent à se connaître. En plein cœur du désert australien, là où tout est ouvert, les portes closes de leurs cœurs et souvenirs s’entrouvrent, douloureusement. Un récit introspectif et mélancolique.
Critique : Dans ce roman graphique, Naomi Reboul explore une nouvelle fois les failles humaines. Elle signe avec lui, son troisième roman graphique en solo. Il parait après Iris deux fois, une bande dessinée conçue avec sa sœur Anne-Laure Reboul au scénario.
L’album débute par une scène dans un jardin, où deux frères, Lukas et Romain, jouent ensemble. Le premier a déjà dans les mains un appareil photo, le second s’amuse à prendre la pause… Mais un drame se produit. Lukas perd son frère. Blessure indélébile. L’image du cadavre ne cessera de poursuivre Lukas.
- Huis clos - p.23
- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Naomi Reboul, Éditions La Boîte à bulles
Après ce prologue en flash-back, nous retrouvons Lukas bien des années plus tard. Le voila devenu étudiant, appareil photographique à la main, il sillonne les routes australiennes pour son travail de fin d’études. Les années ont passé, il demeure un être en souffrance. Un mal-être qu’il essaie de dompter, mais qui lui colle à la peau. Solitaire et taiseux, il rencontre Paul, un individu amène dont la vie parait simple et heureuse. Pourtant… Rien n’est évident ni pour l’un, ni pour l’autre. La monotonie rassurante de la vie de Lukas contraste avec la vie foutraque de Paul. Si l’un semble se retirer du monde, attiré par la mort, l’autre paraît célébrer la vie en s’enivrant et en ne se souciant guère du lendemain. Mais chacun d’eux a des blessures. En huis clos, dans la vastitude du désert australien, ils vont faire l’expérience de l’égarement. Perdus, ils se dévoilent. Leurs repères s’effritent.
- Huis clos - p.65
- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Naomi Reboul, Éditions La Boîte à bulles
Le style narratif choisi est suggestif. Les dialogues sont minimes : au lecteur de se laisser saisir ou non par ce que traversent ces personnages au cœur du désert. L’autrice choisit de creuser la psychologie de ses personnages, elle parvient très bien à retranscrire leur grande sensibilité, mais de leur histoire on ne sait peu de choses. Que va-t-il advenir de cette expérience partagée pour chacun d’eux ? Naomi Reboul, embarque le lecteur sur la route et le laisse au même endroit…. Rien n’est acquis, tout peut advenir, l’essentiel n’est pas dans ce que cette rencontre va changer dans la vie de ces deux personnages, mais la façon dont ils vont la vivre et comment elle vient les bouleverser dans leur cheminement personnel.
- Huis clos - p.130
- Tous droits de reproduction réservés © 2025, Naomi Reboul, Éditions La Boîte à bulles
D’un point de vue graphique, la mise en page alterne entre des plans d’ensemble donnant à voir les paysages secs et chauds de l’outback australien et des focus très rapprochés sur les visages souvent énigmatiques des personnages. Les couleurs sont en demi-teinte, rien n’est éclatant et il y a beaucoup de pénombre. Le trait est lui aussi fragile, irrégulier. Tout semble tremblant et chaque instant suspendu. La lecture peut en devenir contemplative.
Avec Huis Clos, Naomi Reboul aborde avec délicatesse, le sujet du mal être et les difficultés à s’en défaire. Cette bande dessinée offre un récit intimiste, où la psychologie n’est ni dévoyée, ni réduite à une simple quête de bonheur personnel.
256 pages – 29 €
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